21 janvier 2021 (banlieue de Washington D.C.)
(Pas de violence à déplorer en ce lendemain d’inauguration du nouveau président...faut dire qu’ils avaient mis le paquet...25.000 troupes …. pour protéger la démocratie...quel paradoxe...je dois avouer que j’en ai marre de voir tous ces drapeaux américains partout et d’entendre tous ces discours patriotiques sur la grandeur des États Unis...j’ai eu ma dose…. De quoi en avoir une indigestion !)
Marc 9 : 38-41
En vrac ?
Quand on aborde les versets suivants, on a vraiment un ensemble de déclarations de la part de Jésus qui donnent l’impression d’avoir été jetées pèle mêle les unes à la suite des autres. Face à cette disparité soit on peut retourner à la critique de Papias sur l’évangile de Marc qui disait que si Marc avait rapporté fidèlement les propos de Pierre sur Jésus, il ne l’avait pas fait d’une manière très ordonnée, soit on peut trouver un agencement subtil de déclarations qui cherchent à renforcer une idée force qui ne serait pas apparente et que les exégètes contemporains auraient récemment découvert.
D’un autre coté, je me rends compte quand j’écris un blog, qu’il faut vraiment faire un effort pour ramener ce qui s’est passé dans une journée sous une même unité, car si on est en chemin, comme l’étaient les disciples, ce qui conduit nos réflexions ce sont les personnes et les événements que l’on rencontre et non pas une idée force que l’on pourrait dérouler du début à la fin sur un thème précis.
On pourrait dire la même chose d’une certaine manière pour les souvenirs qui nous viennent à l’esprit et que l’on sollicite pour écrire : le choix que l’on fait est certainement conduit par des circonstances qui existent hors du texte rédigé. Quand Marc a dû écrire son évangile, il ne l’a pas fait tout d’une traite...et ce qui se passait dans sa vie et celle de la communauté autour de lui, l’a rappelé de ne pas omettre telle ou telle histoire...il y a certainement eu des interruptions dans sa rédaction...on ne peut évidemment que les imaginer.
Jean lui dit: Maître, nous avons vu un homme qui chasse des démons en ton nom; et nous l'en avons empêché, parce qu'il ne nous suit pas.
Ne l'en empêchez pas, répondit Jésus, car il n'est personne qui, faisant un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi.
Qui n'est pas contre nous est pour nous.
Ici, les circonstances de la déclaration de Jésus est donnée comme étant liée à un événement précis qui suit le fil conducteur de la formation au discipulat des 12 qui ont été choisis : c’est Jean (plutôt que Pierre) qui rapporte à Jésus qu’ils ont rencontré un usurpateur qui utilise « le nom de Jésus » (un label qui ne lui appartient pas) et qu’ils ont jugé de leur devoir de l’en empêcher.
Mon premier réflexe est d’ironiser en pensant à la chasse que l’on fait dans nos pays riches aux produits de contrefaçon pour protéger les grandes marques de luxe. On explique bien comment on peut s’assurer que le nom apposé sur l’objet ou son logo appartient bien à la marque en question. Ayant vécu en Amérique du Sud où beaucoup de pièces de vêtements étaient fabriquées dans des ateliers de fortune par des gens qui étaient mal payés, mais qui une fois arrivés aux États Unis ou en Europe recevaient le label de la marque prestigieuse en question où on ne faisait qu’y mettre une touche ultime, mon attitude a toujours été sceptique quand ces grandes entreprises se plaignaient du manque à gagner à cause de cette concurrence déloyale...
Ici, j’aimerais quand même en savoir plus, concrètement parlant. La question que je me pose est de savoir quelle relation avait ou avait eu avec Jésus cette personne solitaire qui chassait les démons et qui utilisait son nom. Faisait-il partie de ces disciples mentionnés auparavant auxquels il avait donné le pouvoir d’expulser les démons et dont on ne nous donne pas le nombre ni le nom mais qui n’appartenait pas à la garde rapprochée des 12 ? Ou était-il un observateur malin qui ayant vu le pouvoir de Jésus, a utilisé son nom comme une stratégie pour réussir ses expulsions de démon ? Cela voudrait-il dire, comme l’enseignent certains que le fait d’ajouter à la fin d’une prière la formule « au nom de Jésus Christ » sans plus ni moins, mode formule magique on est sûr d’être exaucé ?
L’identité de cette personne ne nous est pas expliquée et comme d’habitude Marc ne nous donne pas les détails que l’on voudrait avoir, pas facile donc de tirer des conclusions. Ce qui compte ici, c’est la réponse que Jésus donne aux disciples qui une fois de plus est l’occasion d’un enseignement et d’un éclaircissement et il faudra donc s’en satisfaire.
Ne l'en empêchez pas, répondit Jésus, car il n'est personne qui, faisant un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi.
Jésus ne semble pas du tout concerné par la question de savoir s’il utilise un pouvoir mal acquis. usurpé ou frauduleux pour obtenir des résultats: c’est totalement absent de sa réponse ce qui me fait me rendre compte à quel point on est nous obsédés par les questions de pouvoir et d’autorité.
Ce qui est au centre de sa réponse est toute autre : « il ne dit pas du mal de moi » Ce n’est même pas la question de savoir s’il croyait ou proclamait que Jésus était le Messie, l’expression négative donne l’impression d’une opinion a minima. Peut-être faut-il se souvenir pour mieux comprendre qu’il y avait des personnes ( les scribes) qu’il a accusé de blasphème parce qu’ils disaient que Jésus chassait les démons grâce à Satan ? Et la phrase suivante suggère-t-elle qu’il y avait tellement de gens qui étaient contre lui qu’il serait suffisant de ne pas l’être pour être acceptable ? Pour ceux qui ont vu Jésus en chair et en os, serait-il qu’il n’y avait pas de terrain neutre, on était pour ou contre lui ?
Qui n'est pas contre nous est pour nous.
La formule frappe très fort quand même et va très loin…
Tellement loin que quand on lit les commentaires sur ce passage, beaucoup s’empressent d’expliquer que cela ne veut pas dire que…. l’on ne peut pas condamner un tel ou un tel dont la théologie est douteuse…
Qui saura toutes les nuances ou toutes les applications pratiques que l’on pourrait donner à cette affirmation ?
Et quiconque vous donnera à boire un verre d'eau en mon nom, parce que vous appartenez à Christ, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense
Ce verset qui suit serait-il une application de ce que Jésus vient de dire ? On retrouve le « en mon nom » mais cette fois-ci c’est de quelque chose totalement différent dont il s’agit puisque l’on parle d’un geste de compassion en faveur de ceux qui suivent le Christ, les disciples qui l’entoure et avec lesquels il parle. Pourtant, il y a semble-t-il ce fil conducteur, ce même critère de la reconnaissance de la personne de Jésus, de la reconnaissance de qui il est, de son importance qui justifierait la récompense de ceux qui servent ceux qui le suivent les mettant du bon côté de l’histoire.
Ceux que l’on veut exclure, il y en a toujours...
Le raisonnement des disciples et leurs réactions, une fois de plus révèlent combien on aime faire partie de cliques, combien on a tendance à exclure facilement, combien on aime être les seuls à avoir droit à, surtout quand il s’agit de pouvoir et d’autorité...et une fois de plus aussi Jésus nous oblige à nous remettre en question, et à voir la poutre qu’on a dans l’œil au lieu de la poussière dans celui de l' autre…
Pas facile d’être un disciple de Jésus hier comme aujourd'hui!