Le 12 avril 2018 Auvergne
Le président a parlé...on attendait sa parole avec impatience...on attendait qu'il s'exprime pour calmer les esprits etc...il y avait une vraie attente...et je me dis qu'on est encore en monarchie....
Quoique puisse en dire la Constitution, dans les faits on est vraiment dans un système présidentiel où l'on veut que le Chef de l'État soit vraiment un chef... on veut un De Gaulle, un père de la Nation...un homme qui frappe fort ( le précédent avait l'air un peu trop mou) même si.. même si...
Il faudra absolument critiquer son intervention, l'analyser la dépecer et lui trouver la petite bête surtout quand on n'est pas membre de son parti....jeu politique oblige....Mais la démocratie n'empêche pas la monarchie : justement si on a un monarque on peut l'encenser mais aussi le décapiter. On veut les deux !
Si on s'acharne souvent sur ceux qu'on a encensé, c'est parce-qu'on a l'impression qu'on s'est fait avoir, on est déçu par eux mais en réalité on est déçu plus par soi-même ! On s'en veut de s'être laissé berner et c'est exactement ça qu'on a fait : on s'est soi-même laissé berné : notre soif de chef, notre soif de messie en quelque sorte, nous a conduit à chercher la perfection dans un homme, dans une créature,
« Ainsi parle l'Eternel: Maudit soit l'homme qui se confie dans l'homme, Qui prend la chair pour son appui, Et qui détourne son coeur de l'Eternel! (le prophète Jérémie)" ou encore..."Ne vous confiez pas aux grands, Aux fils de l'homme, qui ne peuvent sauver" (dans les psaumes)
On le voit aussi dans le monde chrétien où il ne devrait pas être... Alors pour essayer de contrôler le phénomène et la tendance, on a créé la papauté...en essayant de mettre des tas de garde-fous pour qu'on en fasse pas une idole, mais c'est peine perdue...même si le mythe de son infaillibilité à tout va n'est qu'un mythe, la dévotion des foules envers le « Saint Père » doit être grisante...et dangereuse pour qui en est l'objet…. qui ne s'y prendrait pas au jeu....(C'est pour ça que prier pour le Pape n'est pas une option mais une obligation)
Et d'une certaine manière le pape Benoit XVI, qui n'avait aucun don pour la com et était vu comme rigide et conservateur....a fait preuve d'une humilité étonnante en renonçant à sa charge...là, il a vraiment forcé mon admiration : reconnaître qu'il n'était pas à la hauteur est du coup admirable. Ça c'est une révolution de palais, qui a remis la fonction de la papauté à sa place, qui en a fait une fonction, pas une divinisation...Je crois que beaucoup n'ont pas réalisé la portée de ce geste.
À ce titre, la demande d'un monarque du peuple d'Israël est très intéressante car Dieu essaie de les dissuader d'avoir un roi et eux qui avaient jusqu'à présent que des juges dont le rôle était de s'assurer que le peuple mettait en pratique les lois de Dieu mais c'était Dieu qui dirigeait le peuple, une sorte de théocratie directe ( directe parce-que quand on parle de théocratie dans nos sociétés, il y a toujours un homme qui prend la place de Dieu en invoquant son nom pour asseoir son pouvoir).. ne veulent plus avoir de juges...
Ce texte est étonnant ! Toute l'histoire vaut la peine d'être lue : elle est tellement vivante...en plus j'aime bien quand les gens discutent avec Dieu....de tu à tu...C'est quelque chose qui m'étonne toujours dans l'Ancien Testament. de voir d'un côté le respect et la crainte de Dieu tellement grande que l'on ne peut même pas prononcer son nom...et en même temps, ce culot...des prophètes qui discutent et marchandent avec Dieu comme avec un égal ....il y a là un paradoxe qui me régale...
« Lorsque Samuel devint vieux, il établit ses fils juges sur Israël.(...)Les fils de Samuel ne marchèrent pas sur ses traces; ils se livraient à des profits malhonnêtes, acceptaient des cadeaux et tordaient le droit.Tous les anciens d'Israël se rassemblèrent et allèrent trouver Samuel à Rama. Ils lui dirent: «Te voilà vieux et tes fils ne marchent pas sur tes traces. Maintenant, établis sur nous un roi pour nous juger, comme on en trouve dans toutes les nations.» Cela déplut à Samuel qu'ils disent: «Donne-nous un roi pour nous juger», et il pria l'Eternel. L'Eternel dit à Samuel: «Ecoute le peuple dans tout ce qu'il te dira, car ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est moi, afin que je ne règne plus sur eux.Ils agissent envers toi comme ils l'ont toujours fait depuis que je les ai fait sortir d'Egypte jusqu'à aujourd'hui: ils m'ont abandonné pour servir d'autres dieux. Ecoute-les donc, mais donne-leur des avertissements, fais-leur connaître les droits du roi qui régnera sur eux.» Samuel rapporta toutes les paroles de l'Eternel au peuple qui lui demandait un roi.
Il dit: «Voici quels seront les droits du roi qui régnera sur vous. Il prendra vos fils et les mettra sur ses chars ou parmi ses cavaliers, ou encore ils devront courir devant son char. Il fera d'eux des chefs de milliers et des chefs de cinquantaines. Il les emploiera à labourer ses terres, à récolter ses moissons, à fabriquer ses armes de guerre et l'équipement de ses chars. Il prendra vos filles pour faire d'elles des parfumeuses, des cuisinières et des boulangères. Il prendra la meilleure partie de vos champs, de vos vignes et de vos oliviers et la donnera à ses serviteurs. Il prendra la dîme du produit de vos champs et de vos vignes et la donnera à ses serviteurs. Il prendra vos esclaves et vos servantes, vos meilleurs boeufs et vos ânes et se servira d'eux pour ses travaux. Il prendra la dîme de vos troupeaux et vous serez vous-mêmes ses esclaves. Alors vous crierez contre votre roi, celui que vous vous serez choisi, mais l'Eternel ne vous exaucera pas.»
Le peuple refusa d'écouter Samuel. «Cela ne fait rien, dirent-ils, il y aura quand même un roi sur nous,et nous aussi nous serons pareils à toutes les nations: notre roi nous jugera, il marchera à notre tête et conduira nos guerres.» Après avoir entendu toutes les paroles du peuple, Samuel les répéta à l'Eternel,et l'Eternel lui dit: «Ecoute-les et établis un roi sur eux.»
En gros, si vous avez un roi, il faudra lui payer des impôts, faire faire un service militaire obligatoire à vos fils, faire des travaux forcés....et comme on est dans l'antiquité, il faudra aussi donner vos filles....je vous préviens.....alors ne venez pas vous plaindre après de celui que vous aurez élu vous-même..... « Alors vous crierez contre votre roi, celui que vous vous serez choisis mais l'Eternel ne vous exaucera pas.» Tant pis pour vous...je vous avais prévenu !
Alors quand Paul, dans le nouveau testament nous dit de prier pour les autorités en place....on a bien besoin de le faire ....mais, est-ce que l'on peut s'attendre à ce que Dieu nous réponde quand on choisit n'importe qui ?
De quoi nous faire réfléchir...
(Du coup, s'il y a peut être quelque chose de positif dans la présidence de Trump, c'est que l'on attend rien de lui ! Le culte de la personnalité, l'idéalisation du président...quand maitresse après maitresse se succèdent pour faire des confessions sulfureuses dans les médias, personne ne se fait d'illusion sur l'individu...Tout son entourage tremble quand il s'exprime à travers ses tweets aussi irréfléchis qu'assasins. Il n'est l'idole de personne ( même pas des chrétiens qui l'ont élu)....Je n'arrive pas à croire que je trouve quelque chose de positif dans son élection)
Je dois avouer que moi aussi j'attendais ce discours ou plutôt interview du Président Macron...car j'avais l'espoir que ça allait peut-être assouplir les grèves de la SNCF...pour pouvoir sortir de ma campagne auvergnate....même si je m'y trouve bien pour l'instant...en ce moment c'est vraiment impossible, les quelques trains intercités qui roulent affichent complets ......et les TER n'en parlons pas....
En attendant, loin des grands de ce monde, rien de mieux que l'humilité d'un pissenlit sur un talus ...