Samedi 3 Mars, Bretagne.

Il fait froid moi qui ai toujours connu la Bretagne en été, ce froid me surprend même s'il est loin d'être celui de l'Auvergne...les paysages sont les mêmes : je reconnais la mer, le port avec sa digue, les phares, la côte mais l'absence d'estivants qui grouillent donne l'impression d'un lieu désert, calme et même silencieux quand on se promène le soir. Les gens sont calfeutrés à l'intérieur
Je me demande si je pourrais vivre ici en hiver et je me rends compte que cette saison froide et grise doit être difficile à supporter à moins que, à moins que l'on sache qu'elle prendra fin et qu'il suffit de tenir....comme dans les saisons de notre vie : il y en a où l'on s'épanouit et d'autres où ce n'est que l'espérance du renouveau printanier qui nous permet de tenir....
Quand je passe d'un lieu à l'autre, j'ai toujours l'impression de changer de monde et d'entrer dans un cercle qui est ignorant de l'existence des autres qui vivent autrement et autre part...On a beau nous dire que l'on est connecté il me semble que l'on vit comme si notre cercle à nous, ceux qui nous entourent et avec lesquels on est en contact au quotidien étaient les seuls qui existaient..même nos réseaux sociaux sont limités et compartimentés.
Les histoires humaines sont tellement diverses avec chacune leurs difficultés, leurs hauts et leurs bas, leurs joies et leurs peines, toutes tellement uniques et semblables aussi, que je me pose toujours cette question :
je dis: *«Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui, et le fils de l’homme, pour que tu prennes soin de lui?» 6Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu et tu l’as couronné de gloire et d’honneur. 7Tu lui as donné la domination sur ce que tes mains ont fait, tu as tout mis sous ses pieds, » Psaume 8
Et pourtant...
Le spectacle d'une vie humaine surtout quand elle se termine et qu'elle se dissipe, qu'en reste-t-il quand elle a été si tangible, si réelle si riche, pendant 20 ans 30 ans ou même 60 ans : quelles traces laisse-t-elle ?
L'homme! ses jours sont comme l'herbe, Il fleurit comme la fleur des champs. Lorsqu'un vent passe sur elle, elle n'est plus, Et le lieu qu'elle occupait ne la reconnaît plus.… Psaume 113
On était revenu ici pour terminer de tirer un trait, pour régler les dernières détails et fermer la porte et on a fini autour d'une table et de quelques boissons réconfortantes, par évoquer ce qui maintenant est passé et est entré dans le domaine du souvenir, c'est-à-dire de ce qui était mais n'est plus. La signification d'une vie humaine m'échappe.
Mais je n'ai pas besoin de la résoudre : contempler le mystère de notre existence devant Dieu est suffisant pour ce soir
On ne peut pas en faire plus.
P,S Sauf contempler l'immensité de la mer...?