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l'aube à contempler

l'aube à contempler

le 15/27 juillet, Auvergne 2022

 

On attend toujours la pluie...peut-être demain ?

 

 

Jean 1:14

 

 

Et la parole a été faite chaire ( homme), et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père.


 


 


 

Et la parole a été faite chaire ( homme),/ et le Verbe s’est fait chair


 

Que peut-on dire sur le sens de cette phrase qui s’en réfère à une réalité ineffable , indescriptible, incompréhensible? Tous les commentaires que je lis sur cette expression s’appuient sur les mots en grec qui la composent et dont les différents exégètes étudient le sens en les mettant en relation avec leur usage dans des textes variés, bibliques et autres même si les variations sémantiques qui en résultent restent assez limitées. C’est dans l’étude de la linguistique que se déploient leurs talents ou leurs connaissances car on touche là à un domaine où les recherches scientifiques n’ont pas grand-chose à apporter : on entre de plain pied dans le territoire de la philosophie et la théologie. Le choix qui est fait pour l’un ou l’autre sens d’un mot cache derrière des enjeux dogmatiques énormes car on touche à la question de la divinité de Jésus, une des pierres angulaire de la doctrine chrétienne qui s’est développée et affinée aux premiers siècles et dont on n'en finit jamais de discuter.


 

En tout cas, cette déclaration, évoque pour moi le moment où pendant l’ordinaire de la messe, le prêtre se met à genoux en l’énonçant solennellement ... il me semble que c’est un geste tout à fait approprié…


 

Devant une telle déclaration, on ne peut que s’agenouiller et rester en silence


 


 

Elle a habité parmi nous


 

(ça fait drôle que ce soit au féminin, à cause du genre grammatical du mot parole...on est ici obligé de passer au masculin pour désigner Jésus car lui était bien un homme. Avec la question du langage inclusif, on se rend compte qu’on a du mal maintenant à penser le féminin et le masculin dans un autre cadre que la distinction mâle/femelle) : dans ce sens la traduction « verbe »qui est un mot masculin facilite les choses, en grec le mot λόγος est masculin )


 

Il est venu vivre chez nous, avec nous, partager notre vie…


 

(Je pense à cela aujourd’hui j’ai le plaisr d'avoir la maison pleine de monde à la visite de nièces qui ont fait l’effort de venir jusqu’à chez nous pour passer quelques jours avec tous leurs enfants. Et en cette période de vacances, aller au fin fond de l’Auvergne dans une maison qui n’a pas de piscine, qui n’est pas au bord de la mer et dans un village sans un seul commerce, même pas une boulangerie ce n'est pas rien, même si finalement ils ont adoré! )


 

Il a habité parmi nous


 

Pas au-dessus de nous comme les rois et les grands qui cherchent à nous gouverner, pas au-dessous non plus comme les mendiants qui cherchent à nous inspirer pitié...


 

Il était au milieu, parmi, avec, au coude à coude,

indiscernable d’aucun autre, vivant au sein d’une famille juive comme tous ceux autour de lui,

mangeant, dormant, parlant,

travaillant pour gagner son pain,

jusqu’au jour où au grand étonnement de tous et surtout de ses proches, il est parti en mission et s’est révélé être…

 

Le mystère est trop grand pour essayer de le comprendre, de le raisonner ou de le cerner.


 

Cette fois-ci, devant cette déclaration, ce n’est pas un sentiment de révérence que je ressens, mais de gratitude profonde : que Jésus/le logos/la lumière ait vécu le quotidien, dans son train train ennuyeux et répétitif, ou au contraire dans son imprévisibilité de tragédies et de joies, donne de la valeur et du sens à chaque moment de la vie. Rien n’y est plus anodin, tout y a sa place : le matériel aussi bien que le spirituel, l'important aussi bien que l'insignifiant.


 

Pleine de grâce et de vérité;


 

Deux mots que l’on n’associe pas naturellement...l’idée de grâce est celle d’indulgence, de bienveillance, de miséricorde. Par contre, au contraire, vérité est celle d’intransigeance, de rigidité d’inflexibilité : on connaît l’expression « toute vérité n’est pas bonne à dire » car elle décrit la réalité telle qu’elle est, elle n’arrondit pas les angles pour faire plaisir... elle est sans concession…


 

L’alliance des deux est incongrue, inattendue… mais en réalité bienvenue. La grâce seule voudrait dire accepter l’aveuglement, l’injustice, se refuser à reconnaître la réalité du mal et de son pouvoir destructeur (comme quelquefois on croit être le cas pour le pardon) mais alliée à la vérité, « le devoir de vérité » comme on le dit si bien, elle y gagne en stature et devient un surcroît de bonté sans effacer ou justifier le mal, sans nous laisser happer par les ténèbres qui nous entourent.

Et la vérité sans grâce ? Destructrice ! Il ne vaut mieux pas y penser...


 

et nous avons contemplé sa gloire,


 

Ici l’auteur entre dans une nouvelle dimension, celle du témoignage. Il sort du domaine de la théologie ou de la philosophie pour parler de ce que lui et d’autres ont vu: ce n’est pas une déclaration de foi, ou l’affirmation d’une croyance particulière, mais l’attestation d’une réalité personnelle vécue. « on l’a vu de nos propres yeux, on n’invente rien, c’est vrai ! » Ce témoignage donne une assise à ce qui avant apparaît comme construction de l’esprit. On peut déconstruire une pensée mais pas un témoignage : seule la remise en cause de la probité du témoin peut en détruire la valeur...


 

comme la gloire du Fils unique venu du Père.


 

On retourne maintenant à la déclaration de foi sur la nature et l’identité de Jésus. Beaucoup ont essayé de minimiser la force de cette affirmation « fils unique du père » en mettant en valeur le fait que fils de Dieu a été utilisé dans d’autres contextes, mais le mot « unique » (μονογενής, ές monogène https://www.bible.audio/lexique-grec-3439-monogenes.htm ) est difficile à ignorer, surtout après tout ce qui le précède.


 

* * *


 

Il y a tellement à méditer dans cette simple phrase… tellement !  Il faut la lire et la relire...lentement, la  contempler en quelque sorte

(.Je préfère pour la relire utiliser le mot Verbe au lieu de parole…. le passage du féminin au masculin me gêne)


 

Et le Verbe s’est fait chair,

il a habité parmi nous,

plein de grâce et de vérité.

et nous avons contemplé sa gloire,

la gloire du Fils unique,

Venu du Père


 

L’apothéose, elle vient après pour nous simples mortels qui nous nous sentons quelquefois tellement vides et sommes tellement assoiffés:


 

Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce;


 

N.B Pour aller plus loin...mais il y a tellement d’articles !

Durand, E. (2004). ΛΟΓΟΣ, ΜΟΝΟΓΕΝΗΣ ET ΥΙΟΣ: QUELQUES IMPLICATIONS TRINITAIRES DE LA CHRISTOLOGIE JOHANNIQUE. Revue Des Sciences Philosophiques et Théologiques, 88(1), 93–103. http://www.jstor.org/stable/4440879

Dans le champ de la christologie du quatrième évangile, la présente réflexion met en lumière la complémentarité entre les titres de Λόγος et de Μονογενής, termes respectivement relatifs à ὁ Θεός et à ὁ Πατήρ dans le cadre du prologue. Elle considère ensuite l'acception du titre Υἱός lorsqu'il est qualifié par Μονογενής au chapitre 3. Cette double approche nous conduit à souligner que Μονογενής a une fonction théologique précise dans le quatrième évangile : rendre possible une relecture « trinitaire » du titre Υἱός.

 

SIEGWALT, G. (1981). INTRODUCTION À UNE THÉOLOGIE CHRÉTIENNE DE LA RÉCAPITULATION (Remarques sur le contenu dogmatique du prologue de Jean). Revue de Théologie et de Philosophie, 113(3), 259–278. http://www.jstor.org/stable/44352946


 

Tag(s) : #Etude de l'évangile de Jean, #Méditation, #vérité
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