Overblog
Edit post Follow this blog Administration + Create my blog

le 20 juin, 2023, Auvergne… l’été est arrivé…

Jean 3 : 18-21

 

Celui qui croit en Lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu

 Et ce jugement c'est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises.

 Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées;

mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu'elles sont faites en Dieu.


 

* * *


 

On passe maintenant du non-jugement, d’un Dieu qui en Jésus-Christ vient sauver mais non pas juger, à une parole plus dure et plus difficile à comprendre, celle du jugement.

Celui qui croit en Lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu

Jésus donc instruit Nicodème, un membre du Sanhédrin qui fait partie des hautes autorités juives de l’époque sur le jugement, cependant, au lieu de prononcer un jugement sur la base des manquements à la Loi donnée à Moïse, comme il est courant dans la tradition prophétique, le jugement se centre sur la question de qui est Jésus. Et si on continue à penser que Jésus parle de lui-même à la troisième personne, il ne se donne pas seulement le titre de fils de l’homme, mais de fils de Dieu, et qui plus est de « fils unique de Dieu ». Pourtant, pas de réaction ni d’interruption de la part de Nicodème…

Jésus continue en expliquant

Et ce jugement c'est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.

On n’a pas d’explication sur les titres que Jésus s’est donné, mais sur les raisons de ce jugement et là il reprend la terminologie du prologue de l’évangile, ( discours théologique s’il en est un) du motif de la lumière et des ténèbres pour parler de lui et de la réaction de ceux qui le rejettent. Mais il peut être intéressant de noter qu’il ne dit pas que le rejet vient « des siens » soit d’un groupe particulier, cette fois est utilisé un terme général qui désigne l’être humain. Cependant, étant donné la situation contextuelle, il s’adresse bien aux personnes qui sont présentes autour de lui …

L’autre aspect intéressant, est que le jugement n’est pas présenté comme un décret divin, externe à la personne, mais qu’ il est intrinsèque « ils ont préféré » suppose un choix, une décision consciente. Ce n’est pas Dieu qui les condamne, ce sont eux qui le font.

 

Jésus continue à développer son argumentation

Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées;

Il affirme une réalité qui apparaît comme une évidence : le fait que quand on fait le mal, on ne veut pas que ce soit révélé, on le fait dans le secret : une réalité dont on est tous conscients, c’est pour cela que l’on impose le silence à ceux qui pourraient dévoiler nos agissements pervers ou corrompus. On ne peut penser qu’à tous ces cas de pédophilie dans l’église mais aussi ailleurs...Me viennent à l’esprit deux ouvrages assez récents en français, la familia  grande de Caroline Kouchner et Le Bouddhisme : la loi du silence de Elodie Emery et Wandrille Lanos ... Je ne parle même pas de tous les actes de tortures et de corruption...que les lançeurs d’alerte dénoncent et dont ils paient les lourdes conséquences par la prison et la mort par assassinat.

mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu'elles sont faites en Dieu.

Et ce discours de Jésus termine avec une note positive décrivant ceux qui n’ont pas peur de la vérité car ils ne pratiquent pas le mal, mais c’est quand même une fin un peu abrupte où Nicodème disparaît totalement et le récit de cette rencontre passe au deuxième plan : elle est prétexte pour que Jésus expose des idées qui ont une portée universelle et qui encore aujourd’hui nous laissent pour plus d’un motif le souffle coupé avec aussi beaucoup d’interrogations.

* * *

Ce que je retiens

Après cette révélation extraordinaire de l’amour de Dieu pour l’être humain et de la mission de salut de Jésus, je suis frappée que le jugement sur les personnes qui « ne croient pas au nom du Fils Unique de Dieu » ne soit pas un jugement externe, un acte de Dieu, mais vienne d’eux-mêmes. Jésus, en tant que lumière joue le rôle de révélateur de ce qu’il y a de caché dans l’être humain, caché finalement volontairement car on sait dans notre for intérieur qu’il y a une zone d’ombre qui s’y blottit… On a peur du regard de vérité qui pourrait être posé dessus.

Les réseaux sociaux en sont une illustration parfaite : on se permet de tenir des propos haineux qui reflètent notre part d’ombre car on est caché derrière un pseudo… et on se permet de regarder des sites pornographiques car on croit pouvoir en effacer les traces (ce qui d’ailleurs n’est pas possible). Résultats : ces escrocs qui pullulent sur le Net et menacent d’exposer « vos fréquentations secrètes » à vos proches si vous ne les payez pas...

D’autre part une des raisons du succès des fakenews et sites complotistes vient du fait que l’on préfère croire le pire sur nos ennemis imaginaires que le réel, car il nourrit en nous un appétit insatiable de se scandaliser du mal fait par autrui surtout si cet autrui ne nous ressemble pas. Du même coup il nous permet de nous aveugler sur le mal qui existe en nous et nous rassure sur notre appartenance par contraste à la catégorie de « gens bien et sensés »

Cependant, il y a une phrase sur laquelle je m’interroge : comment appliquer ou comprendre aujourd’hui cette déclaration de Jésus : « celui qui ne croit pas en moi … est déjà jugé » ? Surtout que certains commentaires ont permis à des prédicateurs zélés de vouer aux feux de l’enfer toute une partie de l’humanité…comme si c’était nous qui décidions...

On comprend que face au Jésus qui existait en chair et en os, il y a deux mille ans, le refus ou l’acceptation de ce qu’il disait et faisait était révélateur de ce qu’ils avaient dans le cœur...ça c’est compréhensible, mais deux mille ans après, maintenant que Jésus n’est plus présent en chair et en os, comment savoir qui le rejetterait et qui l’accepterai : bien malin celui qui pourrait répondre à la question…

(Je me suis à un moment donné posée moi-même la question : aurais- je fait partie des disciples qui suivaient Jésus si j’avais vécu à l’époque...je ne me la pose plus car je me rends compte à quel point la question est ridicule, car je ne serais pas qui je suis aujourd’hui… avec mon idiosyncrasie du 21ème siècle ... je ne penserai ni parlerai en français, entre autre, comment imaginer un moi qui ne sois pas moi ? On se crée ce genre de fantasme quand on essaie d’imaginer que pendant les époques de génocides, on aurait été des héros plutôt que des salauds … on aurait sauvé des juifs plutôt que de les livrer... on peut toujours rêver...les choix ne se font que dans le présent)


Mais la question reste entière de qui rejette Jésus aujourd’hui, car n’est-ce pas à travers des chrétiens qu’ils ont une chance de le connaître? Cette fameuse église, bourrée de scandales et d’hypocrisie où l’on ne sait plus où donner de la tête ? Et que rejettent les gens, le Jésus de ceux qui disent en être les représentants y en donnent une image tellement déformée qu’elle empêche de voir celle présentée dans l’évangile de Jean ? Comment peut-on être confronté à Jésus aujourd’hui comme l’ont été les juifs de son époque ?

Ce n’est pas évident du tout... à moins qu’on ne croie qu’il est ressuscité et donc encore vivant aujourd’hui . Comme toujours, avec ces déclarations rapportées par l’évangéliste Jean, on est obligé de faire le saut de la foi. Et pour ceux qui ne veulent pas le faire il y a cette citation un peu décapante de Pascal dont c’était c’était l’anniversaire des 400 ans de la naissance hier,

Il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir, et assez d'obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire.”

Et pour les autres qui croient, cette autre qui ne les permet pas de s’enorgueillir de leur choix :

« Pour celui qui croit, Jésus est toujours un mystère »

 

Tag(s) : #Etude de l'évangile de Jean
Share this post
Repost0
To be informed of the latest articles, subscribe: