Samedi 5 novembre, Auvergne
( finalement, on allume le poêle et c’est bien agréable d’avoir chaud chez soi…)
Je pars… mais je reviendrai… si Dieu me prête vie…
Une formule qui devient de plus en plus réelle avec l’âge mais quelque soit l’âge qui en tout temps, énonce une vérité plus évidente peut-être quand on s’apprête à voyager…
( l’autrice qui vient de recevoir le prix Goncourt parle dans son roman justement de toutes les circonstances qui ont précédé et ont conduit (?) à l’accident mortel en moto de son mari, il y a plus de 20 ans. « Le prix Goncourt 2022 est attribué à Brigitte Giraud pour son roman “Vivre vite” [ …] “Vivre vite” revient sur l’enchaînement des événements qui ont conduit à la mort du compagnon de l’autrice dans un accident de moto, en 1999. https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/prix-litteraires/le-prix-goncourt-2022-est-attribue-a-brigitte-giraud-pour-son-roman-vivre-vite_5455660.html »)
L’année dernière à cette époque-ci, je ne m’attendais à que « si Dieu nous prête vie_ » soit aussi littéral, je ne savais pas avant de partir que… je ferai un tonneau sur l’autoroute et qu’on se retrouverait, à l’envers, glissant sur le toit de la voiture avec des étincelles giclant de chaque côté, que la voiture finirait par s’arrêter sur la bande d’urgence, qu’on arriverait à s’ en extraire tout seuls et qu’on en sortirai indemne, dixit le certificat médical du médecin de garde de l’hôpital où on avait été transporté d’urgence sur un brancard après les examens et radio appropriées … car on ne sait jamais, nous a-dit tout le monde…vous êtes sous le choc et c’est pour ça que vous ne sentez rien…
Alors cette fois-ci, on ne partira pas en voiture et ce n’est pas moi qui conduirais, ce seront d’autres qui auront nos destins entre les mains : on prendra le train puis l’avion, puis la voiture… bref, on a rarement des voyages qui se passent bien du début jusqu’à la fin mais on verra…
L’enchaînement des événements qui conduit à la mort dit le commentaire sur le livre
( la fameuse phrase de Pascal, « le nez de Cléopâtre, s’il eu été plus long)
C’est trop dangereux après un accident ou quelque autre événement à déplorer, de réfléchir sur les si « si je n’avais pas, si j’étais partie plus tôt ou plus tard », j’ai appris cela il y a longtemps et même si je ne peux pas m’empêcher de me livrer quelquefois à ce jeu , je sais que je dois couper court : les « si » sont un sable mouvant dans lequel on s’enfonce peu à peu et d’où il faut sortir le plus vite possible pour ne pas se laisser engloutir.
Toute les questions de la destinée avec un grand D, de la fatalité ou du hasard, des coïncidences fortuites ou préordonnées sont posées avec les accidents … et révèlent finalement ce que l’on croit ou l’on ne croit pas…
L’irrésolu est insoluble sans faire un saut dans la foi ou dans l’incroyance.
Si Dieu me prête vie donc… je reviendrai,
Sinon…qui sait ?
Dieu verra…
pas moi,
(En attendant, je goûte à cette soirée auprès du feu, à la lumière de la bougie, avec la voix éraillée de Bob Dylan en sourdine… l’atmosphère parfaite pour une veillée de prière)