Le 22 Octobre 2020,
Journée chaude et ensoleillée (27 degrés!)
Ce soir, dernier débat présidentiel et couvre feu en Haute Loire… alors c’est pas le moment de rentrer.. .Pour me changer les idées et penser à autre chose, l’étude de l’évangile est bienvenu.. .il faudra bien pourtant revenir ici, en tout cas, je peux toujours admirer la beauté du spectacle automnal tout autour de moi si j’ai besoin de me changer les idées…
Un miracle avec moult détails...Marc 7: 31-37
Jésus qui guérit les malades, n’a maintenant plus rien d’étonnant, c’est mentionné tellement souvent, qu’on n'a pas envie de s’y arrêter...On se demande quand on en lit un exemple de plus pourquoi celui-là plus qu’un autre...parce que ça s’est passé et que donc on l’a raconté, est la réponse la plus naturelle ou la plus évidente...mais ce qui est frappant, ce sont les détails que l’on nous donne…
Jésus quitta le territoire de Tyr, et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le pays de la Décapole.
On lui amena un sourd, qui avait de la difficulté à parler, et on le pria de lui imposer les mains.
Il le prit à part loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et lui toucha la langue avec sa propre salive;
puis, levant les yeux au ciel, il soupira, et dit: Éphphatha, c'est-à-dire, ouvre-toi.
Aussitôt ses oreilles s'ouvrirent, sa langue se délia, et il parla très bien.
Jésus leur recommanda de n'en parler à personne; mais plus il le leur recommanda, plus ils le publièrent.
Ils étaient dans le plus grand étonnement, et disaient: Il fait tout à merveille; même il fait entendre les sourds et parler les muets.
De plus en plus, je remarque qu’autant cet évangile est vague en ce qui concerne la chronologie des événements, autant au contraire il est précis quand il s’agit des lieux où Jésus se déplace et où il se trouve . D’une certaine manière, ce n’est pas étonnant, à une époque où l’on avait ni montre, ni pendule et encore moins de chronomètre, les rapports spatiaux étaient plus facilement attachés à un souvenir qu’un marqueur temporel à moins qu’on ne puisse le rattacher à l’approche d’une fête religieuse ou d’un événement rituel comme peut l’être le sabbat par exemple.
De nouveau, on voit une situation où ce n’est pas la personne elle-même qui fait la demande d’une guérison mais un proche et la demande de lui imposer les mains, un geste assimilable à une bénédiction est signe de la reconnaissance du pouvoir bienfaisant de Jésus. De plus, comme ça a été le cas dans la guérison/résurrection de la fille de Jairus, le chef de la synagogue, il ne veut pas faire un spectacle de la guérison de ce sourd muet et donc s’éloigne de la foule.
Ce qui est ici étonnant il me semble, ce sont les détails donnés sur la manière dont Jésus a guéri cet homme : le toucher. On ne parle pas ici de la compassion de Jésus envers cet homme, mais ce sont ses gestes qui en parlent. Il y a quelque chose de très intime dans la manière dont il lui met les doigts dans les oreilles et lui touche la langue avec la salive : on dirait un guérisseur traditionnel plutôt que l’homme qui a autorité comme il est présenté autre part. Et on retrouve, comme dans le cas de la guérison de la fille de Jairus, un mot conservé dans la langue originale araméenne « ephphatha »ouvre-toi qui atteste de l’origine orale de cet épisode.
( pour ceux qui comme Jésus veulent avoir un don de guérison, des passages comme celui-là sont scrutés pour essayer de trouver une méthodologie pour en opérer une ...Pour d’autres, l’épisode démontre que finalement Jésus était un guérisseur comme les autres et le mot rapporté de ephphatha tient de la formule magique et c’est pour cela qu’il est donné dans sa langue originale… mais en faisant cela où on oublie, l’allusion à la prière que Jésus fait en « levant les yeux au ciel », finalement pour d’autres encore, l’historicité du passage est mise en doute tout simplement parce- il s’agit d’ un phénomène surnaturel...)
L’épisode termine par la recommandation de Jésus de n’en parler à personne ( ce n’est pas une première) ce que l’homme qui a été guéri ne fait pas ( ce qui ne l’est pas non plus). Mais c’est le commentaire sur l’admiration de la foule devant Jésus, qui peut être nous donne une indication sur le pourquoi ce miracle particulier nous a été rapporté, quand il cite presque directement, un des textes d’Isaïe interprété comme annonçant la venue de Jésus « Alors s'ouvriront les yeux des aveugles, S'ouvriront les oreilles des sourds »
Évidemment cette belle parole de Jésus, Ephphatha, « ouvre toi » et cette scène de Jésus qui touche les oreilles et la langue du sourd muet, ne peut qu’être émouvante car elle ouvre tout un éventail d’interprétations symboliques même si elle est simplement rapportée ici comme une guérison uniquement physique sans que l’auteur lui attribue une dimension spirituelle particulière ; elle nous parle à nous d’une libération profonde, qui conduit à la libération de la parole.
( C’est peut-être pour cela que l’on remet en cause son historicité car elle est trop porteuse de sens ...et je ne peux m’empêcher de penser, en tout cas à ceux qui sont en attente de ce « ouvre toi » : ceux qui bégaient, ou surtout ceux qui deviennent silencieux après une expérience traumatique, comme l’histoire tristement célèbre de la poétesse Angela Mayou qui enfant a cessé de parler pendant 5 ans après qu’elle ait dénoncé l’homme qui l’avait violé...et que celui-ci en représailles ait été battu à mort…)
Libérer la parole de ceux qui ont peur de parler, de ceux que l’on a voué au silence, ouvrir les oreilles et l’entendement de celui dont le cœur meurtri s’est fermé au message d’amour inconditionnel que peut-être la bonne nouvelle...les paroles d’Isaïe qui annoncent les temps messianiques ont de quoi nous faire rêver :
Alors s'ouvriront les yeux des aveugles, S'ouvriront les oreilles des sourds;
Alors le boiteux sautera comme un cerf, Et la langue du muet éclatera de joie. Car des eaux jailliront dans le désert, Et des ruisseaux dans la solitude;
Ce n’est pas étonnant qu’évangile de Marc veuille dire « bonne nouvelle »!
P.S: Le 23 octobre… Par contre, les hommes politiques, eux ils ne nous font pas rêver...mais on ne leur en demande pas tant… on voudrait qu’ils ne nous fassent pas au moins désespérer !