Marc 6: 47-56
Septembre 18, 2020
L’histoire du miracle inaperçu, ou plutôt reconnu et raconté plus tard en tant que tel...a été l’occasion pour moi de réfléchir et de me rendre compte qu’effectivement, j’avais fait l’expérience de miracle ( des vrais ! Autrement dit des événements qu’on peut vraiment dire qu’ils étaient miraculeux car ils ont nécessité une intervention externe, soit divine moi) mais que ce n’est qu’après, bien après que j’ai réalisé que c’était le cas...alors est-ce réécrire le passé que de l’affirmer ou réécrire le présent d’hier en un passé qui lui soit étranger ? (En fait, le plus récent est le miracle que mon mari ne soit pas mort du Covid...)
Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer, et Jésus était seul à terre.
Il vit qu'ils avaient beaucoup de peine à ramer; car le vent leur était contraire. A la quatrième veille de la nuit environ, il alla vers eux, marchant sur la mer, et il voulait les dépasser.
Quand ils le virent marcher sur la mer, ils crurent que c'étaient un fantôme, et ils poussèrent des cris;
car ils le voyaient tous, et ils étaient troublés. Aussitôt Jésus leur parla, et leur dit: Rassurez-vous, c'est moi, n'ayez pas peur!
Puis il monta vers eux dans la barque, et le vent cessa. Ils furent en eux-même tout stupéfaits et remplis d'étonnement;
car ils n'avaient pas compris le miracle des pains, parce que leur cœur était endurci.
Marcher sur les eaux pourquoi pas ?
S’il on en croit le texte, cet épisode, appartient à celui qui vient de nous être raconté et remonte à celui qui commence beaucoup plus haut (v.30) par la session de debriefing des apôtres qui ont été envoyés en mission. La scène qui nous est décrite arrive naturellement après celle où Jésus après avoir donné à manger à la foule a dit à ses disciples de partir en barque et lui après s’être chargé de renvoyer la foule s’est éloigné pour aller prier.
Il semble donc normal de lire que Jésus s’étant attardé à la prière, veuille rejoindre les disciples qui eux sont partis en barque quelques heures auparavant ..Et c’est là que je ne peux pas m’empêcher de faire une réflexion un peu cavalière peut-être mais qui me vient à l’esprit (étant donné qu’on ne sait pas ce qui s’est passé dans la tête de Jésus, on peut dire tout et N'IMPORTE quoi) en me disant qu’Il ait pu pensé :pourquoi ne pas utiliser mes pouvoirs « extra terrestres » pour les rejoindre en marchant sur les eaux, c’est plus simple que d’essayer de faire le tour du lac… pensant qu’il arriverait après ou en même temps qu’eux...mais son plan n’a pas marché car la barque était toujours au milieu du lac et les apôtres l’ont vu ce qu’il n’anticipait pas….
Toujours est-il que ce ‘marcher sur les eaux », comme la multiplication des pains apparaît de nouveau dans un contexte où l’intention de Jésus ne semble pas avoir été d’impressionner les disciples par son pouvoir de « fils de Dieu », mais de vouloir tout simplement les rejoindre sauf que cette fois-ci, contrairement à l’épisode précédent, les disciples ont réagi avec étonnement et admiration devant la capacité de Jésus a influé sur les forces de la nature...C’est alors que l’on trouve ce commentaire qui nous renvoie à l’épisode précédent et montre qu’ils n’avaient pas remarqué son caractère miraculeux : « car ils n'avaient pas compris le miracle des pains, parce que leur cœur était endurci. »
La foule, une menace que l’on fuit
Après avoir traversé la mer, ils vinrent dans le pays de Génésareth, et ils abordèrent.
Quand ils furent sortis de la barque, les gens, ayant aussitôt reconnu Jésus,
parcoururent tous les environs, et l'on se mit à apporter les malades sur des lits, partout où l'on apprenait qu'il était.
En quelque lieu qu'il arrivât, dans les villages, dans les villes ou dans les campagnes, on mettait les malades sur les places publiques, et on le priait de leur permettre seulement de toucher le bord de son vêtement. Et tous ceux qui le touchaient étaient guéris.
Après ce regard intime en quelque sorte sur la relation privilégiée entre Jésus et ses disciples que l’on voit engagé dans une véritable session de formation avec eux, on va retrouver le Jésus des foules...enseignant, chassant les démons et guérissant. L’enthousiasme de ceux qui le cherchent est réitéré et explique facilement pour des raisons autant politiques que religieuses, l’inquiétude des autorités juives qui sont arrivées à créer un modus vivendi avec les autorités romaines et voient d’un mauvais œil toute personne qui pourrait le remettre en cause.
La popularité de Jésus fait de lui un chef possible d’une insurrection populaire où les juifs auraient beaucoup à perdre…et on comprend mieux leur désir de le contrôler aussi bien que leurs réticences envers un homme qui n’avaient pas peur de confronter ses détracteurs. Il suffit de se souvenir du texte de l’historien Josephus Flavius qui expliquait la raison pour laquelle Jean le Baptiste avait été mis à mort par Hérode : « Hérode commença à craindre qu’une telle faculté de persuader la foule ne suscitât une révolte, cette foule semblant prête à suivre en tout les conseils de cet homme. Hérode décida de se débarrasser de lui ». Jésus, qui paraissait pour certains être son émule, pourrait subir le même sort.
Mais cette foule qui arrive de partout et se presse contre lui, ne m’inspire pas à moi de la compassion mais de la peur.. la peur d’être agressée physiquement....J’ai dans la tête ces images de foules affamées et hurlantes de mes livres d’histoire sur les émeutes populaires au temps de la révolution françaises ...mais J’ai aussi entendu des personnes qui ayant voyagé en Inde expliquent comment on leur conseille d’éviter certains quartiers et surtout de ne pas donner de l'argent aux mendiants sinon on est assailli de toute part, une expérience que moi je n’ai jamais eue même si j’ai vécu dans des endroits difficiles.
(Cette peur fondamentale en réalité révèle peut-être mon statut de privilégiée qui a peur qu’on lui enlève ce qu’elle a et est aussi caractéristique de la stratégie universelle qui consiste à vivre dans de sbeaux quartiers où l’on peut parler de la misère du monde, sans prendre des risques de s'y frotter, bien au chaud cez sois…)
Les foules, on les fuit.
Jésus, même s’il s’éloigne le temps d’une soirée pour reprendre ses forces, il ne les fuit pas et on peut s’approcher de lui pour le toucher…
Ce besoin de toucher qu’ont toutes les personnes qui sont en souffrance, mais aussi d’être touché est un trait universel et c’est un autre aspect de ce texte qui m’interpelle. On nous dit que ceux qui touchaient son manteau étaient guéris...Jésus non seulement ne fuit pas les foules mais il se laisse toucher par elles et répond à leur demande en les guérissant : il y a un véritable échange qui se produit.
Alors peut-être que marcher sur les eaux est plus spectaculaire mais à la fin de ce chapitre, j’en resterai avec cette remarque qui semble anodine d'un Jésus dont on peut toucher les vêtements:
Qui est donc ce Jésus?
Celui qui touche et se laisse toucher par la misère humaine…