le 26 octobre 2024, de retour en Auvergne
je reprends mon rythme de croisière,
après des jours affairés, passés en ville
entourée d’enfants qui courent, d’adultes qui se pressent,
de bus, de métros, de trains qui défilent,
où il faut monter, descendre, attendre
et faire attention …. d’aller dans la bonne direction… !
Il s’agit maintenant, tout simplement,
de marcher dans les sentiers déjà tracés
et de regarder où en sont les feuilles des arbres,
dans quel pré sont passé les moutons
si les vaches sont déjà rentrées
ou s’il faut presser le pas pour ne pas se faire doucher…
« Il y a un temps pour tout » dit l’auteur du livre biblique, l'Ecclésiaste, « et un temps pour chaque chose sous le ciel »
et il ajoute un peu plus loin :
« Toutes les choses que Dieu a faites sont bonnes en leur temps. Dieu a mis toute la durée du temps dans l’esprit de l’homme, mais celui-ci est incapable d’embrasser l’œuvre que Dieu a faite du début jusqu’à la fin. J’ai compris qu’il n’y a rien de bon pour les humains, sinon se réjouir et prendre du bon temps durant leur vie. »
* * *
Alors, évidemment, le conseil donné ici de se réjouir et de prendre du bon temps a gêné plus d’un rabbin qui y voyait une morale trop épicurienne…surtout que ce livre est plein de réflexions qui semblent provenir d’un esprit cynique et désabusé car l’auteur dit que « rien ne sert à rien »…. Même la poursuite de la sagesse qui aujourd’hui fait l’objet de tellement de blogs sur le web ou de l’offre de cours et séminaires...
« Moi, Qohèleth, j’étais roi d’Israël à Jérusalem. J’ai pris à cœur de rechercher et d’explorer, grâce à la sagesse, tout ce qui se fait sous le ciel ; c’est là une rude besogne que Dieu donne aux fils d’Adam pour les tenir en haleine.J’ai vu tout ce qui se fait et se refait sous le soleil. Eh bien ! Tout cela n’est que vanité et poursuite du vent [...]Alors je me suis dit : « Si le sort du fou et le mien sont les mêmes, à quoi bon avoir été si sage ? » Et j’ai pensé en moi-même : Cela aussi n’est que vanité ! [… Comment se fait-il que le sage meure aussi bien que le fou ?
Du vrai nihilisme...
Pas étonnant donc, qu’à travers les âges, les rabbins se soient posé des questions sur le bien fondé de l’inclusion dans un livre aussi sacré que la Torah, d’ un tel texte qui remet en cause des valeurs morales universelles… même s’ils n’ont pas osé remettre en cause sa raison d’être...
(un article qui résume les polémiques à propos de ce livre https://www.thetorah.com/article/is-kohelets-wisdom-vanity-of-vanities)
Mais moi, je l’aime bien ce livre … justement parce-qu’il n’est pas plein de pensées pieuses et convenues et qu il décrit les différentes saisons de la vie avec ses hauts et ses bas, ses questionnements et ses découragements, ses moments de sidération quant à voir le chaos et l’injustice qui règne autour de nous, on a envie de lever les bras au ciel en disant à quoi bon ?
Vanité des vanités disait Qohèleth. Vanité des vanités, tout est vanité !Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ?
Eh oui, on se le demande bien !
Mais j’aime surtout quand l'auteur ( qui est supposé être Salomon) montre que sa recherche de grandeur, de gloire, de richesse et de plaisirs ne l’a mené à rien… comme il fait bon l’entendre, quand on sait qu’on est tous fascinés à un degré ou à un autre par les célébrités, dont la vie est étalée devant nos yeux, apparaissant comme le summum de nos désirs secrets, avec leurs maisons luxueuses, leurs habits clinquants et leur sourire étincelant, affichant un bonheur que l’on croit sans faille :
J’ai encore amassé de l’argent et de l’or, la fortune des rois et des États. J’ai eu des chanteurs et des chanteuses et ce plaisir des fils d’Adam : une compagne, des compagnes…
Je me suis agrandi, j’ai surpassé tous mes prédécesseurs à Jérusalem, et ma sagesse me restait.
Rien de ce que mes yeux convoitaient, je ne l’ai refusé. Je n’ai privé mon cœur d’aucune joie ; je me suis réjoui de tous mes travaux, et ce fut ma part pour tant de labeur.
Mais quand j’ai regardé tous les travaux accomplis par mes mains et ce qu’ils m’avaient coûté d’efforts, voilà : tout n’était que vanité et poursuite de vent ; rien à gagner sous le soleil !
De la vanité de la poursuite du bonheur par le plaisir et la richesse: là il a vraiment raison de nous le faire savoir !
Le problème avec les textes bibliques, est qu’on en cite des extraits et on ne lit jamais tout le chapitre où même le livre … et dans ce livre d’Ecclésiaste, je vous l’assure, il y a des vraies perles …
Ces rabbins ou scribes anonymes finalement, ont bien été inspirés de ne pas le censurer et de l’inclure dans cette bibliothèque sacrée que l’on appelle bible pour qu’on puisse le lire aujourd’hui. Dieu semble-t-il, n’est pas du côté de la censure ni des faux semblants
* * *
La conclusion du texte ( appelé Ecclésiaste chez les chrétiens et Qohèleth chez les juifs est celle-ci
« Pour conclure ces paroles, et tout bien considéré, crains Dieu et observe ses commandements. Tout est là pour l’homme. ».
Mais pour les réflexions d’aujourd’hui, je lui préfère cette autre phrase citée lus haut :
« Toutes les choses que Dieu a faites sont bonnes en leur temps. Dieu a mis toute la durée du temps dans l’esprit de l’homme, mais celui-ci est incapable d’embrasser l’œuvre que Dieu a faite du début jusqu’à la fin. J’ai compris qu’il n’y a rien de bon pour les humains, sinon se réjouir et prendre du bon temps durant leur vie. »
Et il est bon aujourd’hui d’apprécier la beauté et la tranquillité de l’automne, à la campagne ici en Auvergne. On verra un autre jour !