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le 19 avril 2023, Auvergne,

 

J’ai abandonné Jésus au milieu de son saut d’humeur contre les vendeurs du temple à Jérusalem… En réalité, pas exactement, j’avais terminé le chapitre 2 quand tout à coup, pschit… le document s’est volatilisé, impossible de le retrouver…Du coup, j’ai piqué ma crise et j’ai laissé Jésus planté là avec ses nouveaux disciples…Il est temps que j’y vienne le retrouver mais j’ai un peu perdu le fil…il me semble qu’il s’est passé tellement de choses entre temps…

 

Jean 2 : 18-25

Les Juifs, prenant la parole, lui dirent: Quel miracle nous montres-tu, pour agir de la sorte?

Jésus leur répondit: Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai.

Les Juifs dirent: Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras!

Mais il parlait du temple de son corps.

C’est pourquoi, lorsqu’il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.

Pendant que Jésus était à Jérusalem, à la fête de Pâque, plusieurs crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait.

Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous,

et parce qu’il n’avait pas besoin qu’on lui rendît témoignage d’aucun homme; car il savait lui-même ce qui était dans l’homme.

 

* * *

 

Face à la colère de Jésus qui chasse les vendeurs du temple, on a d’abord eu la réaction des disciples qui y voient l’expression de son « zèle » ou de sa passion pour le temple, maison de Dieu. Maintenant, on a la réaction des autres, de ceux qui se trouvaient là mais ne connaissait pas Jésus.

Les Juifs, prenant la parole, lui dirent: Quel miracle nous montres-tu, pour agir de la sorte?

Jésus leur répondit: Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai.

 Les Juifs dirent: Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras!

Jésus leur répondit: Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai.

Les Juifs dirent: Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras!

Mais il parlait du temple de son corps

 

Confronté aux « juifs » ?

 

L’expression nous gêne aujourd’hui, car il semble désigner un groupe différent de Jésus et de son entourage, comme si, eux ils n’étaient pas aussi juifs, une forme d’antisémitisme avant l’heure. Or il est impossible de penser que celui qui a écrit cet évangile soit accusé d’une telle attitude, car il était juif lui-même et l’hostilité qu’il pouvait avoir envers les autorités juives de l’époque qui s’associaient aux romains pour persécuter les premiers adeptes de Jésus, n’était nullement liée à une appartenance ethnique quelconque… Les exégètes continuent à discuter sur cette appellation qui n’apparaît pas aussi souvent telle quelle dans les autres évangiles car ceux qui étaient hostiles à Jésus, étaient bien définis : les Scribes, les pharisiens les membres du conseil du Sanhédrin … Il faut donc se rappeler qu’après la Shoa, culmination de l’horreur de près deux millénaires d’un antisémitisme infâme, si ce mot nous fait frémir à juste titre, notre réaction est anachronique et fausse le sens du texte.

 

Quel miracle nous montres-tu, pour agir de la sorte?

 

Ceux qui sont présents, étonnement , ne condamnent pas le geste de Jésus ce qui renforce l’idée que son action n’a pas causé la déflagration et le chaos que l’on imagine et que l’on dépeint. Leur question n’est pas : pourquoi tu as fait cela, mais de quel droit le fais-tu, de quelle autorité ?

Aussi, le fait qu’ils demandent à Jésus de faire un miracle pour confirmer son autorité, donne à penser que c’était le début de sa vie publique et qu’il n’était pas encore connu pour en avoir fait . (On pourrait peut-être au contraire imaginer qu’il avait déjà fait des miracles et qu’ils l’interpellaient car ils avaient envie d’en voir un sous leurs yeux mais qui sait?)

Toujours est-il que la réponse de Jésus est tellement outrancière voire délirante qu’elle semble le fait d’un vantard éhonté…et on (ou plutôt), je retrouve le Jésus combatif et provocateur de l’évangile de Marc :

 

 Jésus leur répondit: Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai.

 

D’ailleurs ses interlocuteurs le prennent au pied de la lettre et dénoncent son outrecuidance

 

Les Juifs dirent: Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras!

 

C’est donc le rapporteur de cette scène qui se voit dans l’obligation de nous donner l’interprétation de ses paroles, car Jésus ne le fait pas,

 

Mais il parlait du temple de son corps

 

On a donc bien les deux niveaux du texte que l’on avait décelé auparavant : celui d’un fait qui s’est déroulé du vivant de Jésus, décrit en respectant son authenticité en notant l’incompréhension des observateurs et son interprétation après sa résurrection où l’auteur n’hésite pas intervenir pour éclairer les auditeurs/lecteurs sur les comportements de Jésus : on est déjà dans le commentaire de texte ou dans le sermon…

 

Le texte d’ailleurs continue dans la même veine quand il explique

 

C’est pourquoi, lorsqu’il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.

 

En tout cas, cette affirmation donne à penser que ce n’est qu’après sa résurrection que les disciples crurent en lui…mais quels disciples, ceux qui étaient de Jean auparavant et qui avaient du mal à croire que c’était lui le Messie ? Pas de précision là-dessus.

 

 

Un Jésus sceptique en guise de conclusion ?

 

Finalement, pour clore le récit de son séjour pendant cette Pâque à Jérusalem on n’aura plus d’anecdotes mais des simples généralités :

 

Pendant que Jésus était à Jérusalem, à la fête de Pâque, plusieurs crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait.

Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous,

et parce qu’il n’avait pas besoin qu’on lui rendît témoignage d’aucun homme; car il savait lui-même ce qui était dans l’homme.

 

Il est intéressant de noter que l’évangéliste tout de suite après avoir affirmé que « plusieurs crurent en son nom » met en doute leur sincérité. C’est d’ailleurs Jésus lui-même nous dit-il qui le fait… Pourquoi ce besoin de le faire remarquer ? Ici l’intention de l’auteur est de rehausser la figure de Jésus: un être supérieur qui a une connaissance extra-ordinaire de l’être humain.

 

Si je me demande pourquoi ce fait a été noté, en réalité, je me rends compte de la justesse des remarques car croire en Jésus seulement parce-qu’il fait des miracles, c’est comme croire en un magicien, ça ne va pas loin. La foi en Jésus ne peut pas s’appuyer sur sa capacité à faire des miracles, surtout quand on sait qu’à un moment donné, il va refuser de faire le plus grand : descendre de la croix pour se sauver, comme le suggérerons les moqueurs…

 

 

* * *

 

On retrouve ici finalement le même Jésus que celui rencontré dans l’évangile de Marc, même si l’on est distrait par les commentaires et les explications d’un auteur qui est prompt à faire des remarques sur ses faits et gestes. Après le Jésus combatif et provocateur dans le temple, on découvre un Jésus sceptique qui voit au-delà des apparences : quelqu’un qui ne fait pas des miracles pour faire de l’esbroufe, pour impressionner les gens et n’est pas dupe des mauvaises raisons pour lesquelles on pourrait croire en lui. Par contre, on l’a vu dans les autres évangiles, il reconnaît celui et bien souvent celle qui ne font pas semblant et exhibent une fois profonde en lui, comme le centurion romain, comme la femme syro-phénicienne qui le supplie de chasser le démon de sa fille.

 

Ce début de la vie publique de Jésus, est malgré tout très différent de ce que l’on pourrait attendre : il commence par un miracle discret mais asserté d’eau transformée en vin à un mariage que l’on ne trouve nulle part ailleurs, on est conduit directement ensuite au temple de Jérusalem à une fête de la Pâque où il s’en prend aux vendeurs qu’il traite de voleurs, pour finalement terminer par remarquer que les gens qui semblent croire en lui à cause des miracles qu’il fait ( sans qu’on nous dise lesquels), ne sont pas fiables. Dire qu’il ne cherche pas à s’attirer l’approbation ou l’adulation des foules est une évidence qui affirme sa singularité et son indépendance. Mais ce portrait composite de Jésus qui se profile dans ce début est encore plus déstabilisant que celui des autres évangiles : est-ce pour cela qu’on cherche tellement à le faire entrer dans des schémas qui nous permettent de le récupérer et lui enlever son aspect insaisissable ?

 

Pour moi, cependant, face aux certitudes sur qui est Jésus que l’on dégage habituellement de cet évangile, c’est rafraîchissant et un gage de son authenticité de découvrir qu’il peut-être déstabilisant. Un Jésus enfermé dans le carcan de 2000 ans de certitudes, serait une Jésus mort et enterré, pas le Vivant que l’on peut rencontrer encore aujourd’hui !

Tag(s) : #Etude de l'évangile de Jean, #Méditation
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