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Ce matin, 23 mars

Ce matin, 23 mars

Le 22/23 mars, 2021, de nouveau chez moi, en Virginie

Marc 10: 28-31


 

( Je n’en crois pas mes yeux, après un séjour dans la ville de Washington, la luminosité qui m’a accueillie ici est presque aveuglante, mais surtout les jonquilles sont partout … d’un autre côté, je ne peux oublier l’actualité avec les fusillades qui reprennent dans ce pays … une fois de plus)


 

La question de la richesse abordée par Jésus à propos de cet homme qui a décidé de ne pas le suivre car il ne pouvait pas y renoncer, n’est pas encore terminée tant les problèmes d’argent et de biens matériels jouent un rôle important dans la vie humaine. Nos nécessités matérielles sont basiques et incontournables et la ligne de démarcation qui existe entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas ( ou ceux qui ont besoin qu’on leur distribue de la nourriture gratuite et ceux qui n’en ont pas besoin, comme je me suis rendue compte à Washington... ! ) continue à diviser l’humanité en deux groupes bien marqués bien plus que les différences ethniques.


 

Mais comme d’habitude, Jésus ne l’aborde pas comme un sujet abstrait à débattre mais dans la réalité concrète de la vie et des engagements personnels de ceux qui l’entourent. Après sa rencontre avec l’homme qui avait beaucoup de biens et ses remarques sur les riches en général, on peut faire confiance aux disciples pour interroger Jésus et avoir des explications un peu plus fouillées sur la question.


 

(Que l’on y voie le résultat d’un effort de rédaction délibéré de la part de Marc, quand il rapporte les événements dont il a entendu parler et donne forme à cet évangile écrit, n’empêche que les réactions des disciples et leurs questions, portent la marque de la spontanéité devant les déclarations de Jésus qui vont à l’encontre de la mentalité populaire. Mais dans ce cas, la question de Pierre est un peu inattendue tout autant que la réponse de Jésus d’ailleurs. )


 

Pour nous qui lisons cet évangile, on s’était presque habitué à des disciples obtus qui passaient leur temps à faire des gaffes, et qui certainement ne vivaient pas à la hauteur de ce que Jésus enseignait, ou en d’autres termes, n’étaient pas dignes d’être ses disciples. Mais la question de Pierre nous rappelle que les disciples au début de l’évangile sont des personnes qui ont répondu à l’appel de Jésus et ont tout laissé pour le suivre…(D’un autre côté, elle reflète bien la mentalité de Pierre qui aimerait bien être récompensé)


 

Et nous alors?

 

 

Pierre se mit à lui dire: Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi. Jésus répondit: Je vous le dis en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. Plusieurs des premiers seront les derniers, et plusieurs des derniers seront les premiers.


 

Ce qui surprend le plus, c’est la réponse de Jésus, après ce qu’il vient de dire sur la richesse, pour un grand nombre de raisons, la première étant qu’il ne reproche pas à Pierre de vouloir une récompense, la deuxième, que la promesse de récompense qu’il fait à Pierre et à tous ces disciples, n’est pas dans l’au-delà mais ici sur terre, dans ce siècle là…et la troisième que la promesse est tempérée par la mention de persécutions … Ce n’est qu’à la fin qu’il mentionne quand même la vie éternelle ce à quoi, par contre on s’attend de la part de quelqu’un comme Jésus et qui nous renvoie à la question du jeune homme riche...

 

Les disciples ont certainement été l’objet de persécutions car beaucoup sont morts en martyrs mais ont-ils reçu des maisons, des frères….et des terres ?

 

Si on lit les actes des apôtres, serait-il que la famille qui leur a été donnée est celle de ceux qui se sont convertis et ont pris soin d’eux, en leur offrant l’hospitalité, en partageant leurs biens et leur demeure avec eux ? Est-ce cette nouvelle réalité dont Jésus a parlé et a dit à sa famille qui le cherchait et que l’on rencontre au début de l’évangile de Mark: (3:31-35)


 

Survinrent sa mère et ses frères, qui, se tenant dehors, l'envoyèrent appeler. La foule était assise autour de lui, et on lui dit: Voici, ta mère et tes frères sont dehors et te demandent.Et il répondit: Qui est ma mère, et qui sont mes frères? Puis, jetant les regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui: Voici, dit-il, ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, et ma mère.


 

(Pour ceux d’entre nous qui sommes allés vivre loin de nos familles et de nos pays d’origine pour un engagement chrétien, la notion de famille s’est élargie pour inclure bien d’autres personnes qui nous sont devenues très proches… Je suppose que les personnes qui sont engagées dans les ordres religieux en font l’expérience aussi)


 

Plusieurs des premiers seront les derniers, et plusieurs des derniers seront les premiers.


 

Cette phrase par contre, maintes fois citée, ne nous surprend pas de la part de Jésus et va bien dans le sens de ce qu’il a énoncé plus haut : une remise en cause des valeurs de la société dans laquelle il vivait et dans laquelle, on continue à vivre….


 


 

Que penser de tout cela ?


 

En tout cas en ce qui me concerne, Jésus continue à m’empêcher de faire ce que l’on veut toujours faire de lui : lui mettre une étiquette, lui coller une idéologie ( la nôtre), l’inclure d’une manière systématique dans nos débats sur un thème aussi polémique que la question des biens matériels ; on ne peut pas l’enfermer dans un anti richesse facile ou dans un éloge de la pauvreté qui est quelquefois une insulte au même titre que l’anti- pauvreté pour ceux qui ont un désir légitime d’une vie meilleure.


 

La réponse de Jésus montre que le renoncement qui est demandé au disciple, n’est pas un appel à un ascétisme stérile où l’être humain essaie de prouver sa valeur et sa supériorité grâce à un régime draconien d’auto-contrôle. Ce n’est pas du renoncer pour renoncer, c’est renoncer pour autre chose, car ce à quoi Jésus nous demande de renoncer, c’est ce qui dans notre vie est un obstacle à le suivre , à entrer pleinement dans le Royaume qu’il est venu annoncer.


 

Renoncer d’une manière ou d’une autre est une étape incontournable pour suivre Jésus contrairement à ce que disent ceux qui font de l’annonce de l’évangile, une entreprise de marketing…


 

Bref…


 

La question personnelle que cet enseignement m’oblige à me poser constamment : quel est l’obstacle qui m’empêche d’entrer pleinement dans le projet du Royaume aujourd’hui ?


 


 


 


 

Tag(s) : #Etude de l'évangile de Marc
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