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Dans le jardin

Dans le jardin

12/13 avril, 2021, la Virginie


 

Marc 10 : 46-52


 

Le printemps continue d’éclater de partout : on ne sait plus où donner de la tête tellement il y a de fleurs qui sortent de terre ou qui s’ouvrent sur les branches des arbres…l’émerveillement des premières semaines a fait place à une certaine indifférence de ma part que je reconnais en la déplorant...c’est dommage que l’on s’habitue si vite aux miracles journaliers...Comme l’épisode qui suit d’un récit d’une guérison de plus...


 

Ils arrivèrent à Jéricho. Et, lorsque Jésus en sortit, avec ses disciples et une assez grande foule, le fils de Timée, Bartimée, mendiant aveugle, était assis au bord du chemin.

Il entendit que c'était Jésus de Nazareth, et il se mit à crier; Fils de David, Jésus aie pitié de moi!

Plusieurs le reprenaient, pour le faire taire; mais il criait beaucoup plus fort; Fils de David, aie pitié de moi!

Jésus s'arrêta, et dit: Appelez-le. Ils appelèrent l'aveugle, en lui disant: Prends courage, lève-toi, il t'appelle.

L'aveugle jeta son manteau, et, se levant d'un bond, vint vers Jésus.

Jésus, prenant la parole, lui dit: Que veux-tu que je te fasse? Rabbouni, lui répondit l'aveugle, que je recouvre la vue.

Et Jésus lui dit: Va, ta foi t'a sauvé. Aussitôt il recouvra la vue, et suivit Jésus dans le chemin.


 

En entendant Jésus parler de sa fin prochaine, on a presque oublié qu’une de ses activités les plus fréquentes est de guérir les malades et que sa réputation fait qu’il ne peut se déplacer sans être suivi d’une foule...Pour attirer son attention, il faut crier surtout quand on est aveugle…

 

Il semble que Bartimée, faisait partie de ces mendiants handicapés que tout le monde connaissait puisqu’on nous donne le nom de son père aussi bien que le sien (est-ce qu’il était encore connu des personnes pour lequel cet évangile a été rédigé du fait qu’on nous dit à la fin que Bartimée s'est mis à le suivre?) : crier pour attirer l’attention n’a rien de particulièrement notable pour un mendiant qui par surcroît est aveugle et ne peut pas facilement s’approcher des gens pour faire une requête.

 

Ce qui a frappé les exégètes de ce texte, est que c’est la première fois que le titre de « fils de David » est donné à Jésus, après qu’il ait été nommé pour son lieu d’origine ou de résidence, « Jésus de Nazareth ». Comme il n’y a pas de généalogie au début de cet évangile, ni d’histoire de son enfance, c’est une nouvelle identité qui lui est attribuée, après celle de « fils de Dieu » ( que l’on trouve dans le titre et que les démons déclarent) «Fils bien aimé » au moment de son baptême et de la transfiguration, « le Christ » dans la réponse de Pierre à la question de Jésus sur   "et  vous qui dites-vous que je suis ». Jésus utilise aussi la formule « fils de l’homme » pour se désigner.


 

Alors, évidemment beaucoup de questions et d’hypothèses ont été avancées pour expliquer l’apparition de ce titre particulier : est-ce une révélation importante sur laquelle l’auteur veut insister ? L’aveugle Bartamée fait-il figure de prophète ou avait- il ce don particulier de clairvoyance que certains attribuent aux gens qui ne voient pas ? On ne peut répondre à la question...on ne peut que noter qu’en utilisant ce titre il ajoute un indice de plus à l’identité de Jésus, le situant comme descendant de la famille de David, un titre honorifique sans aucun doute...pour le flatter et obtenir ses faveurs… ?


 

En tout cas, dans un évangile comme celui-là, où l’auteur ne s’attarde pas à donner des explications ou des justifications pour aucune des « identités» attribuées à Jésus, il est difficile de les recevoir telles quelles, après 2000 ans de christianisme et tellement de commentaires théologiques et de considérations dogmatiques sur chacune d’entre elles. La présence d’une d’entre elle dans ce texte est importante à noter, mais je préfère la laisser suspendue comme les autres plutôt que de vouloir à tout prix la définir et la préciser. Comment le lecteur ou l’auditeur de l’époque a interprété ces titres est une question valide et intéressante à étudier, mais on ne trouvera jamais une réponse qui satisfasse notre mentalité du 21ème siècle (sinon que par la foi) les enjeux s’étant multipliés tout au long de cette histoire. Pour me consoler, je me dis que la polémique de qui était Jésus n’a pas non plus été résolue de son vivant ...alors pourquoi s’y attarder autant…


 

Plusieurs le reprenaient, pour le faire taire; mais il criait beaucoup plus fort; Fils de David, aie pitié de moi!


 

Jésus s'arrêta, et dit: Appelez-le.


 

L’homme crie, Jésus l’entend… il s’arrête et il l’appelle…


 

A priori, il semble naturel qu’il lui demande ce qu’il veut mais en réalité ce n’est pas si naturel que ça. Quand un mendiant crie et interpelle les passants, en général, c’est pour demander de l’argent et il est très rare que l’on engage un vrai dialogue avec quelqu’un qui se trouve au bord de la route ou de la rue...ou lui donne une pièce plutôt qu’un billet (ou un ticket restaurant) sans poser de questions car on croit savoir ce qu’il veut ou ce dont il a besoin..(ou pour se débarrasser de lui, pour qu’il nous laisse tranquille)


 

Une fois de plus, en lui demandant ce qu’il veut, Jésus traite cet homme handicapé, avec dignité et pas comme un homme passif diminué à qui on fait la charité...il ne voit pas en lui un « mendiant » mais un homme qui a le droit à ce que l'on prenne sa requête au sérieux. En admirant sa foi, il le met au premier rang, dans cette nouvelle hiérarchie sociale du Royaume, lui qui était considéré comme un moins que rien. Sa réaction illustre concrètement parlant ce que Jésus vient d'expliquer sur qui sont les premiers dans cette nouvelle communauté qu'il veut créer : pas ceux qui comme ses disciples demandent d’être assis à sa droite ou à sa gauche.


 

À ce stade de l’histoire, Jésus ne lui fait aucune recommandation ( de se taire, de se présenter devant les autorités religieuses ou de retourner chez lui) et la dernière remarque de l’épisode est qu’il devient un disciple.


 


 

L’homme crie, Jésus l’entend


 

Jésus entend nos cris : pour quelqu’un comme moi qui crie au secours, un peu trop souvent peut-être, cet épisode d’un Jésus en chemin qui s’arrête et entame un dialogue avec celui qui l’appelle et refuse de se taire est inestimable… (le reste….)


 


 

Tag(s) : #Etude de l'évangile de Marc
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