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Témoignage et humilité

Le 28 octobre, 2023, Auvergne


 

La guerre continue à faire rage sur les terres du Christ : les gens tombent comme des mouches. Vieillards, femmes et enfants, travailleurs humanitaires, journalistes, personne n’est épargné... Évidemment les deux camps se rejettent la faute et des images d’horreurs envahissent les réseaux sociaux : corps mutilés, blessés défigurés par la douleur, pleurs et colères des familles et plus c’est horrible plus ça plaît … Ces images sont aussi violentes que celles décrites sous la plume des prophètes de l’ancien testament…

Évangile de Jean (suite) 

Mais nous voilà retournés en arrière , dans cette période relativement calme pendant laquelle Jésus a vécu, avant la guerre civile qui s’ensuivra quelques 50 années plus tard et qui facilitera la conquête de la Judée et la prise de Jérusalem … racontée par Flavius Josephus ( aujourd’hui on remet en cause certaines de ses affirmations car il travaillait pour le compte du pouvoir romain)… avec son récit horrifiant du siège de Jérusalem et de la famine qui y régnait où les mères en seraient arrivées à manger la chair de leurs enfants…

( La barbarie ne date pas d’aujourd’hui ni non plus l’horreur de la guerre et le siège de la bande de Gaza aujourd’hui, renvoie facilement à celui de Jérusalem, même si les victimes ont changé de camp...)

On retrouve donc Jésus, cet individu peu connu à l’époque avec sa bande de disciples, pas particulièrement reluisante, qui casse tous les moules et défie les conventions de la société de son époque en parlant avec une femme en public, samaritaine de surcroît, mariée à différentes reprises et qui vit avec un homme qui n’est pas son mari ( mais ça les disciples ne le savaient pas)

Jean 4 : 27, 31-40

À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »[ . . .]

Pendant ce temps, les disciples le pressaient de manger, disant : Rabbi, mange Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. »

Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »

Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.

Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant,

le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur.

Il est bien vrai, le dicton : “L’un sème, l’autre moissonne.”

Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »

Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.

Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui,

et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

Aussi quand les Samaritains vinrent le trouver , ils le prièrent de rester auprès d’eux. Et il resta là deux jours.

*  *  *

À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »

Quand je lis cela, je ne peux m’empêcher de comparer leur réaction avec celle de la Samaritaine qui a interpellé Jésus pour sa conduite. Eux ne disent rien...  : il y avait une injonction rabbinique selon laquelle un homme ne devait pas parler avec une femme dans la rue même si c’était son épouse …. à cause des soupçons que l’on pourrait porter sur lui. La réaction des disciples souligne bien la transgression de Jésus mais elle montre aussi qu’ils voyaient déjà en lui, un maître ou un prophète pour ne pas oser ou vouloir le remettre en cause.

Pendant ce temps, les disciples le pressaient de manger, disant : Rabbi, mange Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. »

Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »

Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.

On voit de nouveau la sollicitude des disciples auprès de Jésus et de leur préoccupation toute naturelle pour lui. Mais à leur question, comme il l’a fait avec la Samaritaine, quand il lui a demandé de l’eau et offert de l’eau vive , Jésus, sans transition, bascule dans le symbolique en disant qu’il avait déjà mangé, changeant de registre sans prévenir...

La réaction naturelle des disciples est de penser que quelqu’un lui avait donné à manger, mais Jésus explique que c’est un sens spirituel qu’il donne au mot nourriture : Justifie-t-il après coup sa conversation avec la Samaritaine, en disant que c’est la Volonté de Dieu qu’il soit entré en conversation avec elle et c’est ce qui l’a rassasié répondant à leur interrogation à son sujet? ( S’il le fait, il ne semble pas que les disciples l’aient compris ou aient fait quelque commentaire que se soit dans ce sens)

Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant,

le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur.

Il est bien vrai, le dicton : “L’un sème, l’autre moissonne.”

Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »

Une autre digression !

Jésus change de direction et maintenant utilise une autre image, celle de la moisson et on se demande où il veut en venir… ( comme toujours on peut penser que ces paroles aient été prononcées à un autre moment et dans d’autres circonstances mais ont trouvé leur place ici au moment de la rédaction du texte)

Il est possible que... comme la Samaritaine a cru en sa parole et est allée annoncer la nouvelle dans son village, la moisson dont il parle soit ces Samaritains qui étaient prêts à recevoir le message comme la suite du texte le montre… les disciples bénéficiant du travail que Jésus avait initié en rompant un tabou en parlant avec cette femme... Ou veut-il plutôt leur enseigner que tout travail de récolte que les disciples pourront faire dans l’avenir, ne sera jamais de leur fait pour qu’ils ne puissent s’en attribuer la gloire ? ( Ça a été peine perdu, semble-t-il!)

Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.

Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui,

et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »Aussi quand les Samaritains vinrent le trouver , ils le prièrent de rester auprès d’eux. Et il resta là deux jours.

L’épisode avec la Samaritaine et le séjour de Jésus en Samarie terminent avec cette déclaration étonnante du succès de Jésus auprès des samaritains ( contrairement d’avec les juifs)  : il n’en sera plus question dans le reste de l’évangile et cette fameuse Samaritaine disparaîtra du récit pour rester désignée pour la postérité par son appartenance religieuse et ethnique, sans nom propre, mais objet de nombreux tableaux...qui eux retiendront, son « immoralité » supposée et en feront une séductrice…


 

Ce que j’en retiens

Je suis frappée par cette rencontre car elle aborde toutes les questions d’identité, à savoir le genre, l’ethnicité et la religion qui sont des sujets brûlants d’actualité . Jésus en abordant cette femme et en entamant une discussion politico-religieuse avec elle a transgressé les interdits de son époque, pas par des discours sur le respect d’autrui, mais par un dialogue où il a respecté son interlocutrice sans toutefois nier son altérité ni l’existence des divergences entre leurs deux peuples. Il est vraiment ici un exemple à suivre et à imiter et nous donne une feuille de route fort utile dans cette époque anti-immigrant, anti-étranger, anti-non chrétien ( particulièrement musulman) qui est souvent défendue par des hommes politiques conservateurs ( surtout aux États Unis) qui se disent chrétiens ou qui disent défendre la civilisation chrétienne.

La deuxième chose qui me frappe, c’est de nouveau ce langage à double sens qu’il utilise pour expliquer des vérité spirituelles : simple, mais parce que imagé et métaphorique, inépuisable de sens. L’eau de vie qui étanchera notre soif pour toujours, la nourriture qui satisfait nos désirs profonds et finalement la moisson des gens prêts à recevoir son message, parlent à chacun de nous et nous ouvrent des perspectives nouvelles et inattendues.

La dernière métaphore, celle de la moisson me touche particulièrement car elle met en valeur le travail en équipe : Jésus explique clairement que la conversion d’une personne n’est pas le fait d’un disciple particulièrement convaincant, brillant ou même super saint mais le résultat d’un travail fait en amont par quelqu'un d’autre dont on oublie l’importance. On vit à une époque, du culte de la personnalité, surtout dans les milieux chrétiens où beaucoup se vantent du « succès » qu’ils ont, démontré par le nombre de leur followers, ou la taille de leur église, et l’on ferait bien de prendre note de ce que dit Jésus là-dessus.

Et finalement la dernière remarque… les Samaritains du village disant  Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

Personne ne convertit personne, personne ne convainc personne, c’est seulement quand on rencontre Jésus, que l’on est (ou pas) convaincu que c’est lui « le Sauveur du monde. » Encore faut-il qu’il y ait quelqu’un, enthousiaste comme la Samaritaine, qui témoigne de sa foi et montre le chemin où on peut le rencontrer.


 

P.S Ça serait bien quand même si on pouvait convaincre tous ces dirigeants qui vivent sur ces terres où a vécu le Christ, Prince de la Paix, de le croire et de le suivre... en aimant leurs ennemis…au lieu de...


 

 


 


 


 

 

Tag(s) : #Etude de l'évangile de Jean, #Méditation, #Actualités
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