Le 31 octobre 2024, Auvergne
On est tous déçus à un moment ou à un autre par le pays auquel on appartient, quand il prend un virage dangereux où les valeurs auxquelles on croit sont bafouées et quand les dirigeants avec l’approbation de l’opinion publique prennent des mesures injustes qui favorisent les intérêts des plus riches et muselle les opinions de ceux qui le défient. On craint le résultat des élections et on a du mal à accepter que nos compatriotes puissent être aussi haineux pour certains, indifférents pour d’autres ou ignorants parce-que aveuglés, pour beaucoup…. On se sent impuissant .
Pour nous les européens, surtout ceux de la génération après guerre, on est encore traumatisé par la montée d’Hitler au pouvoir en Allemagne (et du régime Pétainiste en France) , et ces derniers temps on commence à faire face aux horreurs de la guerre d’Algérie au sujet de laquelle on s’est longtemps voilé la face…
Comment cela a-t-il été possible ? On a vraiment honte! C’est pas nous ça, ce ne sont pas nous valeurs, on est mieux que ça , a-t-on envie de crier! Et évidemment, aux États Unis que Trump ait tant de partisans m’est incompréhensible, en dépit de toutes les analyses possibles et imaginables qu’on fait!
On est encore plus déçu, quand la confession chrétienne à laquelle on appartient adhère à ces projets politiques qui vont à l’encontre des enseignements du Christ. On a envie de pouvoir dire : nous, les protestants au moins… ou nous les cathos au moins… ou nous les évangéliques au moins…! Mais quand on lit les discours des dirigeants religieux qui se disent chrétiens qui se rangent derrière les dictateurs en puissance ou les programmes ultra sécuritaires , on est d’autant plus déçus. On ressent à la fois une profonde colère et une grande tristesse : on a envie de se lamenter et de pleurer …
Alors, tout à coup en lisant la lecture du jour (le 31) , je me suis rendue compte que Jésus avait ressenti la même chose quand il avait pleuré sur Jérusalem :
« Jérusalem, Jérusalem, tuant les prophètes et lapidant ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! »
ou encore,
Lorsque Jésus fut près de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle, en disant : Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix !
Déception envers son peuple, déception envers ses dirigeants religieux, désir profond de protéger et de sauver ses coreligionnaires et ses compatriotes qu’il aimait certainement, de leur aveuglement…, tristesse et impuissance … Tout y est, même si les circonstances et les raisons étaient différentes de celles que l’on peut vivre aujourd’hui : Jésus nous conforte dans nos ressentis et les rend légitimes.
Pour autant, il n’a pas baissé les bras : il a continué à remplir sa mission coûte que coûte et si beaucoup des siens ne l’ont pas écouté , d’autres ont ouvert grand leur cœur… et relevé le défi.. ce qui fait qu’aujourd’hui son message a dépassé les frontières nationales et religieuses de son époque pour arriver jusqu’à nous.
Génération pourrie que la nôtre? Pas tous, bien sûr : il y en a toujours qui se lèvent pour défendre le bon droit, peu importe leur nombre. En tout cas, les puissants ne durent pas éternellement…
« tu renverses les puissants de leur trône » disait une certaine Marie, inconnue, anonyme à l’époque qui ne comptait pas pour grand-chose dans ce peuple vaincu et soumis par le puissant empire romain
Et de toutes façons, c’est finalement Dieu qui aura le fin mot de l’histoire.