Mercredi 16 septembre, 2020, La Virginie,
Cette fois-ci, j’en suis sûre, c’est vraiment l’automne : le thermomètre est descendu au-dessous de 10. Étonnant quand même…
Lecture méditation…
Quand on lit un livre de méditation, quelquefois ça tombe à plat, ça ne nous parle parle pas : trop spirituel, trop irréel, trop mièvre, trop , trop...Évidemment, le livre que je suis en train de lire (parce que je l’ai trouvé télécharger sur mon nouvel (mais pas neuf) ordinateur a un titre et un thème pas très porteur « Our greatest gift : a meditation on dying and caring » dont l’auteur est un écrivain prêtre de renom, Nouwen, pour le coup décédé...C’est quelqu’un en tout cas que je lis avec plaisir généralement
Mais avec un thème comme celui-là on risque de se retrouver avec des idées ou des phrases qui nous font sursauter tant elles semble morbides ou elles sonnent faux et on se dit que c’est très bien pour des gens qui vivent dans le milieu fermé de communautés religieuses coupés du réel et des luttes quotidiennes mais pour les autres…
Peut-être est-ce parce que ces derniers temps je me suis occupée d’enfants en bas âge et pas d’adultes en fin de vie, que penser à la mort et m’y préparer comme il le préconise, pour mieux vivre dans le présent ne me parle pas particulièrement...mais tout à coup l’auteur a parlé d une rencontre avec des acrobates de haute voltige qui m’a profondément touchée..
C’était au cours d’une conversation, où il demandait aux acrobates (Rodleighs étaient leur nom) de lui expliquer comment ils s’y prenaient pour faire leur acte qui avait l’air si dangereux que l’un des deux a fait ce qui pour moi a été une révélation étonnante…Je cite le passage ( ma traduction)
« le voltigeur ne fait rien, c'est le porteur qui fait tout […] « Vous ne faites rien » ,lui dis-je surpris, « Rien »Rodleigh répéta « le pire que le voltigeur puisse faire est d’essayer d’attraper le porteur. Je ne dois pas essayer d’attraper Joe. C’est à Joe de m’attraper moi. Si j’essayais d’attraper les poignets de Joe je pourrais les casser et ils pourrait casser les miens et ça serait la fin pour tous les deux. Un voltigeur doit voler et un porteur doit attraper, et le voltigeur doit avoir pleine confiance confiance avec ses bras grand ouverts que le porteur sera là pour l’attraper
Cette image de cet homme qui s’élance dans le vide avec l’assurance que l’autre va le rattraper pour qu’il ne tombe pas, elle m’est apparu tout à coup lumineuse….surtout pour moi qui ai toujours eu peur du vide, peur de tomber, je ne peux qu’être émerveillée par la confiance totale en l’autre qu’elle suppose de la part de celui qui s’élance vers son partenaire…
C’est la meilleure illustration de la foi que je connaisse, ce que Kiergergaad appelait le saut de la foi : la foi, au début, c’est toujours un saut dans le vide ….décider que l’on va suivre le chemin indiqué par Jésus et rien d’autre, c’est un vrai saut ou un pari comme l’avait dit Pascal, un pari que l’on n’est pas sûr de gagner…
(et évidemment la mort c’est un saut dans le vide...sauf qu’on n’a pas le choix, on est obligé de le faire à un moment donné, prêt ou pas prêt…)
Le saut de la foi, il est à refaire chaque fois qu’on accepte de prendre des risques pour garder son intégrité, pour répondre à un appel, pour dénoncer une injustice mais surtout chaque fois qu’on décide de s’ouvrir et d’aimer un nouveau prochain…
Mais ce que cette histoire me rappelle avant tout, ce n’est pas tant le risque que ce saut suppose, mais c'est la confiance que l'on a besoin d'avoir en la présence de Celui qui est là pour nous rattraper sans qu’on ait rien à faire car on gâcherait tout si on essayait ... comme l’a dit cet acrobate de haute voltige.
C’est ce « faire confiance » absolu, total, qui est extraordinaire
Qui nous donne la liberté de voler
Et nous guérit de la peur de tomber …
Puissé-je avoir une telle confiance en Dieu !