Une initiative sympa en ces jours de confinement
Samedi 28 mars, 2020, Virginie
Ce mois de mars, on s'en souviendra, ce mois où tout a basculé, où de l'insouciante liberté de se déplacer, de sortir et de se promener on est passé au confinement...d'un monde où les mots d'ordre étaient, laissez vivre, laissez faire, laissez passer, on est passé à ceux de, restez chez vous, ne faites pas ce que vous voulez, soyez responsable, prenez soin de votre voisin, (des vrais mots d'ordre pour le coup avec amende à l'appui)
On se rend compte en cette période de distanciation sociale obligatoire que l'on est tous connectés et que la manière dont je vis moi, a des conséquences sur la vie des autres... que mon insouciance et mon plaisir à moi, peuvent causer la mort d'autrui, que la solidarité n'est pas une option mais une nécessité et que l'égoïsme n'est pas simplement un vilain défaut mais un péché mortel...
Qui l'eût cru que notre société friande de liberté (et de libertinage) soit obligée à pratiquer les vertus chrétiennes et celle par excellence du fameux: "aime ton prochain comme toi-même" pas pour l'amour de Dieu mais par décret gouvernemental car c'est une question de vie et de mort.
Le premier bien, celui qui sauve notre société en ces temps de pandémie, il n'est pas un droit, le droit à la liberté que l'on revendique haut et fort et pour lequel on manifeste incessamment, mais il est un devoir, le devoir d'aimer dans le sens le plus fort du terme, celui qui donne à l'autre toute son importance et lui reconnaît son droit de vivre.
La morale laïque dirait-on, mais pourquoi la restreindre en la qualifiant de laïque, il s'agit de la morale tout court, ou plutôt de la morale universelle, donnée à un certain Moïse sur le Sinaï et que Jésus a résumé en deux commandements,
Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C'est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.
(Alors évidemment, le premier il n'est pas laïc, ce n'est que le deuxième mais qu'on le veuille ou non ils sont étroitement liés et l'inspiration et le fondement du deuxième vient du premier)
On a vu ces images de jeunes insouciants ou de vieux récalcitrants, se moquant des avertissements de ceux qui leur disaient de faire attention, dans les bars du pays, le verre à la main, trinquant à leur santé à eux. Elles semblent obscènes maintenant qu'elles sont remplacées au fur et à mesure que la pandémie arrive, par les images de ses hommes et ses femmes revêtus de blouses blanches, derrière des masques protecteurs à l'air épuisé et de ses couloirs d'hôpitaux encombrés de lit de patients ...
C'est vrai qu'il est difficile d'être solidaire de ceux que l'on ne voit pas ou l'on ne connaît pas jusqu'à ce qu'ils deviennent un proche, jusqu'à que les visages anonymes cessent de l'être... Aimer à distance ça ne fonctionne pas très bien
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Ici dans ma campagne de la Virginie, ils sont encore éloignés tous ces proches lointains: les hôpitaux ne sont pas pleins à craquer et les maisons sont bien éloignées les unes des autres, même si sur cette ferme familiale, on peut se rendre à pied d'une maison à une autre . Ce n'est qu'aux infos que l'on voit les ravages de cette épidémie. Elle s'approchera certainement de nous, mais je mesure en tout cas la chance que j'ai d'être dans ce lieu vaste entouré de champs quand d'autres vivent dans des appartements étroits où l'on est les uns sur les autres.
Alors qu'est-ce que ca veut dire pour moi, d'être solidaire à part être sûre de ne pas être contaminée en ne voyageant pas en dehors de ma région, moi qui peut sortir librement....?
Il ne m'est pas demandé dans ces moments pourtant exceptionnels de faire preuve d'acte d'héroïsme et pour moi qui ait été habituée à être au milieu de l'action, c'est un peu vexant et frustrant, je dois l'avouer ....
Il y a pourtant ces unes et mille petites choses quotidiennes qui resteront anonymes et auxquelles je ne devrais pas manquer d'être fidèle sous prétexte, justement que ça a l'air d'être insignifiant...