Le 11 décembre 2019.

Pas beaucoup de neige, mais suffisamment pour nous rappeler qu' on est au mois de décembre en Virginie, et suffisamment comme prétexte pour faire mijoter des haricots rouges, et confectionner du pain de maïs....On est au mois de décembre, c'est l'hiver, autant en profiter (surtout après une journée passée au lit à cause d' un gros rhume de saison où j'avais l'impression de vivre dans un nuage opaque de déprime)
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas ( ou la roue tourne et tout finit par se rassembler), l'icône d'hier, Aung San Suu Kyi, photogénique, prix Nobel de la Paix , courageuse, égérie des droits humains, pour la Birmanie pendant des années, premier ministre de Myanmar aujourd'hui, se retrouve maintenant devant le tribunal de la Haye pour répondre d' accusations de génocide de son gouvernement envers le peuple musulman Rohingiya... Une idole de plus de tombée dans cette liste de personnes que l'on cite en exemple et que l'on exhibe ( oui exhibe) pendant des jours et dans son cas des décennies sur les couvertures de magazine, tant on a besoin de figures morales qui nous font rêver et ne pas désespérer de la nature humaine...
Mais voilà, dès que l'on passe de l'impuissance à la puissance, de l'opposition au pouvoir, tout à coup on se retrouve de l'autre côté de la barricade à défendre des intérêts qui ne sont plus ceux des plus vulnérables ou des plus contestataires...tout à coup l'armée ne semble plus là pour réprimer la liberté des revendicateurs et des opposants mais pour défendre l'état de droit... l'usage de la force se justifie de nouveau pour sauver le régime en place et assurer la pax romana...
Avec l'histoire de Aung San Suu Kyi, on tombe de haut, mais pas seulement à cause d'elle, toutes nos illusions sur le bouddhisme, religion de paix, d'amour, de Zen et méditation transcendantale, tombent avec...on croyait avoir trouvé la religion qui garantirait un monde non violent pour l'avenir, une religion qui ne serait pas associée aux crimes politico-religieux qui incitent ou justifient la violence comme c'est le cas diraient certains, avec l'Islam, le Christianisme ou encore le judaïsme...
Peine perdue! Ici ce sont les musulmans qui sont les victimes et les bourreaux, les bouddhistes (y compris quelques moines)...le nationalisme n'a pas de frontière ou pas de religion...quand il s'agit de tuer ou éliminer son prochain, on a toujours de bonnes raisons...et quelque soient les convictions religieuses que l'on peut avoir qui devrait nous en empêcher, on franchit le rubicond allègrement quand on se sent menacé et que pour se défendre on décide de trucider son prochain...
Les plus grands coupables là-dessus, à mon avis, sont les chrétiens...non pas parce-qu'ils auraient plus tué de gens que d'autres au nom de leur foi (on laissera Dieu faire le compte funeste des morts) mais parce-qu'ils n'ont pas d'excuse... non seulement ils ont un fondateur Jésus qui a enseigné clairement que l' on ne devait même pas haïr ses ennemis mais en plus qui s'est laissé emmener sans résister, sans demander à ses adeptes de le défendre et en conséquence a été exécuté!
Pourtant, qu'importe, on a trouvé moyen de se revêtir d'armures à travers les siècles affublées de cette croix sur laquelle il est mort, symbole par excellence de la non-violence et la non résistance.., transformée d'une manière éhontée en une enseigne de guerre pour pourchasser les soit-disant ennemis de la foi...
Pas très réjouissant tout cela en ce mois de décembre où l'on célèbre la venue d' un petit enfant, appelé prince de la paix, ...qui pourtant fait la joie d'autres enfants, riches et pauvres, malades et bien portants, car au moins une fois dans l'année, on se souvient d'eux, et peut être que pour ces moments de joie éphémère qu'on leur procure à cette époque, on pourrait oublier toute l'hypocrisie du monde qui nous entoure?
Je n'en sais rien.
En tout cas, pour moi, la venue de Jésus est la seule espérance qui résiste aux déceptions d'icônes défigurées par le pouvoir, aux hypocrisies religieuses ici et ailleurs mais surtout au cynisme qui nous gangrène au quotidien chaque fois que l'on lit la Une des journaux...
De quoi célébrer, certainement...
Comme cette pleine lune qui a fait son apparition en fin de journée, (exit la neige)
