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la réalité hors du texte: lecture et interprétation

le 18 octobre, 2023 Bruxelles

Il n’y a que le texte que l’on lit et celui ou celle qui le lise qui comptent.

C’est en gros et en forme raccourcie ce que disent les théories littéraires des dernières décennies : le sujet disparaît, l’auteur disparaît, ce qui reste ce sont ces mots écrits qu’un lecteur déchiffre au fur et à mesure, interprète et reconstruit selon ses propres critères et sa propre expérience. Une fois écrit l’œuvre échappe à son auteur : ce qu’il a voulu écrire importe peu, ce qu’il a écrit est ce qui compte et c’est exclusivement cela qui doit être l’objet de notre analyse littéraire. Tout ce qui existe en dehors du texte est peu ou pas pertinent.

Évidemment, les théories sont plus complexes et plus nuancées surtout sur la question du lecteur ( qui peut être virtuel ou réel) et elles évoluent... mais elles sont souvent l’objet de conférences et d’analyses où les auteurs pour impressionner leur auditoire ou leur lectorat ( quelquefois leurs étudiants) abusent de formules choc telles que « la mort de l’auteur » (Roland Barthes) et la toute puissance du lecteur ( prônée par Umberto Eco ) et utilisent un vocabulaire recherché, obscur pour peaufiner leur effet.

Toujours est- il qu'ils ont eu quand même raison de faire valoir la valeur de l’objet littéraire indépendamment de toute autre réalité et ces théories ont permis d’éclairer les œuvres et de renouveler leur sens. Mettre aussi en valeur l’importance du lecteur dans l’interprétation d’une œuvre vaut la peine d’être étudiée et permet d'insister sur le caractère subjectif des interprétations… Surtout quand on étudie un livre comme la bible qui étant un livre sacré n’est jamais abordé d’une manière neutre …. comme on le voit en ce moment…

* * *

C’est pourquoi justement,

que ce livre qui habituellement pour moi est un livre refuge, ne l’est plus du tout.. car alors que se déchaînent les événements au Moyen Orient, je me rends compte que les livres et particulièrement celui-là ont un socle… un socle géographique, territorial, une réalité historique qui existe en dehors du texte et qui nous oblige à réinterpréter et à nous positionner par rapport à lui. Il cesse d’être de la littérature… ..

J’aimerais lire et méditer ses mots pour m’éloigner de cette guerre terrible mais il m’y ramène constamment car c’est là que ça se passe, dans cette terre, et les personnes dont on parle et qui s’entre-tuent occupent ses pages…je ne peux pas les ignorer. Particulièrement, la violence qui y est exprimée et décrite n’est pas anodine, pas plus d'ailleurs que les revendications territoriales qui y sont faites.

Je ne peux lire le récit de la vie de Jésus sans l’imaginer autre part qu’en Palestine et à Jérusalem en plein milieu de ce lieu devenu un champ de guerre…

* * *

Heureusement, ô combien heureusement ! il est venu pour rectifier les interprétations guerrières de Dieu de ces écritures par celui d’un Père « qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes »

Heureusement ô combien heureusement, il nous a donné ce discours extraordinaire qui témoigne d’un Dieu qui approuve et bénis « les doux, car ils recevront la terre en héritage. . . ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. . . les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. . . les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu »

Pas les combattants qui eux tuent au nom d’une divinité qui n’est pas le Dieu de Jésus et donc, pas non plus celui d’Abraham…Aucun combattant ne peut se revendiquer fils du Dieu d’Abraham!

Et finalement heureusement ô combien heureusement, (ou peut être malheureusement, si on veut justifier ses actes,) il a banni la haine même envers les ennemis « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent »

 Car il faut le dire quand il dit « vous » il ne s’adresse pas qu’à son peuple car tous les peuples enseignent de haïr ses ennemis en temps de guerre, sinon comment pourraient-ils les tuer !

Et puis il a aussi prôné le pardon coûte que coûte...

* * *

Difficile à entendre quand on nous tire des rockets qui détruisent nos maisons et tuent nos enfants.. On préfère se boucher les oreilles et ne pas entendre toutes ces paroles rapportées  dans l’évangile de Mathieu https://www.aelf.org/bible/Mt/5

Mais qui suis-je moi pour les juger ?

Moi qui vis dans un pays en paix...


 


 

Tag(s) : #Actualités, #essai, #littérature, #Bible
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