Marc 9 :41-50
Le 27 janvier 2020, la campagne en Virginie,
(Le reste de la semaine s’annonce très froid avec des températures bien en-dessous de zéro pendant la nuit. On va s’assurer qu’on a plein de bois dans le hangar attenant à la maison pour ne pas avoir à aller le chercher loin quand il fera trop froid…)
De la valeur des disciples
Et quiconque vous donnera à boire un verre d'eau en mon nom, parce que vous appartenez à Christ, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense
Mais, si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui mît au cou une grosse meule de moulin, et qu'on le jetât dans la me
On en arrive maintenant à une série d’enseignements de Jésus, les uns après les autres qui sont en général des condamnations très fortes. On n’est pas très sûr du pourquoi, elles arrivent ici, et comme toujours on ne sait pas si c’est le résultat d’une compilation ou si elles ont été prononcées ensemble, mais elles sont là.
En tout cas, après avoir parlé de récompense pour celui qui donne à boire à ses disciples, il y a le jugement sans appel des autres : on retrouve le Jésus que l’on avait déjà vu, un Jésus qui condamne et qui dénonce, un Jésus où c’est la justice qui prévaut et pas la compassion, ni la grâce…
Un de ces petits qui croient
(Je me suis demandé s’il parlait d’enfants comme il en avait parlé un peu plus haut mais d’après ce que j’ai pu consulter , ne connaissant pas le grec, je ne pouvais pas moi-même, sur cette traduction être sûre de qui il désignait mais il semblerait qu’il ne fait pas référence aux enfants mais à ceux qui le suivent)
Ce que je note dans cette condamnation, c’est « il vaudrait mieux ». L’expression implique , en tout cas en français ( je vérifie que c’est bien un conditionnel en grec aussi) qu’il établit une équivalence pour donner une idée du sérieux de la faute, mais pas l’énonciation d’un verdict. C’est plutôt une figure rhétorique pour mettre en relief la gravité de ce qu’il dénonce.
Je ne veux pas pour autant en tirer des conclusions abusives, mais ce qui me vient à l’esprit c’est que quand les prophètes parlent de punition ou de jugement, ils annoncent ce que Dieu va faire s’ils ne se repentent pas. Dans cette phrase, Jésus ne joue pas le rôle de prophète, il est vraiment le maître, l’enseignant, celui qui explique, énonce et établit la règle : il ne s’en réfère à aucun autre que lui-même.
Mais il y autre chose aussi, il réaffirme l’importance qu’il donne aux disciples leur attribuant une valeur équivalente à la sienne : la récompense qui est offerte à ceux qui les aident et la condamnation envers ceux qui les critiquent le montrent bien malgré tous les travers et les incompréhensions qu’ils peuvent avoir et que cet évangile ne cache pas. C’est une affirmation de leur valeur, surtout des plus humbles parmi eux pas seulement ceux qui pourraient être considérés ou se considérer comme les plus importants (comme le seraient les 12) L’injonction est donc adressée à ceux qui ne font pas partie du groupe des disciples et leur sert d’avertissement : Jésus est une fois de plus l’avocat et le défenseur de ses hommes qu’il a choisi et de ceux aussi qui l’ont choisi.
On ne joue pas avec le feu…
Maintenant, c’est aux disciples qu’il s’adresse directement :
Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la; mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie,
que d'avoir les deux mains et d'aller dans la géhenne, dans le feu qui ne s'éteint point.
Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le; mieux vaut pour toi entrer boiteux dans la vie,
que d'avoir les deux pieds et d'être jeté dans la géhenne, dans le feu qui ne s'éteint point.
Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le; mieux vaut pour toi entrer dans le royaume de Dieu n'ayant qu'un œil, que d'avoir deux yeux et d'être jeté dans la géhenne,
où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s'éteint point.
Car tout homme sera salé de feu.
Le sel est une bonne chose; mais si le sel devient sans saveur, avec quoi l'assaisonnerez-vous? Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix les uns avec les autres.
L’exigence qu’il a envers eux est sans concession...Pas de demie mesure pour ses disciples, pas de casuistiques et pas de légalismes non plus : ce n’est pas du oui mais, ou du non mais, ou en vertu des circonstances, dans certains cas, on pourrait dire que…C’est clair, c’est net !
Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la;
(Selon l’auteur Derrett, l’amputation d’une main, d’un pied ou même d’on œil comme châtiment était pratiqué à l’époque chez les peuples alentours, même l’historien Josephus le mentionne dans un de ses écrits ce qui fait que les auditeurs de Jésus et les disciples ne seraient pas surpris par la force de ses exemples. Évidemment on sait que dans les cultures islamiques, l’amputation d’une main pour cause de vol est prescrite dans le Coran même si elle est peu pratiquée aujourd’hui)
Si ta main, ton œil, ton pied est une occasion de chute : n’est précisé d’aucune manière de quel péché ou faute exactement il s’agit, Jésus suggère mais ne nomme pas laissant à chacun le soin de nommer et donc d’assumer la faute particulière qui lui échoit sinon, ce serait trop facile. Il met sur les épaules de l’individu la responsabilité de se corriger lui-même. Il n’est pas question de tribunal qui punit, c’est l’individu mûr et responsable qui doit prendre les mesures pour l’empêcher de commettre une faute grave…C’est une morale sage de prévention après, il sera trop tard.
(Le mot « empowering » qui est devenu à la mode en français, avec celui de coach, me vient à l’esprit quand je lis ces injonctions car la faute retombe totalement sur les épaules de celui qui la commet ce qui démontre que c’est lui qui contrôle ses actes)
A noter aussi, que la faute n’est pas sur l’objet du désir ou de la convoitise….. Les parties du corps mentionnées dont le disciple doit se débarrasser dénotent certainement même si c’est symboliquement, parmi d'autres, celles du désir sexuel interdit et là ce n’est pas l’autre, la femme en l’occurrence qui est la cause de la chute, mais bien celui qui se met dans une situation qui y conduit. Pas d’Adam qui dit à Eve, c’est toi qui m’a fait chuter, ou de David qui dirait à Bethsabe, c’est de ta faute si je t’ai désirée car je t’ai vu prendre ton bain...
Jésus dit haut et fort ne jouez pas avec le feu...et le feu pour certains, c’est l’alcool, la drogue, les médicaments, les films pornographiques, le jeu, la cigarette, impulse buying , les réseaux sociaux (je connais beaucoup de personnes qui ont décidé de fermer leur compte Facebook n’arrivant pas à se limiter dans son usage)….Pour tous ces gens, les demies mesures ne servent à rien : pour les gens qui ont été accro à des substances addictives, s’en débarrasser est extrêmement difficile et douloureux et l’abstinence totale pendant au moins un certain temps ou même toute la vie, est la seule solution.
Dans ces avertissements, Jésus fait entrer en jeu, la menace du châtiment (la gehenne) : il utilise, la vieille méthode du « tu seras puni » pour encourager ses auditeurs avec ce « il vaut mieux ». Le ressort de l’obéissance ou de la gratuité n’est pas mise en jeu, c’est la peur des conséquences qu’il utilise comme motivation…méthode vieillote et suspecte … mais extrêmement efficace, en tout cas avec les enfants, mais aussi avec les jeunes et même les adultes, la peur du gendarme on dirait autrefois….
Et puis le texte se termine avec le symbole du sel, que tout le monde comprend (par contre salé de feu, est une expression dont la signification n’est pas évidente, certains pensent qu’elle fait référence à la persécution) pour expliquer ce qu’il attend de ses disciples : non pas qu’ils soient des gens biens, mais des gens d’un autre calibre, responsables de leurs actes et pour lesquelles Jésus exige une intégrité à toute épreuve
Ni plus, ni moins.
* * *
Je suis étonnée de me rendre compte qu’un enseignement comme celui-là de Jésus, finalement me plaise...Les lignes ne sont pas floues, elles sont claires, elles sont simples dans leur exigence sans com promis : on sait ce qu’on demande de nous, on sait comment on doit agir surtout après une chute. C’est rassurant d’une certaine manière. Comme un général qui prépare ses troupes pour affronter les combats Jésus prépare les disciples en leur enseignant comment faire face. Pas de compromis avec ce qui est « une occasion de chute » dit-Il : il les oblige à prendre toute la mesure de leurs responsabilités, il les pousse dans leurs retranchements.
Malheureusement, on l’a certainement oublié et tous les scandales qui ont entouré les hommes d’église et qui les entourent encore (pédophilie, corruption, adultère) continuent à nous éclabousser tous et à faire tant de victimes que ces enseignements de Jésus et la condamnation qui les accompagne pour nous en dissuader ne semblent pas si sévères que cela.
Qu’est-ce qui m’est une occasion de chute et que je dois couper ?
( je le sais très bien...je me le suis promis dans mes résolutions de la nouvelle année!)