le 19 novembre 2024, en Virginie
je m’étais dit que je ne voulais plus remettre les pieds dans une église aux États Unis après le vote massif de beaucoup en faveur du gagnant des élections, particulièrement dans la région rurale où je me trouve… alors quand une amie de longue date dont je connaissais bien les opinions politiques, nous a invité à venir nous réunir avec le groupe auquel elle appartenait….j’ai sauté dessus…
Quand je suis arrivée, certaines tenues vestimentaires des femmes présentes m’ont fait penser peut-être à un groupe conservateur mais quand j’ai vu qu’une femme allait prêcher, je me suis dit que non, ils ne pouvaient pas être si conservateurs que ça… et puis s’il y avait des femmes en jupe longue, il y en avait aussi en pantalon…, la moyenne d’âge était très jeune, des couples de trentenaires avec beaucoup d’enfants en bas âge…
je me suis demandé ce qui réunissait ce groupe, qui ne se retrouve pas dans une église mais dans la salle d’un bâtiment qui abrite pendant la semaine une entreprise de matériel agricole … à part une femme noire, ils formaient un groupe assez homogène, assez typique de ceux qui fréquentent les églises mennonites ici dans leur apparence. Ils n’avaient pas l’air prétentieux, ni fanatiques ( ils ne semblaient pas essayer de promouvoir une agenda où une théologie particulière..), plutôt tranquilles... il n’y a personne qui déteignait : personne n’arborait des tatouages ni non plus des piercings que l’on trouve maintenant un peu partout…
( moi j’ai dû déteindre avec mes grande bottes noires, mon pantalon blanc et mon manteau noir, et aussi mes cheveux teints qui auraient dû être grisonnants comme les quelques femmes de mon âge..., )
Il n’y a pas eu de cérémonial particulier quand ils ont fait la sainte cène: une femme, placée au milieu de la salle a lu le récit raconté dans un des évangiles et a distribué les morceaux d’un gros pain fait par un membre de la congrégation, boulanger parait-il, et à ses côtés se trouvait un homme avec un calice rempli d’un liquide rouge et sucré où l’on trempait le pain : on a fait la queue, les uns derrière les autres pour les recevoir... comme a l’église catholique, me suis-je dit
Et puis bien sûr, à la fin, il y avait des boissons et du pain à tartiner ( des bagels) et on voyait, qu’íls avaient le souci de servir de la nourriture saine, pas des pâtisseries ultra sucrées que l’on sert dans d’autres églises...pas de gens en surpoids non plus d’ailleurs quand j’y pense...
Qui étaient-ils donc ? Une bande d’amis qui ont décidé de créer une congrégation où ils pouvaient exprimer leur expression particulière de la foi ? qu’est-ce qu’ils cherchent à construire ? Car ils sont bien dans la phase construction : Ils ont annoncé d’ailleurs qu’un membre de la congrégation avait accepté de devenir le pasteur du groupe. Paraît-ils qu’il se retrouvaient avant dans un foyer pour les sans abri et ils nous avaient été présentés, comme « a hippie church »…même s’ils n’avaient pas l’air d’être très hippie selon l’idée que je peux avoir de ce genre de personnes…. mais en une seule visite, c’est difficile à dire.
Est-ce cette décomplexion et cette liberté qu’ils ont à créer une communauté qui reflète leur mode de comprendre la foi chrétienne qui fait que le christianisme continue à être si dynamique aux États Unis ce qui lui permet de se renouveler constamment ?
Évidemment il y a le revers de la médaille qui est de permettre à n'importe qui de créer une pseudo théologie qui conduise à toute sorte de dérapages... comme celle par exemple de voter sans état d'âme pour ne pas dire avec enthousiasme pour un homme qui incarne toutes les valeurs contraires à l’idéal évangélique prônées par Jésus... et aussi d'entériner les divisions ethno-sociales de la société...
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Rentrée à la maison après avoir partagé le repas du dimanche avec nos hôtes je regarde aussi sur le web les cultes du dimanche d’autres congrégations que je connais : groupes homogènes une fois de plus, plus âgés que ceux à l’église à laquelle nous avons assisté et en perte de vitesse, mais plus organisés, avec une liturgie bien précise faite de chants, formules et lectures, caractéristiques de l’église confessionnelle à laquelle ils appartiennent…
C’est au moment où le prédicateur ou la prédicatrice prennent la parole que l’on se retrouve sur le terrain de l’église universelle, pas celle attachée à un groupe ethnique ou national, celle qui est fondée sur Jésus car ce sont les écritures et leur commentaire qui sont au centre de la rencontre. Évidemment après tout la personne qui commente les écritures va donner son interprétation , ce que tout le monde sait et reconnaît d’ailleurs, mais c’est malgré tout le texte biblique qui est au premier plan, et les auditeurs y retourneront plus tard, s’ils le désirent..le prédicateur ou la prédicatrice, s’ils remplissent bien leur rôle disparaissent derrière le texte.
Le drame, c’est que quand celui ou celle qui prend la parole est quelqu’un à la personnalité trop charismatique voire flamboyante, alors le texte est déplacé et se retrouve en arrière plan. S’il n’y a pas de dogmes d’infaillibilité ni de près ni de loin dans aucune de ces églises, il y a certainement, psychologiquement parlant, une tendance à considérer leur parole comme vérité absolue, (soit parole de Dieu) pour des écoutants impressionnables.
Donc vive les les prédicateurs et prédicatrices ennuyeux qui donnent envie de dormir ? Ils sont certainement moins dangereux que les autres mais aussi moins efficaces…..
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Toujours est-il que je suis de retour dans cette Amérique qu' il y a à peine une semaine, tous les médias et réseaux sociaux en France analysaient à longueur de journée et tout un chacun se décrétait un expert sur les questions de l’élection, ce que j’avais fini par ne plus supporter : ils avaient tout compris, alors qu’ils n’y vivaient même pas et surtout comme ils ne pouvaient pas voter, leur opinion n’avait aucune importance…Croyaient-ils vraiment que ce qu’ils pouvaient dire aurait une influence quelconque outre-atlantique ? Je ne crois pas qu’ils aient été si ignorants, mais personne ne les empêchait de faire semblant de participer à un débat auquel ils n’étaient pas invités : Ils et elles (aussi bien sûr) prenaient surtout plaisir à s’écouter parler !
Retourner aux États Unis et s’y replonger, c’est assister le dimanche à un service religieux dans une de ses nombreuses communauté chrétiennes, surtout quand on vit dans une des régions de la fameuse « bible belt »
Voilà donc qui est fait...
Maintenant, il est temps de penser à la fête de Thanksgiving et de planifier un repas qui aura au dernier décompte, 17 personnes et ne pas me laisser trop perturber par toutes les déclarations intempestives de l'insensé qu’ils viennent d’élire…