Le 29 mars, 2018
Soleil magnifique : comme ça fait du bien de pouvoir être dehors...je m'étonne de constater à quel point le temps influe sur nos humeurs et comment un soleil radieux peut nous rendre heureux !
Par contre, dans d'autres pays, où la sécheresse est un fléau, la venue de la pluie est considérée comme une vraie bénédiction et est l'occasion de réjouissances d'où les qui-pro-quo....comme quand vous demandez à des élèves de décrire une journée de beau temps et qu'ils vous décrivent un jour de pluie...
( Vous n'avez rien compris, je leur ai dit d'abord, je vous ai demandé de décrire un jour de beau temps mais pas un jour de pluie ! Alors l'un d'eux m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit : Madame, ici quand il pleut, il fait beau...c'était donc moi qui n'avait rien compris!)
Aujourd'hui, jeudi saint, traditionnel lavement des pieds dans les églises avec toute la solennité et la pompe de circonstance....avec répons et musique d'accompagnement..
Cette fois-ci, ce n'était pas en Amérique du Sud, c'était en Afrique de l'Est, un Éthiopien, réfugié politique qui nous avait invité à manger dans sa petite cabane, quelque part au milieu d'un désert de caillou, éloigné du camp de réfugié... J'ai préparé de l'eau nous a-t-il dit pour vous laver les pieds...j'avais été très émue par cet homme instruit, amaigri qui nous avait lavé les pieds et qui l'avait fait avec tant de simplicité et de joie. Comme on n'avait pas beaucoup marché, nos pieds n'étaient pas très sales...
Le lavement des pieds, c'est aussi un rite que dans les communautés auxquelles j'appartiens, on fait chaque fois que l'on a une « sainte cène », (ce qui fait qu'on ne le fait pas très souvent, deux ou trois fois par an). Mais j'ai toujours trouvé cela fort émouvant de me faire laver les pieds et aussi de les laver, car ce sont aussi des moments de réconciliation ( on ne peut pas laver les pieds à quelqu'un que l'on déteste) et ce sont des moments où du coup moi, j'ai l'impression de retourner en arrière de revivre ce que les disciples ont vécu, surtout que généralement on est un petit groupe comme du temps de Jésus. Mais c'est un rite qui se perd car beaucoup de gens se sentent mal à l'aise....c'est dommage !
( Est-ce qu'il faut se poser la question de savoir si Jésus a vraiment lavé les pieds des disciples ou si c'est une histoire inventée ? Les vents ont changé en ce qui concerne l'évangile de Jean qui était considéré comme un évangile qui faisait de la théologie et dont l'historicité était douteuse...maintenant on reconsidère cette opinion... En tout cas cet épisode ne semble pas avoir fait beaucoup couler d'encre : il ne semble pas que ça ne gêne personne que Jésus ait lavé les pieds aux disciples : ouf ! )
Par contre la Sainte Cène, l'eucharistie, la communion, selon les selon les appellations qu'on lui donne...alors là, cette épisode là, il a fait couler beaucoup d'encre : sur l'historicité des paroles que Jésus a prononcées, sur leur vraie signification ... et la polémique continue encore dans les églises, sur qui aujourd'hui peut communier et qui ne peut pas, si le pain se transforme littéralement au corps du Christ et même pour certains si le vin était du jus de raison ou vraiment du vin....bref, s'il y a bien un rite qui divise les églises, c'est la communion ou la Sainte Cène...
Moi, j'aime bien cette scène, parce-qu'elle se passe à table, à la fin d'un repas et les repas on en prend tous les jours...et on n'a pas besoin de choses compliquées ou chères pour se souvenir du sacrifice de Jésus... c'est seulement quelque chose qu'il y avait là... D'une certaine manière c'est aux antipodes d'un rituel religieux comme le lavement des pieds, c'est quelque chose que l'on fait naturellement dans une situation ordinaire, mais nous on en a fait un rituel religieux..
En tout cas dans l'évangile de Jean, on a le lavement des pieds mais on n'a pas de « communion », on a à la place, ce long discours de Jésus, ce discours très beau où Jésus dit son testament à défaut de l'écrire lui-même...Il ne dit pas souvenez vous que, n'oubliez pas que...mais c'est tout comme, c'est vraiment une série de dernières recommandations . Pour moi ce qui ressort de ce texte c'est son amour pour les disciples qui l'entourent et son inquiétude de ce qui va leur arriver quand il ne sera plus avec eux...
Tiens, ça je ne l'avais jamais remarqué avant que Jésus est vraiment préoccupé de ce qui va leur arriver après, après qu'il soit parti...quand il ne sera plus là pour les diriger, les garder, c'est pour ça qu'à la fin il prie, il supplie son père pour eux...Ici, il ne pense pas au sort qui l'attend. Il pense à ses disciples...
« Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un comme nous. Lorsque j'étais avec eux dans le monde, je les gardais en ton nom.. J'ai gardé ceux que tu m'as donnés, et aucun d'eux ne s'est perdu... » Jean 17:11-12
Ça alors, je suis sidérée ! Car je me retrouve dans cette préoccupation pour mes proches quand je ne serai plus là et déjà souvent quand je ne suis plus là...
Je n'en reviens pas...
Jésus qui lave les pieds des disciples soit..
Mais Jésus inquiet pour l'avenir de ses proches !
( comme moi quelquefois!)
Il y a de quoi tomber à la renverse!
P.S On ne dit pas qu'il y avait des femmes à ce repas...je me demande si c'est parce-qu'il n'y en avait pas ou qu'on ne le dit pas...mais bon, on n'a pas à se plaindre car on a eu notre heure de gloire un peu avant dans cette histoire avec l'épisode du parfum...