Le 3 mai, Auvergne,
Un matin inattendu
Je reçois un message ce matin qui me réjouit : une réponse miraculeuse parce qu'inattendue à des prières faites dans l'angoisse du moment...on s'étonne du concours de circonstances qui a amené à cette issue et même si on essayait de refaire le parcours on n'en arriverait pas là car il aurait suffi d'un faux pas ( à la lumière du résultat) pour que l'issue n'en soit pas la même... coïncidences fortuites diraient certains, destinée diraient les autres mais derrière l'une et l'autre se cachent soit une réalité incontrôlable soit,une puissance inconnue et inaltérable,quelque chose en tout cas sur lequel on n'a pas de prise...
Entre les deux, la réponse a une supplique serait faite semble-t-il à cette puissance inaltérable que serait Dieu...Mais c'est déjà là le premier écueil, ou le premier malentendu ce « Dieu inaltérable » qui comme le dirait le théologien juif Abraham Joshua Heschel ( je viens de découvrir que le livre que je lisais en anglais semble avoir été traduit en français sous le nom de Dieu en quête de l’Homme ) .n'est pas celui de la bible mais celui des grecs : un Dieu qui est une essence inchangeable, immobile, impassible et donc qui ne pourrait pas être affecté par la prière des hommes. Alors que Dieu se révèle dès le début dans les Écritures comme celui qui s'adresse à l'homme, qui fait de lui son interlocuteur...
.Le dialogue entre Abraham et Dieu où il cherche justement à infléchir la volonté de Dieu est étonnant : il suppose une conception de Dieu non pas comprise d'abord comme une divinité toute puissante mais bien comme celui qui nous parle et auquel on répond....Qui est-il, quelles sont ses caractéristiques, quel est son caractère...tout cela ne viendra qu'après coup, qu'après réflexion faite, qu'après qu'on ait appris à cheminer avec lui, après beaucoup d'après, le déluge, la destruction de Sodome et Gomorrhe, l'esclavage et la libération, l'errance dans le désert et surtout après qu'il donne la loi à Moïse et lui dicte ses commandements.....mais il arrive tout d'abord comme celui qui s'adresse à l'homme.
Et avec la venue de Jésus, on atteint le point culminant de cette démarche ou de cette relation, et c'est pour cela que Jésus nous répète encore et toujours,( et les exemples seraient trop nombreux pour tous les citer ici maintenant) parlez à mon Père, adressez-vous à Lui, demandez-lui ce dont vous avez besoin, et s'il a l'air de ne pas répondre.... insistez....Il ne nous donne pas nécessairement les thèmes auxquels ces demandes seraient limités, sauf dans le « Notre Père » mais il nous assure que Dieu écoute nos prières et veut nous exaucer car il veut notre bien....car c'est un bon père et aussi qu'il est juste...
Mais voilà ça ne résout pas tout parce que dans le vivre au jour le jour et devant les nombreuses difficultés auxquelles ont fait face au cours d'une vie et des requêtes qu'elles suscitent ( les nôtres et celles des autres) on a des réponses miraculeuses pour les unes et le silence total pour les autres...on aimerait bien avoir une explication de pourquoi oui et pourquoi non et c'est cette recherche d'un explication logique ou rationnelle...qui bien souvent nous fait pénétrer dans un terrain dangereux, un terrain miné..., justement parce-que le logique ou le rationnel n'y a pas sa place ce qui fait que l'on est tenté de jouer les gourous...
Alors on y va de nos explications selon notre théologie personnelle faite de bric-à-brac, d'expériences vécues mais aussi d'enseignements de nos prédicateurs de prédilections, d'études bibliques un peu trop ciblées, de livres recommandés par les uns ou par les autres.... et bien souvent on acquiert des convictions qui se sont forgées dans un esprit de supériorité et de jugement envers ceux qui ne les partageraient pas etc....et on s'aventure à donner une explication qui satisfasse notre ego et nos dogmes du moment ( au lieu de dire que l'on ne sait pas) Et ce faisant, on risque de blesser les personnes qui sont en souffrance en leur ajoutant la culpabilité à la liste de leurs maux.
Comme, contrairement à ce que fait Job qui demande des comptes à Dieu, verset après verset, nous, on ne veut pas blâmer Dieu , alors on met la faute sur les épaules de la personne qui a prié ou pour qui la prière a été offerte: elle n'avait pas assez la foi, elle n'a pas prié comme il fallait, elle aurait dû... bref on en finit pas de proposer ou plutôt d'imposer des hypothèses surtout quand il s'agit d'une prière de guérison où l'on va jusqu'à penser que si telle ou telle personne prie, (en général un évangéliste/pasteur connu) Dieu répondra plus ( chez les cathos si on s'adresse au bon Saint ou à la bonne Vierge)
Dans tout ce fatras d'interprétations et de prises de tête, j'en suis arrivée à quelques simples certitudes.
La première c'est que j'ai le droit de prier et de présenter à Dieu mes requêtes et donc je ne vois pas pourquoi je m'en priverai...Jésus l'a dit clairement, et nos besoins matériels sont inclus puisque Jésus a mis dans la liste qu'il nous a donné, le pain quotidien....Je n'ai pas besoin de me justifier devant qui que ce soit des prières que je formule..Alors, je ne me gêne pas parce-que je sais que Dieu est bon et si je me trompais en lui demandant de faire quelque chose qui ne serait pas bon, il ne le ferait pas...donc pas besoin de me préoccuper..(Évidemment, je ne vais pas faire comme le psalmiste et demander que mes ennemis soient punis....après ce qu'a enseigné Jésus, ce n'est plus possible...et même avant il y avait des choses qui n'étaient pas possibles....« Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal. (chapitre 5 Deutéronome))
La deuxième certitude c'est que Dieu écoute nos prières : il les entend, il n'est pas sourd et dire qu'il les entend ça veut dire qu'il y prête attention et donc qu'il se met à agir .Tellement de fois, cela nous est répété dans les textes, tellement de fois, est rappelé cette histoire au peuple de Dieu :« Les Egyptiens nous maltraitèrent et nous opprimèrent, et ils nous soumirent à une dure servitude. Nous criâmes à l'Eternel, le Dieu de nos pères. L'Eternel entendit notre voix, et il vit notre oppression, nos peines et nos misères. Et l'Eternel nous fit sortir d'Egypte, à main forte et à bras étendu, avec des prodiges de terreur, avec des signes et des miracles » Voilà nous avons crié et et il nous a entendu et a pris compassion..
Mais comment ça se manifeste concrètement parlant ? C'est là que je ne peux rien affirmer...il y a mille et une manière que Dieu utilise pour nous montrer qu'il entend nos prières...Ça n'empêche qu'à certains moments ce que l'on entend uniquement c'est un silence assourdissant...
Car ma troisième certitude au sujet de la prière est que je ne sais pas comment ça marche....ce n'est pas moi qui contrôle les réponses, ce n'est pas moi qui décide le comment, le quand et le pourquoi....quelquefois, Dieu fait un miracle auquel je ne m'attendais pas et quelquefois il ne fait pas le miracle auquel je m'attends....
Mon boulot, c'est de prier et de croire: c'est déjà énorme.....
Ces certitudes sont suffisantes pour me permettre de continuer à prier dans l'état où je me trouve, avec la compréhension et les mots qui me sont donnés à ce moment-là
(Mais en réalité on prie surtout avec le cœur : ce sont nos émotions profondes qui alimentent nos prières que ce soit l'angoisse, l'inquiétude ou la compassion, émotions tellement fortes quelquefois qu'on ne sait comment les exprimer ou même comment prier et c'est dans ces moments-là que l'Esprit de Dieu nous dit-on vient à notre rescousse...on est tellement désemparé qu'on ne sait plus comment prier : « De même aussi l'Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu'il nous convient de demander dans nos prières. Mais l'Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables;et celui qui sonde les coeurs connaît quelle est la pensée de l'Esprit, parce que c'est selon Dieu qu'il intercède en faveur des saints »)
Finalement....
Aujourd'hui, c'était une journée où une requête avait clairement été exaucée, alors il faut l'inscrire dans le calendrier, sinon, aussi étonnamment que cela puisse sembler, on oublie...et quand les difficulté reviennent, la foi nous manque et tout est à recommencer.
Mon âme, bénis l'Eternel, Et n'oublie aucun de ses bienfaits!
Ce qu'il faut oublier, ce sont les galères... !
P.S Bon, on peut s'en souvenir si on se souvient en même temps de comment on en a été délivré ! « Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d’Égypte, et que le Seigneur ton Dieu t’en a fait sortir à main forte et à bras étendu. C’est pourquoi le Seigneur ton Dieu t’a ordonné de célébrer le jour du sabbat » Je ne peux pas dire le contraire!
PS 2 :Sur un autre registre, ça a été une journée inattendue : il a fait beaucoup plus froid que prévu !