7 juin, 2021, Auvergne
( Il fait frais et humide, on a rallumé le feu!)
Aujourd’hui, lundi 7 juin, la lecture du jour est un des plus beaux textes de l’évangile, on l’a appelé la carta magna du christianisme. Un texte de bénédiction qui nous inclut tous ou plutôt qui inclut toutes les personnes de bonne volonté, tous les « justes », un beau terme que les juifs ont donné à tous ceux qui avaient sauvé la vie de membres de leurs familles au temps de la Shoah, dont beaucoup ont payé de leur vie et de celles de leurs proches pour leurs actions héroïques.
Les traductions varient et on peut en préférer une plus qu’une autre mais c’est avec grand plaisir qu’on les relit car qui ne trouve pas dans une béatitude, un réconfort, un baume, une consolation, un encouragement pour poursuivre ce que nous savons tous est bien et bon. Ce texte qui met en exergue ce qu’il y a de plus noble dans l’être humain nous rappelle en même temps que le Dieu qui existe, lui aussi est du côté du bien, de la justice et de la paix et que si l’Histoire est entre ses mains, oeuvrer et désirer la justice c’est être du bon côté de l’histoire...
Heureux les pauvres en esprit,
car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
Heureux les affligés,
car ils seront consolés.
Heureux les affamés et assoiffés de la justice,
car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
Qui ne voudrait pas être, pauvre en esprit, qui ne voudrait pas avoir le coeur pur, être artisan de paix, qui ne voudrait pas être passionnés de justice, ou miséricordieux pour recevoir tous ces bénéfices : le Royaume des cieux, la terre en héritage, voir Dieu, être appelé de ce beau mot de « fils de Dieu » sans mentionner de pouvoir être consolé quand on pleure et qu’on est affligé. N’importe qui est prêt à recevoir cet enseignement, à faire sienne ces valeurs nobles, à vouloir écouter et suivre quelqu’un comme Jésus…
SAUF QUE, SAUF QUE….
Après ça se gâte...d’ailleurs souvent on ne va pas jusqu’au bout du texte, on préfère s’arrêter en chemin...après la liste des récompenses/bénéfices que l’on reçoit, le texte prend une toute autre tournure
Heureux les persécutés pour la justice,
car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi.
Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux.
Ces dernières déclarations, on pourrait s’en passer (d’ailleurs on s’arrête souvent avant la fin car il y a tellement à dire sur ce qui précède que l’on peut esquiver les dernières béatitudes ). Tout à coup, l’idée de bénédiction prend un virage radical...on a plus envie du tout d’être béni ! Tout à coup, ce fameux évangile de la prospérité ne colle plus, on ne peut plus faire du racolage en promettant aux nouveaux prosélytes toutes sortes de bonnes choses pour les encourager à joindre le mouvement...et ce n’est plus sur terre qu’on nous promet des bénédictions, c’est dans l’au-delà…
Heureusement, Jésus n’est pas venu seulement pour les chrétiens confortables et repus que nous sommes souvent, gâtés et jamais contents, en voulant toujours plus, il est venu pour les autres aussi, ceux qui sont persécutés, pour ces justes qui dans les époques sombres de Shoa qu’elles soient juives ou chrétiennes souffrent à cause de leur engagement et de leur foi….(et puis pour nous aussi qui ne savons pas quand viendra notre tour de marcher dans l’ombre de la mort)
Heureusement, Jésus lui ne nous ment pas et ne nous fait pas de fausses promesses mais nous prévient que le suivre encourt des risques et peut-être dangereux ....
Heureusement!
Mais quand même « être dans la joie et l’allégresse », quand on nous insulte et on nous calomnie, c’est beaucoup demander !
Je préfère moi aussi méditer sur le début !