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Le 23 juillet 2018, Bruxelles.

En vrac,

Fête nationale belge le samedi : je me rafraichis la mémoire sur la Belgique en lisant son histoire mais je me rends compte que ça ne m'aide pas à comprendre ce que ça signifie être belge...et encore moins d'être bruxellois où il y a plus de 60% de la population qui est étrangère...il faut vraiment vivre dans un pays pour pouvoir le comprendre et le saisir de l'intérieur. Lire des articles sur la question, ce n'est que voir les façades, qui ici autour du parc de Josaphat, sont très élaborées et rappellent une ère où ce quartier devait être prospère.

En tout cas ici, quand on va au parc, c'est les Nations Unies avec toute cette population bigarrée qui hier après-midi dansait au rythme de la salsa et du "reggueton" qui était diffusée à plein volume d'une estrade située au centre avec des professeurs de danse qui encourageaient les participants de la voix et du geste...Pas de femmes voilées sur la piste : on danse chez soi...

Incursion dans une communauté chrétienne évangélique le matin, communauté de quartier, chaleureuse sans prétention, probablement un peu clairsemée pendant cette période de vacances...elles se ressemblent toutes ces petites congrégations mais où contrairement aux églises historiques, la moyenne d'âge est plus jeune et dans une ville comme Bruxelles, noirs et blancs se côtoient, comme partout ailleurs...en tout cas dans ce quartier.

David Joris : qui était David Joris.. ? Je découvre cet anabaptiste belge qui prônait la non violence et comme on ne l'a pas attrapé de son vivant, on est allé le déterrer après sa mort et on a brûlé son corps, en tout cas ce qui en restait, pour être hérétique ! Il faut le faire ! Celle-là, je ne la connaissais pas...il va falloir que j'en lise plus sur lui..

L'hypocrisie de l'ambassadeur de France à Washington qui interpelle le comédien sud-africain du programme américain « the daily show » qui avait dit que c'était l'Afrique qui avait gagné la coupe du Monde...en peignant une image idyllique de l'intégration à la française pour ceux qui viennent de l'Afrique...alors que tout le monde sait que ce n'est pas le cas et que c'est malheureusement pas la victoire de la coupe du monde qui changera la questionde de ce qu'est l'identité française...pour beaucoup de Français...Mais bon, il est payé pour ça...

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* * *
 

Lecture : Mañana no te presentes...par Marta Orrentia ...

Je l'ai lu tout d'une traite et je n'ai pas été déçue. Il n'y a rien de mieux pour raconter l'histoire, surtout quand cette histoire est tellement irréelle qu'elle dépasse la fiction...ayant vécu ces événements de la prise du palais de Justice à Bogota par le groupe guérrillero du M19 (1985,l'année de toutes les catastrophes) et du massacre qui s'en est suivi des magistrats de la cour de Justice colombienne, des otages pris au piège et bien sûr des guérrilleros, massacre perpétré par les militaires qui entrèrent ( un millier contre à peine 35 guérilleros) avec les tanks et forcèrent la porte du palais (ils étaient devenus complètement fous) ...mettant le feu aux bâtiments pour faire sortir ceux qui s'y trouvaient, les tuant au fur et à mesure qu'ils sortaient comme ils le faisaient dans les campagnes....une folie meurtrière jamais imaginée possible, une guerre en plein cœur de la capitale, au centre de la justice

Ce jour-là, on était suspendu à la radio, n'en croyant pas nos oreilles...entendant au milieu du vacarme des armes la voix du président de la Cour suprême demandant au Président du pays d'ordonner un cessez le feu pour arrêter le carnage de toute la branche judiciaire du gouvernement sans compter les gens qui se sont trouvés piégés avec eux....Je n'aurais jamais imaginé que le Président ne donne pas cet ordre pour sauver ces hommes qui représentaient le meilleur de la société colombienne... à moins qu'il y ait eu un coup d'état militaire ? Toujours est-il qu'un ordre de cessez le feu pour éviter le carnage n'a jamais été donné et las fuerzas armadas ont donné l'assaut final...

On attendait de savoir s'il y aurait des rescapés et les quelques journalistes qui couvraient l'événement de temps en temps faisaient état de civils évacués dans des véhicules militaires : guérilleros capturés, otages libérés... ? on ne savait pas de qui il s'agissait mais dès que les militaires ont pu confisquer la parole, les mensonges se sont accumulés : non il n'y avait pas eu de survivants, les otages avaient tous étaient tués par les guérilleros, et les guérilleros s'étaient fait sauter eux-mêmes avec des ceintures d'explosifs.....

( C'est pour ça que quand je ne peux pas supporter l'interprétation rigide et erronée que font certains chrétiens de la soumission aux autorités, qui représente à peine quelques versets dans le Nouveau Testament...)

Comme l'auteure colombienne mais pour d'autres raisons, ce groupe de M19, représentait ce qu'il y avait de meilleur dans les idéaux révolutionnaires pour quelqu'un comme moi, intellectuelle de gauche, qui avait été étudiante à la Faculté de Nanterre en 1968... Ils avaient tout pour plaire particulièrement leur capacité à faire des coups spectaculaires avec un minimum de victimes.. Même si j'avais déchanté de ce milieu étudiant là en France, les mouvements révolutionnaires en Amérique latine c'était autre chose...le vrai romantisme ! L'auteure du roman dans sa postface l'exprime ainsi avec ma traduction entre parenthèses :

« el Eme,una guerilla intregrada, entre otros,por músicos,escritores,gente del teatro yestudiantes,había despertado en muchos un ideal romantico, yo yo no era la excepción.» Le M, une guerrilla composée, entre autres, de musiciens, d'écrivains, d'acteurs de théâtre et d'étudiants avait éveillé en moi un idéal romantique et je n'étais pas la seule...

Oui elle n'était pas la seule...sauf que pour des raisons basées sur ma foi chrétienne, je n'avais jamais pu approuver l'usage de la violence même si elle était réduite à un minimum même si j'en comprenais la démarche, même si j'en voyais les « bonnes raisons », même si je ne croie pas que tous les militaires soient des monstres sanguinaires...c'était et c'est toujours une ligne infranchissable que j'ai toujours tracé dans le sable qui n'était basée ni sur l'efficacité, ni sur le raisonnement, c'était encore moins une idéologie, c'était basé sur ma fidélité à vivre l'évangile à suivre Jésus..Cela m'a paru toujours une évidence, on ne peut pas se dire disciple de Jésus et prendre des armes...ni même pour se défendre ou défendre sa famille...Je ne vais pas condamner ceux qui ne partagent pas mes convictions ( ce n'est pas mon boulot) mais je ne vais pas non plus bouger là-dessus.

L'auteure a rappelé, ce que j'avais complètement oublié dans ce livre de la possible collaboration du groupe avec la mafia (le cartel de Medellin, Escobar à l'époque) qui ne voulait pas que la loi sur l'extradition soit votée ce qui aurait mis fin à leur impunité : le motif noble était de ne pas accepter de plier devant les États Unis ce qui irait contre la souveraineté nationale, mais qui finalement empêchait que la lutte soit efficace... Alors, évidemment, il fallait en finir complètement avec cette possibilité et les plans du groupe guerrilero dont le but était de d'exiger un dialogue avec le gouvernement en prenant en otage des hauts magistrats était une opportunité rêvée de détruire des archives mais aussi d'en finir avec ceux qui voulaient voter pour l'extradition...Toute la lumière ne s'est pas faite sur la question mais en tout cas, qu'il y ait pu avoir des contacts avec la mafia pour obtenir une aide logistique ça c'est tout à fait plausible...même si ils étaient des ennemis jurés sur le terrain..

En tout cas pour l'auteure, cette trahison des idéaux de la guerrilla et ce massacre perpétré a mis fin à ses illusions sur le groupe guerrillero mais aussi sur l'utilisation des armes dans la lutte politique

« deje de créer en el grupo guerrillero y en las armas como medio de lucha... » J'ai cessé de croire au groupe guerrillero et aux armes comme moyen de lutte...

On ne dira jamais suffisamment la tentation de la « bonne violence » ( je limite cette condamnation de la violence à celle de prendre les armes et de tuer autrui, sinon, on ne s'en sort plus et on se met à condamner tout geste ou parole « dite » violente...et on entre dans des discussions vaines sur le concept de ce qu'est la violence ) et de son bien fondé dans des situations de conflits et d'injustice...Il faut toute la force d'une conviction religieuse profonde pour s'y tenir car si elle n'est qu'idéologique, elle risque de voler en éclat devant la réalité...Pour être crédible sur ce sujet il faut reconnaître qu'à court terme, elle semble une solution viable même si à long terme, elle ne l'est jamais vraiment...

(24 juillet dans le train Bruxelles-Paris)

De la réalité à la fiction et vice-versa

En tout cas, c'est un livre excellent pour qui veut comprendre cette épisode de l'histoire de la Colombie...j'y vois vraiment une fiction qui est tellement inscrite dans le réel qu'elle semble plus un reportage qu'un roman, tellement les faits qu'elle décrit sont authentiques...Quand on parle de la littérature colombienne ( spécialement de Gabriel Garcia Marques) on parle de réalisme magique, terme qui m'a toujours gêné car il ne rend pas compte suffisamment de la littéralité du texte, de son exactitude dans ce qu'il décrit ....le magique, ce n'est pas quelque chose qui est rajouté à l'expérience décrite mais elle lui est intrinsèque...et c'est un terme inventé par ceux qui sont extérieurs à ce monde et qui ne peuvent imaginer qu'un tel monde existe en dehors de l'imagination..


 

* * *

(24 juillet dans le train Paris-Clermont Ferrand)

Ce qui est galère avec le train en France, c'est qu'il faut changer de gare à paris pour aller d'un lieu à l'autre et quand on a une valise ou on est une personne à mobilité limitée, ça devient le parcours du combattant avec tous ces escaliers à monter....car il y a toujours un escalier roulant ou c'est écrit « hors service » quand il y en a un...Il n'y a pas d'excuse qui vaille pour ne pas avoir depuis le temps crée un système de navettes directe et gratuites pour aller d'une gare à l'autre...

En tout cas, j'ai pu faire le parcours dans les temps...et je n'ai plus qu'un changement avant d'arriver...

Chez moi, chez nous...Finalement !

Merci !


 

Tag(s) : #Bruxelles
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