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Le 3 décembre 2019, USA,

Le temps passe, les saisons vont et viennent: on est en hiver maintenant (même si pas officiellement), la température se maintient autour des 10 degrés (celtius) pendant la journée et au-dessous de zéro pendant les nuits, les arbres n'ont plus beaucoup de feuilles...qui dit décembre dit Noël avec tout ce que ce mot peut signifier aujourd' hui et qui ne semble pas avoir grand chose  avec cette histoire du Jésus de Marc dont j'essaie de déchiffrer le sens...

Et pourtant il est incontournable ce Jésus, il nous faut nous replonger dans cette Palestine d' il y a deux mille ans pour comprendre quelque chose à cette folie des fêtes de Noël, plus ou moins païennes, et à la formation des empires depuis, dont un grand nombre se sont revendiqués de la venue de Jésus dans ce coin perdu du monde...(et d'autres continuent à le faire pour le meilleur et pour le pire.) Sans cet événement si lointain, notre monde aurait un autre visage...mais lequel?  Ou peut-être qu'il n'aurait plus de visage du tout et se serait auto-detruit? Considérations vaines s'il en est car comment prédire ce qui n'a pas eu lieu...on peut dire tout et n'importe quoi.


Les disciples de Jean et les pharisiens jeûnaient. Ils vinrent dire à Jésus: «Pourquoi les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnent-ils, tandis que tes disciples ne jeûnent pas?»  Jésus leur répondit: «Les invités à la noce peuvent-ils jeûner pendant que le marié est avec eux? Aussi longtemps que le marié est avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Les jours viendront où le marié leur sera enlevé, et alors ils jeûneront durant ces jours-là. Personne ne coud un morceau de tissu neuf sur un vieil habit, sinon la pièce neuve ajoutée arrache une partie du vieux, et la déchirure devient pire.  Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres, sinon les outres éclatent, le vin coule et les outres sont perdues; mais [il faut mettre] le vin nouveau dans des outres neuves.»

 

On avait presqu' oublié ce Jean du début de l'histoire  mais il réapparaît ici et on ne s'étonne pas qu'on nous dise des disciples de Jean qu'ils jeûnaient, ça va avec le portrait qui nous en a été fait . Le jeûne, les pratiques ascétiques sont assez universelles pour qu'on n' y voit rien d'anormal.,  une pratique qui est attendue de personnes qui suivent un maître pour en devenir les disciples.

Cependant le jeûne n'était que pratiqué très peu dans la religion juive en général (selon les lectures que j'ai pu faire.. d'abord, ca ne faisait pas l'objet d'un commandement comme le sabbat par exemple et c'était fait rituellement uniquement au moment de la fête du jour de Yom Kippour).  Les disciples de Jean et les pharisiens se distinguaient donc des autres parce que eux jeûnaient régulièrement. On sait en tout cas que les Pharisiens jeûnaient deux fois par semaine et la secte juive dont on a retrouvé les documents dans les caves du Qumrân attestent de cette pratique

( il est intéressant de noter que l'on nomme les disciples de Jean dans le même groupe que celui des pharisiens...on est plutôt habitué aux scribes et aux pharisiens nommés ensemble)

En tout cas, il était tout a fait normal pour ceux qui observaient Jésus de demander pourquoi il n'exigeait pas de ses disciples qu'ils jeûnent. C'était très tendance, si on peut dire et on s'attendrait à ce que ce soit une des pratiques de ce nouveau groupe que Jésus était en train de former. Mais une fois de plus ici Jésus surprend et se distingue du lot en ne faisant pas du jeûne une pratique religieuse au centre de son enseignement.

Jésus leur répondit: «Les invités à la noce peuvent-ils jeûner pendant que le marié est avec eux? Aussi longtemps que le marié est avec eux, ils ne peuvent pas jeûner.  Les jours viendront où le marié leur sera enlevé, et alors ils jeûneront durant ces jours-là."

 Et sa réponse casse toutes les tentatives de faire du christianisme, un ordre monastique, une religion dont le but serait le perfectionnement de soi, qui donnerait une valeur aux privations, aux sacrifices que l'on s'impose pour se châtier, une ascèse qui finalement ferait du disciple quelqu'un qui cherche avant tout à atteindre un nirvana individuel, une poursuite très auto centrée finalement, voire égoïste...   

La réponse de Jésus valide (pour moi) le droit d'être heureux...si Jésus est avec eux, il n'y a pas de raison d'être triste, pourquoi chercher la souffrance quand le bonheur est là à notre portée...pourquoi  ne pas profiter des gens qui nous sont chers et qui sont vivants autour de nous...ils partiront un jour, le malheur arrive toujours et quand il arrivera alors on pourra être triste...Pour moi ça rejoint l'enseignement d' Ecclésiaste " il y a un temps pour tout sous le soleil, un temps pour rire et un temps pour pleurer"

Alors, je sais que j'en rajoute et que j'extrapole, Jésus parle ici de ses disciples et de lui qui est encore vivant et qui sera plus tard mené à la croix et à la mort, mais ce qu' il dit n'est pas anecdotique car il étend sa réponse en ne s'arrêtant pas à la question du jeûne...On voit là Jésus qui part d'une question particulière pour enseigner un principe plus large quand il continue à expliquer...

Personne ne coud un morceau de tissu neuf sur un vieil habit, sinon la pièce neuve ajoutée arrache une partie du vieux, et la déchirure devient pire. Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres, sinon les outres éclatent, le vin coule et les outres sont perdues; mais [il faut mettre] le vin nouveau dans des outres neuves.»

Jésus encore une fois persiste et signe: je ne suis pas comme les autres, je ne suis pas un prédicateur de plus qui explique les enseignements de la Torah, je suis venu apporter quelque chose de totalement nouveau. Mais étant donné les relations conflictuelles entre les juifs et les chrétiens au cours des siècles suivants marqués par un renversement total de pouvoir et de situation quand les juifs sont passés de persécuteurs à persécutés, malheureusement le regard que l'on jette sur cette déclaration nous a conditionné à les  interpréter comme un rejet du judaïsme dans sa totalité.

Pourtant ici Jésus ne remet pas en question  son appartenance au judaïsme, ni son identité juive il affirme sa singularité et son autorité et selon les commentaires de certains exégètes cette déclaration dans cet évangile, serait  adressée à la situation de conflits dans les assemblées naissantes au moment de sa rédaction où la question des relations entre chrétiens d' origine juive et les autres n'était pas encore réglée...elle serait une réaffirmation (paulienne) que les disciples du Christ d'origine "païenne" n'auraient pas à suivre les lois juives ou plus encore pourraient créer leurs propres assemblées sans référence au judaïsme. Quoiqu'il en soit, on ne peut pas nier que cette image des outres nouvelles pour recevoir le vin nouveau fait état de l'ouverture de Jésus à d'autres modes d'être communauté que ceux qui existaient dans le judaïsme tel qu'il était vécu et compris à son époque.

2000 ans après comment appliquer ou interpréter cet enseignement, maintenant que le judaïsme et le christianisme se sont irrémédiablement séparés? Reconnaître et renouveler les racines juives du christianisme est certainement utile,valide , et même indispensable, mais retrouver une unité passée est difficilement réalisable (à part  les églises messianiques où les fidèles d'origine juive mais convertis au christianisme essaient de retrouver cette unité) quand l'identité juive aujourd' hui se pense d'abord comme une ethnicité  non pas comme une appartenance religieuse....avec en plus un ancrage territorial qu'est l'État d' Israël... N'est pas juif qui le veut même si certains font la démarche de conversion dans le cadre d'un mariage...

 

Pour moi, l'application de ce texte à notre situation contemporaine, est une affirmation de la validité de la formation de ces nouvelles églises qui naissent un peu partout dans le monde entier et se créent en dehors de celles traditionnelles ou historiques qui se sont sclérosées, rétrécies au cours des siècles ( ou des décades)et ont cessé d'être porteuses de ce vin nouveau que Jésus est venu apporter...

D'un côté on a ce mouvement d'unité des chrétiens et d'œcuménisme qui est cher à certains qui voient dans le manque d'unité tous les maux du christianisme (en général en Europe et surtout chez les catholiques pour qui sans l'avouer, unité c'est le retour de toutes les églises sous la gouvernance du pape, évêque de Rome) mais d'un autre, on a une pléthore de mouvements nouveaux qui se revendiquent de Jésus Christ et d'une onction particulière de l'Esprit Saint qui bousculent les structures traditionnelles ....(et pour ceux qui ne brûlent pas comme un feu de paille mais mûrissent, après la mise en place de nouvelles structures ils vont aussi se scléroser et auront besoin d'être bousculés à leur tour...)

Ce texte m'a toujours interrogé...naturellement conservatrice à ce niveau, je me méfie de ces mouvements nouveaux avec leurs excès et leurs tendances sectaires...mais le christianisme serait mort depuis longtemps, si à chaque génération, il n' y avait pas ces fous de Dieu qui arrivaient sur scène pour bousculer tout le monde...et permettre que l'Évangile soit prêché d' une manière nouvelle et dans des lieus inattendus... en dehors des synagogues (pardon des églises) comme dans des stades de sport, des salles de cinema etc....

Le dynamisme du christianisme et sa capacité à s'adapter à différentes cultures, à différents milieux, elle est là en embryon dans cette injonction de Jésus,  qui n'hésite pas à dire qu'il faut se débarrasser des vieilles outres. C'est ce qui a permis la construction de cette église vraiment universelle qui va prendre forme au cours des siècles suivants....et qui finalement conduit à cette vision apocalyptique glorieuse de la fin des temps d' une foule immense venant des quatre coins du monde...

" Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! »

Mais on en n'est pas là encore, Jésus n'est pas encore l'agneau qui va être immolé...

N'anticipons pas!

 

Tag(s) : #Etude de l'évangile de Marc
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