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État de Georgie: on voit le cadre de la fenêtre des chaises où les familles des victimes peuvent s'asseoir pour observer l'execution

État de Georgie: on voit le cadre de la fenêtre des chaises où les familles des victimes peuvent s'asseoir pour observer l'execution

le 20 mars, 2024

La semaine sainte...

On y est pas encore mais l’interprétation de l’opéra Dead Man Walking présenté par le Met sur la chaine de PBS, en a été une préparation qui m’a profondément émue.

Il est rare de se trouver face à une œuvre qui présente le cœur du message de l’évangile et de la difficulté de le vivre avec tant de justesse et tant d’authenticité. L’histoire de cet homme condamné à mort pour avoir tué deux jeunes dont une jeune fille qu’il a aussi violée, et de cette religieuse qui veut l’accompagner jusqu’à son exécution pose toutes les bonnes questions sur la signification ou même le bien fondé du pardon versus la condamnation sans appel, le désir de justice de la famille des victimes versus le respect de l’humanité et la dignité du criminel, sans oublier les motivations de ceux qui s’ auto-désignent sauveurs des dits-criminels...

Le personnage de la mère de Joseph qui apparaît sur scène ( il s’appelle Joseph dans cet opéra mais dans la vie, il était Patrick Sonnier) flanqué de deux jeunes pré-ado taciturnes est particulièrement prenant : une femme au visage marqué par une vie difficile, semblable à toutes celles que j’ai vues faire la queue pendant des heures devant l’entrée de prison en Amérique du sud et qui continuent à croire en la bonté de leur fils ou quelquefois même en leur innocence.

Mais ce qui m’ a frappé c’est que quand elle parle du petit garçon heureux et insouciant qu’il était et qui pour elle existait encore caché dans cet homme endurci, elle pose la question que je me suis souvent posée quand je vois des petits, les yeux pleins de soleil et le cœur tendre : comment se fait-il qu’un jour certains d’entre eux pourront devenir ces personnes cruelles, insensibles à la douleur qu’ils infligent à autrui, ou pire quand ils  trouvent un plaisir pervers à les voir souffrir… ?

Contrairement à une doctrine ( mal comprise de certains à mon avis), je ne crois pas au péché originel dans le sens d’une corruption intrinsèque qui se manifesterait dès la naissance, mais par contre en ce qui concerne les enfants, je me souviens des paroles dures et même effrayantes prononcées par Jésus:

« Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même. 6Mais, si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu'on le jetât au fond de la mer. »

Malheureusement, c’est la parole que l’on a souvent utilisé pour demander aux victimes d’abus sexuel dans l’église de rester silencieuse, comme si c’était elles qui étaient la cause du scandale et non pas les prêtres qui les avaient agressées… Le scandale, c’est l’acte qu’ils ont commis mais non pas la révélation de leur faute… On continue ainsi à blâmer la victime jusqu’au bout

 

L’autre aspect qui m’a aussi interpellé dans cet opéra est la question des victimes auxquelles on permet de s’exprimer. Le père adresse des reproches à la religieuse pour sa défense passionnée de l’assassin de sa fille quand elle semble ne pas se préoccuper de leur souffrance à eux qui sont tourmentés jour et nuit. En même temps il en profite pour attaquer l’église qui ne leur offre pas de consolation (les parent étaient catholiques, ils avaient mis leurs enfants dans une école catholique) et leur demande de pardonner…Surtout elle, en tant que religieuse, qui n’a jamais eu d’enfants et qui ne peut pas comprendre la douleur d’un parent...

 

Le personnage de la religieuse est présenté avec honnêteté mais sans concession: authentique, ni héroïne, ni hypocrite, elle passe par tous les affres du doute quand ces motivations sont remises en cause par l’aumônier de la prison, ou sa naïveté est moquée par celle du directeur de l’établissement, ou par la crudité des propos d’un prisonnier coupable de nombreux viols qui fait fi de sa virginité de femme consacrée mais qui pourtant lui a demandé d’être son directeur spirituel et de l’accompagner jusqu’à la chambre d’exécution.  Elle s’affère de toutes ses forces à sa foi au pardon offert en Christ mais sans avoir livré une lutte acharnée contre toutes ce émotions.

Elle vit une véritable descente aux enfers…

(mais contrairement à Jésus que les disciples abandonnent, elle est réconfortée par une religieuse de sa congrégation, un autre moment fort de cet opéra)

C’est à ce moment là que je me suis souvenue de la passion de Jésus qui non seulement a accompagné les condamnés à mort jusqu’à leur exécution mais aussi est mort avec eux, condamné  comme eux... 

* * *
 

« il est descendu aux enfers » dit-on dans le credo… pas seulement spirituellement parlant, mais concrètement et réellement.

Pas besoin de paroles ni d’explications, tout est dit dans cet acte : devant la croix, on ne peut que rester silencieux…


 

______________________


 

N.B. C’est vraiment un plaisir de voir une œuvre artistique qui représente avec justesse la foi chrétienne, loin des productions à grand spectacle Hollywoodiennes et des prédicateurs qui exaltent le succès et le bien-être prônant l’élection d’ hommes politiques sulfureux pour construire un royaume de ce monde réservé à quelques-uns et bâti sur la souffrance des autres.

Pour aller plus loin

https://www.sisterhelen.org/biography/

La sœur Helen Prejent a semble-t-il au moins une prédécesseure, une certaine Catherine de Sienne, docteure de l’église, sainte canonisé, qui a accompagné des hommes à l’échafaud : « Femme de la tête aux pieds, elle est celle que ses disciples nomment tendrement : “Dolce Mamma ” (douce Maman); celle qui accompagnera jusqu’à l’échafaud un jeune condamné à mort, Nicola Toldo, avec les gestes et les prévenances d’une mère; et celle qui dit tout bonnement : ” Voglio! ” (je veux!), au Seigneur afin d’obtenir le pardon des pécheurs. »

http://dominicains.ca/figures-dominicaines/sainte-catherine-de-sienne/


 


 


 


 


 


 

Tag(s) : #peine de mort, #Méditation, #opéra, #Justice, #la mort, #semaine sainte
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