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On a tous un chemin à parcourir...

On a tous un chemin à parcourir...

le 17 janvier 2022, Virginie

 

(on a eu une tempête de neige mais pas un blizzard comme on nous l’annonçait... aujourd'hui est le jour férié en honneur de Martin Luther King Jr : Only through an inner spiritual transformation do we gain the strength to fight vigorously the evils of the world in a humble and loving spirit.”
Martin Luther King Jr.)


 

Le dénouement est proche … de la vie de Jésus selon Marc : je ne sais pas pourquoi mais cet évangile de Marc, m’apparaît être maintenant « une vie de Jésus » plutôt qu’un évangile au sens où on l’entend aujourd’hui avec toutes ces nuances de significations théologiques qui lui sont attribuées. Je ne connais pas évidemment l’intention de Marc mais j’ai l’impression que c’est vraiment une vie de Jésus qu’il raconte, même si cette vie ne commence pas à l’enfance. Il y a d’abord et avant tout ,un souci de raconter les faits, gestes et paroles de Jésus : je n’arrive pas à y voir un autre enjeu que celui-là, un motif caché qui existerait en filigrane, un mystère à découvrir même si je ne doute pas que quelqu’un qui lit le texte en grec pourrait y découvrir des sous-entendus qu’une traduction ne met pas en relief…


 

Essayant de rester fidèle le plus possible à mon intention originelle. j’aborde cette séquence du récit sans la comparer avec les rédactions des autres évangiles : l’harmonisation du déroulement de l’arrestation et de la condamnation de Jésus ( dans le temps et dans l’espace ) qui passe des mains des autorités juives aux autorités romaines a été l’objet de nombreux travaux et j’en ai déjà cité un article qui en présentait un résumé.


 

En tout cas il est sûr que malheureusement il est très difficile de reconstituer avec précision le déroulement précis de l’arrestation de Jésus étant donné l’éloignement dans le temps des faits mais surtout qu’à part Luc qui explique bien au début de son évangile avoir fait des recherches pour attester de la véracité de ce qu’il écrit, les autres auteurs ne démontrent pas une telle préoccupation. Il leur suffit de raconter dans un récit cohérent les grands moments de la vie de Jésus, pour l’édification de leurs lecteur/auditeur sans prétendre vouloir écrire un document historique précis comme le font d’autres.


 

* * *


 

Marc 15 : 1-15


 

Dès le matin, les grands prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le Conseil suprême. Puis, après avoir ligoté Jésus, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate.

Celui-ci l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui le dis. »

Les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations.

Pilate lui demanda à nouveau : « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. »

Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate fut étonné.

À chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu’ils demandaient.

Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour un meurtre qu’ils avaient commis lors de l’émeute.

La foule monta donc chez Pilate, et se mit à demander ce qu’il leur accordait d’habitude.

Pilate leur répondit : « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »

Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré.

Ces derniers soulevèrent la foule pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas.

Et comme Pilate reprenait : « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? »,

de nouveau ils crièrent : « Crucifie-le ! »

Pilate leur disait : « Qu’a-t-il donc fait de mal ? » Mais ils crièrent encore plus fort : « Crucifie-le ! »

Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié.


 


 

Retour en arrière :


 

On vient de quitter Pierre qui avant le lever du jour, a nié être un des disciples de Jésus : un événement suffisamment important dans un évangile qui met souvent en scène les disciples pour être rapporté avec beaucoup de détails. Mais on retourne maintenant à Jésus...

 

Dès le matin, les grands prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le Conseil suprême. Puis, après avoir ligoté Jésus, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate.



 

L’auteur en quelque sorte, rappelle en une phrase ce qui s’était passé avant l’interruption du reniement de Pierre et introduit la nouvelle étape dans le récit de la passion, celle de la comparution devant Pilate. Mais, ce qui en soi est étonnant, est qu’ il ne nous dit pas quelle est la position ou le titre de ce dernier, on n’a que son nom alors que les autres acteurs, les scribes et les anciens, ne sont pas identifiés , seul  leur statut est mentionné.


 


 

C’est qui Pilate ?


 

Il faut donc supposer que Pilate était suffisamment important ou connu pour que les lecteurs sachent de qui il s’agissait sans qu’il n'y ait besoin d’en dire plus. Par contre quand il avait parlé d’Hérode (ch:5), non seulement il lui avait donné son titre de roi mais il avait bien expliqué pourquoi il avait fait tuer Jean Baptiste. En ce qui concerne Pilate il y a aucune mention de sa position, on comprend qu’il s’agit de quelqu’un qui est une haute autorité judiciaire dans le gouvernement romain puisque c’est auprès de lui que Jésus est amené en tant que prisonnier.


 

(était-il encore en vie quand l’évangéliste a commencé à compiler son évangile ? Certains estiment que le portrait positif qui est fait de Pilate vient du fait que les chrétiens ne voulaient pas s’attirer la foudre des autorités romaines à un moment où ils étaient persécutés)


 

Celui-ci l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui le dis. »


 

La question que Pilate lui pose est une question politique et non pas religieuse (ce qui est normal étant donné qu’il n’est pas une autorité religieuse) et sa question laisse entendre que c’est une des accusations dont se sont prévalus les grands prêtres pour justifier aux yeux de Pilate son arrestation du style : troubles à l’ordre public...

Comme dans la séance précédente, dans la maison du grand prêtre, Jésus n’apparaît pas ébranlé par sa comparution devant Pilate et dans la réponse à sa question il y a à la fois de la défiance et de la moquerie en suggérant que comme c’est Pilate lui-même qui introduit le titre roi des juifs, il reconnaît implicitement sa légitimité.


 

Les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations.

Pilate lui demanda à nouveau : « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. »

Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate fut étonné.


 

Mais Jésus utilise également devant Pilate la stratégie qu’il a choisie devant les grands prêtres( qui sont d’ailleurs présents) : le silence ! Il sait que ça ne sert à rien de discuter avec eux et de prouver qu’ils ont tort : il se trouve devant un tribunal dont les membres ont décidé à l’avance qu’ils voulaient l’éliminer et où toute défense est vaine. ( Il se trouve dans une situation similaire à celle de prisonniers politiques qui sont condamnés et dont le procès est une simple parade sauf qu’on arrive souvent, sous la torture à les faire signer des admissions de culpabilité...)


 

Cependant quand Pilate lui a demandé s’il était le roi des juifs, comme il l’a fait quand le grand-prêtre lui a demandé s’il était le fils de Dieu, il n’as pas éludé la question. Lui qui tout au cours de sa mission avait voulu taire qui il était, maintenant, il ne cherche plus à cacher son identité quoi qu’il lui en coûte.


 

En tout cas, Pilate s’étonne de son silence : certainement, il avait entendu parler de l’éloquence de Jésus et de son habileté à débattre avec les scribes (Jésus n’était pas connu pour quelqu’un qui avait sa langue dans sa poche)...Par certains côtés, comme les disciples, il est dérouté et peut=être aussi déçu par un Jésus qui se laisse faire, qui ne se défend pas...C’est en tout cas la seule mention qui est faite de l’état d’âme de Pilate, l’auteur n’élabore pas et il ne nous dit pas non plus qu’elles étaient les accusations portées contre Jésus : son intérêt est ailleurs.


 

L’épisode Barabbas


 

À chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu’ils demandaient.

Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour un meurtre qu’ils avaient commis lors de l’émeute.

La foule monta donc chez Pilate, et se mit à demander ce qu’il leur accordait d’habitude.

Pilate leur répondit : « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »

Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré.

Ces derniers soulevèrent la foule pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas.


 

A PRIORI,

cet épisode ne devrait pas poser problème : une foule de badauds excités par les grands prêtres affolés que Jésus puisse échapper à la condamnation, eux qui le voyaient déjà crucifié et risquent de voir leur plan échouer par cette proposition de Pilate… on comprend qu’ils aient incité la foule comme le dit clairement le texte, à demander la libération d’un autre prisonnier que Jésus…. Et tout le monde le sait, des multiples études de foule l’ont prouvé, quand quelqu’un commence à crier un nom ou un slogan tout le monde le répète…Après ce n’est qu’un jeu d’enfant pour les quelques meneurs de jeu…


 


 

Et comme Pilate reprenait : « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? »,

de nouveau ils crièrent : « Crucifie-le ! »

Pilate leur disait : « Qu’a-t-il donc fait de mal ? » Mais ils crièrent encore plus fort : « Crucifie-le ! »


 

Chaque fois que Pilate semble vouloir user de clémence envers Jésus, il faut donc bien remettre la pression et attiser la foule pour que cette fameuse exécution puisse avoir lieu une bonne fois pour toutes...


 

( les historiens ont essayé de savoir si c’était l’habitude de Pilate de libérer un prisonnier au moment des fêtes mais n’ont pas trouvé d’autres cas… et un Pilate clément et juste n’est pas le portrait qu’en font les auteurs juifs mais Marc ne le dépeint pas d’une manière négative pour des raisons qu’on a déjà mentionnées : il semble bien que les grands-prêtres ne s’attendaient pas à ce que Pilate fasse cette proposition et ont dû être pris de court. Il faut noter aussi au passage que beaucoup de recherches ont été faites pour savoir qui était ce fameux Barabbas… qui semble-t-il avait aussi le prénom de Jésus dans son nom complet, ce qui aurait été supprimé pour éviter la confusion ? En tout cas, il y a de nombreuses hypothèses en ce qui le concerne)


 

SAUF QUE


 

Cet épisode a alimenté et justifié des siècles d’anti-sémitisme ( pour ne pas dire des millénaires) et a été au centre de la condamnation du peuple juif, « peuple déicide ». On ne peut pas oublier que cette séquence particulière était rejouée devant des foules chaque année pendant des siècles, durant la Semaine Sainte et était donc l’un des moments propices pour attiser la haine envers les juifs. Ce cri : crucifiez-le, crucifiez-le ! certainement résonne comme une infamie dans les oreilles de tout chrétien qui a Jésus pour maître et Seigneur


 

SAUF QUE, ennemis du régime, ou véritables criminels ,


 

Innocents condamnés devant des tribunaux publics quand les véritables coupables échappent à la condamnation… il n’y a malheureusement rien de particulièrement nouveau ni d’ exceptionnel


 

Plus près de nous, il suffit de se rappeler du règne de la Terreur pendant la révolution française avec sa foule de badauds qui venaient voir couper la tête des condamnés une fois la sentence de leur exécution prononcée et hurlaient toute sortes d’injures envers ceux qui montaient sur l’échafaud...


 

Mais pas seulement en France ,


 

Les autorités de tout temps et dans tout pays voulant instaurer la peur et s’assurer l’obéissance inconditionnelle de leurs sujets, ont favorisé ce genre de spectacle … (sans mentionner les histoires de la conquête de l’Ouest aux États Unis et les films des westerns qui ont toujours leur lot de scènes de jugement et pendaisons ….. spontanées...)


 

Aujourd’hui encore les foules continuent de se presser aux audiences publiques d’accusés (pendant que leurs partisans se cachent pour ne pas être leurs prochaines victimes)


 

Les appels au lynchage à la pendaison,à la décapitation aux exécutions sommaires continuent à retentir,


 

( aujourd’hui on peut le faire de chez soi, sans se déplacer grâce aux réseaux sociaux et dans ces temps de pandémie on peut mettre des caméras pour filmer les procès. Les exécutions par contre ne sont pas filmées...sauf quand ce sont des terroristes...)


 

Il n’y a rien de particulièrement juif là-dedans...


 

c’est toute la misère humaine qui se donne en spectacle


 

dans les cris de haine de foules avides de sang et d’émotions fortes qui « like » les photoshops ou les vidéos les plus abjectes ! (notons en passant que l’icône utilisée avec le pouce en l’air ou au contraire vers le bas, est bien le même que les empereurs romains utilisaient pour condamner à mort ou gracier les perdants dans les combats de gladiateurs...)


 


 

Crucifie le !


 

(On serait çu qu’il soit épargné !)


 

* * *


 

Tous coupables, tous responsables….


 

dit le catéchisme du concile de Trente…, c’est l’humanité toute entière qui est responsable de la mort de Jésus,

 

tant les autorités juives, que les autorité romaines,

 

tous ceux qui ont crié

 

et tous ceux qui ce sont tus,

 

tout ceux qui le connaissaient à peine

 

et ceux qui le connaissaient bien

 

tant un Judas qui l’a livré

 

qu’un Pierre qui l’a renié,


 

pas un seul pour plaider sa cause

 

pas un seul pour le défendre

 

pas un seul pour offrir de mourir à sa place…


 

et pourquoi l’aurions nous fait

 

nous

 

plus que les autres ?


 

N.B Le concile de Trente affirme bien que Jésus est mort sur la croix à cause de nos péchés comme acte rédempteur pour l’humanité toute entière….ça ne dédouane pas pour autant l’église dans son rôle d’incitation à l’anti-sémitisme...


 


 

Tag(s) : #Etude de l'évangile de Marc, #semaine sainte, #Méditation
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