le 28 décembre, 2021
La saison de Noël tire à sa fin ( car c’est vraiment une saison, surtout si on en croit les magasins) et c’est le nouvel an qui s’approche : une autre date sur notre calendrier qui fait partie intégrante du rythme de notre vie. En tout cas, pour moi, une date importante que je vis toujours d’une manière intense ( presque plus que Noël) et qui est inscrite dans mon année liturgique même si elle n’en fait pas partie officiellement...C’est toujours une occasion de recommencement…
Noël, sans neige ici, sans drame, ni miracle : une affaire simple, réduite au minima, sans émerveillement particulier ( ce qui est peut-être dommage, mais il n’y avait pas de tout petits cette fois-ci) , sauf une reconnaissance profonde de l’importance de cette venue, loin des images de bébé joufflu…
D’ailleurs, l’histoire originelle s’est déroulée sans fanfare : ni Marie, ni Joseph n’ont vu ni entendu des anges chanter dans les cieux « gloria in Excelsis Deo » ( certainement pas en latin!) ce qui est devenu le cantique le plus connu de Noël… ils étaient trop occupés à trouver un lieu pour passer la nuit et les heures qui ont précédé la naissance ayant été vécu dans l’angoisse et la douleur dans des conditions difficiles
Certainement, ils se sont réjouis comme on se réjouit tous, soulagés et heureux tous les deux qu’ils aient passé cette épreuve et survécu ces moments dangereux tant pour Marie que pour Jésus ...mais leurs pensées, leurs réactions, on ne les connaît pas…
Que des bergers viennent les voir a l’aube ou au crépuscule, rien de très étonnant, après tout ils étaient dans une étable à l’abri, étable ou grotte que les bergers devaient connaître eux qui passaient la nuit dehors et allaient s’y réfugier quand le temps était mauvais.
Ce qui brouille le tableau et efface la simplicité de cette naissance, c’est l’histoire des mages avec leurs habits plein de dorures ( comme ceux des évêques) qui viennent avec des cadeaux qui nous rappellent les trésors d’Ali Baba ! Comme on met tout le monde ensemble autour d’une crèche et qu’on en rajoute… alors, on termine par un portrait de famille avec des guirlandes or et argent partout !
Ah ! La vérité historique ! Certains de nous y courent après ! ( comme moi par exemple!) sachant malgré tout qu’elle est inaccessible, surtout quand il s’agit d’une famille inconnue, descendants pauvres d’ une ligne qui à une époque a pu être royale ( comme tant d’autres aujourd’hui qui se réconfortent en trouvant dans la recherche de leur ADN qu’ils ont des liens avec tel ou tel roi, reine,empereur etc... ), obligé à se déplacer à un moment inopportun car appartenant à un peuple vaincu aux ordres de l’envahisseur….
Mais, Jésus, il ne m’appartient pas…
Il n’appartient pas non plus aux historiens pointilleux, qui ressemblent tellement au géographe, qui « est trop important pour flâner » et que le Petit Prince rencontre dans un de ses voyages dans l’espace,
Alors si on veut décorer les crèches et y mettre des dorures….
Surtout si on veut comprendre Noël et l’apprécier à sa juste mesure…
il faut être comme le Petit Prince !
P.S Voilà quelques extraits du texte de la rencontre entre le Petit prince et le géographe qui pourrait être très bien tout aussi bien un historien pointilleux...tellement il lui ressemble
Je suis géographe, dit le vieux Monsieur.
- Qu'est-ce qu'un géographe ?
- C'est un savant qui connaît où se trouvent les mers, les fleuves, les villes, les montagnes et les déserts.
- Ça c'est bien intéressant, dit le petit prince. [ . . . ]
- Elle est bien belle, votre planète. Est-ce qu'il y a des océans ?
- Je ne puis pas le savoir, dit le géographe.
- Ah! (Le petit prince était déçu.) Et des montagnes ?
- Je ne puis pas le savoir, dit le géographe. - Et des villes et des fleuves et des déserts ? - Je ne puis pas le savoir non plus, dit le géographe.
- Mais vous êtes géographe !
- C'est exact, dit le géographe, mais je ne suis pas explorateur. Je manque absolument d'explorateurs. Ce n'est pas le géographe qui va faire le compte des villes, des fleuves, des montagnes, des mers, des océans et des déserts. Le géographe est trop important pour flâner. Il ne quitte pas son bureau. Mais il y reçoit les explorateurs. Il les interroge, et il prend en note leurs souvenirs. Et si les souvenirs de l'un d'entre eux lui paraissent intéressants, le géographe fait faire une enquête sur la moralité de l'explorateur. [ …..]
- Donc, quand la moralité de l'explorateur paraît bonne, on fait une enquête sur sa découverte.
- On va voir ?
- Non. C'est trop compliqué. Mais on exige de l'explorateur qu'il fournisse des preuves. S'il s'agit par exemple de la découverte d'une grosse montagne, on exige qu'il en rapporte de grosses pierres.
Le géographe soudain s'émut.
- Mais toi, tu viens de loin ! Tu es explorateur ! Tu vas me décrire ta planète ! [ . . .]
- Alors? interrogea le géographe.
- Oh! chez moi, dit le petit prince, ce n'est pas très intéressant, c'est tout petit. J'ai trois volcans. Deux volcans en activité, et un volcan éteint. Mais on ne sait jamais.
- On ne sait jamais, dit le géographe.
- J'ai aussi une fleur.
- Nous ne notons pas les fleurs, dit le géographe.
- Pourquoi ça ! c'est le plus joli !
- Parce que les fleurs sont éphémères.