le 16 avril, 2021, la Virginie
Perdre son temps
Avril ne te découvre pas d’un fil...le temps s’est rafraîchi et la température cette nuit a baissé au-dessous de 5 mais heureusement pas de gelée pour tuer les boutons des arbres fruitiers : le festival des fleurs continue à se dérouler avec en parade des tulipes de toutes les couleurs qui sont arrivées au milieu de jonquilles tardives qui fleurissent encore maintenant.
Pourtant, la couleur qui me surprend le plus et m’émerveille, c’est le violet des arbres, je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que des arbres aux fleurs violettes, ça n’existait pas dans les paysages de mon enfance : il y avait des roses et des blancs mais pas de violet profond. À cause de cela, la couleur ne me semble pas naturelle, pas le fait d’un arbre qui pousse au hasard, résultat d’une nature aveugle et inconsciente, mais celui de la palette d’un peintre qui a dû mélanger des couleurs avec soin pour produire un ton aussi intense.
Ces derniers temps cependant à m’immerger dans l’évangile de Mark, j’ai du mal à prendre le temps de regarder. Dans ce récit, on y trouve un Jésus qui donne l’impression de ne pas perdre une minute, toujours en chemin, parcourant la Palestine au pas de course, et qui ne se repose même pas la nuit, car nous dit-on, il la passait en prière. Quand il s’arrête, c’est parce que quelqu’un le sollicite soit pour lui demander de l’aide soit pour l’engager dans un débat théologique…. on ne l’imagine pas prendre le temps d’admirer les étoiles et de regarder les fleurs même s’il les utilise pour en tirer une leçon sur la vanité des préoccupations matérielles.
(Regardez comment poussent les fleurs des champs: elles ne travaillent pas et ne tissent pas de vêtements. Pourtant, je vous le dis, même Salomon, avec toute sa richesse, n'a pas eu de vêtements aussi beaux qu'une seule de ces fleurs)
Mais, je ne suis pas Jésus Christ… et être disciple, le suivre, est-ce que ça veut dire être toujours pressé, ne jamais perdre son temps ?
( A vrai dire aussi, il avait une trentaine d'années, il était vigoureux plein d’énergie ce qui n’est plus mon cas, et quand j’avais la trentaine, ayant des enfants en bas âge, je n’avais pas une minute à moi non plus, je vivais aussi au pas de course)
À côté, heureusement on a tous les psaumes, ou par contre l’auteur passe son temps à se plaindre, à demander à Dieu de redresser ses torts et punir ses ennemis mais quand même dans ses meilleurs jours il n'oublie pas de s’émerveiller et de louer Dieu devant la beauté de la nature autour de lui...
Faudrait-il donc choisir entre un David, ancien roi des juifs, et un fils de David, qui se laisse conduire à la croix après une entrée triomphale à Jérusalem ?
Une question à débattre pour un autre jour, quand la nature toute entière ne sera pas en fleurs…
P.S . Bonus du jour : rencontre fortuite (?) d’un bon samaritain éthiopien qui nous dépanne quand notre voiture n’arrive plus à démarrer sur le parking d’une grande surface… bel échange autour de souvenirs communs et de notre humanité partagée parce que créés à l’image de Dieu… .Vive les émigrants !