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Tête de Jean Baptiste: Alonso Cano

Tête de Jean Baptiste: Alonso Cano

Marc 6 :14-29

 

4/5/6 Août, 2020, la Virginie

 

(C'est la saison des ouragans qui commence...nous ici on est suffisamment dans les terres pour ne pas être affecté...à part des pluies qui peuvent être diluviennes, on est protégé...le dernier en...s'appelle Elias... On a dû quand même enlever des branchages qui bouchaient des gouttières pour que l'eau n'entre pas dans la maison...On devrait être paré maintenant.

5 août.. L'événement qui me rapproche géographiquement parlant du texte biblique, c'est malheureusement cette explosion gigantesque à Beirut dans ce pays martyrisé qu'est le Liban: Seigneur aie pitié de tes enfants, de tes anciens voisins dont beaucoup continuent encore à proclamer ton nom après tant de siècles et tant de conflits interminables...)


Réapparition de Jean Baptiste


Tout à coup au milieu de l'histoire d'envoi en mission des disciples ( ici le mot est apôtre) réapparaît Jean Baptiste...on se demande ce qu'il vient faire là plutôt qu'autre part car on l'avait déjà presque oublié... pourtant au début du récit de Marc, il était apparu avant Jésus et avait joué un rôle de premier plan...

 

Le roi Hérode entendit parler de Jésus, dont le nom était devenu célèbre, et il dit: Jean Baptiste est ressuscité des morts, et c'est pour cela qu'il se fait par lui des miracles.

D'autres disaient: C'est Élie. Et d'autres disaient: C'est un prophète comme l'un des prophètes.

Mais Hérode, en apprenant cela, disait: Ce Jean que j'ai fait décapiter, c'est lui qui est ressuscité.

Car Hérode lui-même avait fait arrêter Jean, et l'avait fait lier en prison, à cause d'Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce qu'il l'avait épousée,

et que Jean lui disait: Il ne t'est pas permis d'avoir la femme de ton frère.

Hérodias était irritée contre Jean, et voulait le faire mourir.

Mais elle ne le pouvait; car Hérode craignait Jean, le connaissant pour un homme juste et saint; il le protégeait, et, après l'avoir entendu, il était souvent perplexe, et l'écoutait avec plaisir.

Cependant, un jour propice arriva, lorsque Hérode, à l'anniversaire de sa naissance, donna un festin à ses grands, aux chefs militaires et aux principaux de la Galilée.

La fille d'Hérodias entra dans la salle; elle dansa, et plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille: Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai.

Il ajouta avec serment: Ce que tu me demanderas, je te le donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume.

Étant sortie, elle dit à sa mère: Que demanderais-je? Et sa mère répondit: La tête de Jean Baptiste.

Elle s'empressa de rentrer aussitôt vers le roi, et lui fit cette demande: Je veux que tu me donnes à l'instant, sur un plat, la tête de Jean Baptiste.

Le roi fut attristé; mais, à cause de ses serments et des convives, il ne voulut pas lui faire un refus.

Il envoya sur-le-champ un garde, avec ordre d'apporter la tête de Jean Baptiste.

Le garde alla décapiter Jean dans la prison, et apporta la tête sur un plat. Il la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère.

Les disciples de Jean, ayant appris cela, vinrent prendre son corps, et le mirent dans un sépulcre.

 


Nous voilà donc, transportés des villages de pêcheurs de la Galilée et de la foule de petites gens qui qui baie et Jésus, à un festin dans une salle de Palais où coule le vin à flots, et ce changement brusque de décors évoque pour moi (peut-être à cause de toutes les représentations que j'en ai vues) une scène exotique sortie du roman des Mille et une nuit...avec une danseuse séduisante (qu'on imagine se tortillant le ventre à moitiée nue), avec aussi une reine méchante et cruelle (comme dans l'histoire de Cendrillon ou de la belle au bois dormant) qui complote avec sa fille pour l'élimination de l'homme de Dieu...  et la cerise sur le gâteau...cette scène digne de tous les films d'horreur, la tête du serviteur de Dieu servie sur un plateau que l'on imagine être en or ou au moins en métal précieux...

 

(Alors évidemment, malheureusement aujourd'hui, on a filmé des décapitations et des scènes d'égorgement, sur des vidéos qui ont fait le tour du monde dans ces campagnes de terreurs où ce qui était réservé au domaine de l'imagination a pris corps dans une réalité horrifiante...ce qui montre que la réalité dépasse souvent la fiction et qu'il ne faudrait pas d'emblée mettre en doute cet épisode!)

 

Historicité?

 

J'ai donc voulu me renseigner sur l'historicité de cet épisode et ai appris l'existence d'un autre texte qui parle de la mort de Jean Baptiste  celui de l'historien juif Josephus Flavius qui corrobore l'existence d'un Jean Baptiste, assassiné sur ordre du même Hérode... dont je cite le texte


, " il y avait des Juifs pour penser que l’armée d’Hérode avait péri par la main de Dieu, car Dieu avait à juste titre puni Hérode pour ce qu’il avait fait à Jean surnommé Baptiste.

    [117] En effet, Hérode l’avait fait tuer, quoique ce fût un homme de bien et qu’il excitât simplement les Juifs à recevoir le baptême, pourvu qu’ils pratiquent la vertu, soient justes les uns envers les autres et pieux envers Dieu. [...]

    [118] Et quand les autres [les gens ordinaires] s’étaient rassemblés autour de lui [Jean], car ils étaient très exaltés en l’entendant parler, Hérode commença à craindre qu’une telle faculté de persuader la foule ne suscitât une révolte"

   


On a donc au moins cette autre information qui ancre l'épisode dans le réel ( il mentionne même son mariage avec la femme de son frère en disant que c'était réprouvé par les juifs) mais pour ce qui est des détails donnés des circonstances précises de cette mort, on ne les trouve que dans les évangiles.....on serait curieux de savoir de qui les communautés de l'époque tiendraient cette histoire ...mais évidemment cette information est impossible à trouver.

 

Qui est Jésus ?

 

Il me semble en tout cas, que ce qui intéresse l'auteur, c'est de parler de Jean Baptiste et de sa relation avec Jésus et ce qui intéresse les chercheurs aujourd'hui c'est plutôt  la "rivalité" entre Jésus et Jean Baptiste et les relations entre leurs  disciples respectifs....En tout cas, le récit atteste du grand respect  et même de l'affection que Marc et ceux qui le représentent ont pour Jean le Baptiste et si il y a eu rivalité entre les deux groupes, le texte ne le mentionne pas.

On en revient donc à l'introduction du récit de la mort de Jean Baptiste qui présente un autre thème celui de l'identité de Jésus.  

 

Le roi Hérode entendit parler de Jésus, dont le nom était devenu célèbre, et il dit: Jean Baptiste est ressuscité des morts, et c'est pour cela qu'il se fait par lui des miracles.

D'autres disaient: C'est Élie. Et d'autres disaient: C'est un prophète comme l'un des prophètes.

Mais Hérode, en apprenant cela, disait: Ce Jean que j'ai fait décapiter, c'est lui qui est ressuscité.

 

La question de qui est Jésus, maintenant qu'il avait commencé à être célèbre, est posée et si l'opinion d' Hérode est mentionnée il n'y a pas que la sienne. Les rumeurs qui courent sur son identité vont bon train ce qui semble tout à fait naturel et cohérent avec le reste du récit où les foules se pressent pour écouter ses enseignements et viennent  le voir guérir des malades et chasser les démons... ( et elles me font penser à celles qui courent aujourd' hui sur l'Internet...mais c'est plutôt sur qui est l'anti-christ que le retour de Jésus ....)
 
Certains voient ce passage comme l'anticipation de ce qui arrivera à Jésus, qui aussi sera assassiné par ordre des autorités mais le parallélisme a ses limites: un Pilate qui comme Hérode était plutôt favorable à Jésus mais qui finalement sous pression décidera de le condamner  mais avec la différence que dans l'histoire de Pilate, la femme joue un meilleur rôle... la femme de Pilate l'incite à ne pas condamner Jésus quand la femme d'Hérode est celle qui demande son assassinat...

Quelle que soit la raison pour laquelle ce récit apparaisse avec les détails qui y sont donnés, Jean Baptiste en ressort agrandi et rien ne vient ternir l'image de ce prophète avant coureur de Jésus ni de leur relation.

 


Ce que j'en retiens:

 

Les rumeurs qui couraient et les questions qui se posaient sur l'identité de Jesus montrent une fois de plus que croire en Jésus (qu'il était le Fils ou le messie) n'était pas plus facile quand il foulait le sol de la Palestisne qu'aujourd'hui 2000 ans après...Alors je ne peux dire si c'est rassurant ou décevant de le savoir, mais un rappel que la foi, cette notion insaisissable et inexplicable était aussi nécessaire hier qu'elle l'est aujourd'hui, ce qu'on a tendance à oublier considérant que les auditeurs de Jésus partageaient les mêmes a priori culturels et religieux et donc théoriquement comprenaient mieux que nous ce qu'il disait et communiquait.  Pierre d'achoppement pour certains, voie du salut pour d'autres ...qu'est-ce qui se passe au fond de nous qui fasse qu'on l'accepte ou qu'on le rejette...ou que l'on passe tout simplement notre chemin...

 

L'autre aspect de l'histoire que je retiens c'est la belle image qu'il nous donne de Jean Baptiste: rien ne vient ternir sa réputation de prophète, dont Jésus fait lui-même l'éloge et il reste une figure admirable par sont style de vie, son courage, capable de s'attirer les faveurs et le respect d'un grand de ce monde sans toutefois renoncer à lui dire la vérité au prix de sa vie.... tout le contraire des prophètes courtisans comme il y en a tant ici....Il reste l'exemple à imiter pour tous ceux qui sont appelés à prêcher ou partager l'évangile..

 

Il est intéressant aussi d'examiner sa relation avec Jésus; ils n'ont pas prêché ensemble, l'un n'était pas subordonné à l'autre (même si Jean a dit qu'il n'était pas digne de délier ses sandales)...Jean a continué à prêcher de son côté, il n'est pas devenu un des disciples de Jésus (Jésus ne le lui a pas demandé) après l'avoir rencontré et l'avoir baptisé.... on voit en eux deux destins parallèles mais pas en compétition, deux frères (cousins, nous dit-on) dans la foi qui avaient chacun leur appel propre et qui ont été fidèles à leur mission respective...On admire ici également l'humilité de Jésus envers ce collègue (?)  qui semble tellement aller de soi, maintenant qu'on le connait et on ne s'étonne pas qu'il n'essaie pas de lui "voler" ses disciples ou de le descréditer...Et ça c'est rafraîchissant...

 

Évidemment, l'histoire de la femme d' Hérode et de sa fille me gène..étant donné ce qu'elle suscite et a représenté dans l'histoire: la femme perverse séductrice, l'Eve du fruit défendu qui fait chuter l'homme mais qui pire ici cause la mort de l'homme juste  et qui a alimenté à travers les siècles les discours anti femmes pour ne pas dire anti féministes (particulièrement dans les églises ) où'  elle a justifié la mise à l'écart des femmes et l'exigence de soumission à la tutelle des hommes...a été l'occasion de mille et une indignités envers les femmes. (et c'est dans cette perspective que l'exaltation de Marie apparaît quelquefois  bienvenue)

Cela ne m'autorise pas pour autant à douter de son authenticité....(ce ne serait pas un critère ni valable ni suffisant) et les histoires vraies de femmes qui influencent les hommes au pouvoir pour les conduire au pire font foison (en ce moment on parle de l'acolyte de Espstein, Ghislaine Maxwell), car si la femme est égale à l'homme pour recevoir la grâce, c'est parce qu'elle est aussi égale à d'homme dans le péché!

 

Ni plus, ni moins!

 

P.S  Quand il a s'agi de choisir une illustration pour cet article, j'ai été frappée par les dizaines de tableaux que j'ai trouvés, plus anachroniques les uns que les autres, avec des personnages habillés avec des costumes de leur époque et des visages ressemblant à ceux de la population du pays du peintre qui les avaient conçus...mais j'ai compris pourquoi  ayant vu à une époque de ma vie, les uns ou les autres, je lisais ce texte à travers ces représentations et avais du mal à imaginer autre chose que ceux là.. C'est cela le problème des images qui illustrent des scènes bibliques, elles finissent par se surimposer au texte , lui enlève son ancrage dans le réel et en font des scènes de mythologie qui ne renvoient à rien d'autre qu'elles-mêmes, de telle manière que le texte n'est plus qu' une simple légende apposée en bas du tableau pour illustrer l'image au lieu du contraire...

 

 

 


 

 

De quoi rêver! Peinture de Moreau

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Tag(s) : #Etude de l'évangile de Marc
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