le 20 décembre, 2017
Le compte à rebours commence pour 2017....Plus que quelques jours pour écrire 2017 et que ce soit vrai... il faut en profiter !
Le texte biblique du jour, est celui de l'annonce à Marie, un texte qui m'a toujours interpellé car entre la promesse faite à Marie de l'enfant qu'elle aurait et la réalité, c'est vraiment le grand écart...
Le texte dit « L'ange lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.… Il régnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin »
J'ai envie de dire qu'avec une promesse pareille, évidemment qu'elle a dit oui : avoir un fils qui deviendra roi, et pas n'importe quel roi, le roi d'Israël, celui qui chassera le roi étranger pour reprendre le pouvoir, quelle femme ne voudrait pas avoir la fierté d'en devenir la mère. N'est-ce pas le désir de toutes les mères que leurs enfants réussissent ? Ne sont-elles pas fières de dire mon fils il est ministre, docteur ou président....Se vanter de ses enfants n'est-ce pas une prérogative de parents ? Et en plus devenir la reine mère n'est-ce pas un statut qui donne honneur et richesse ?
Est-ce que l'on se rend compte que cette promesse qui lui a été faite ne s'est pas réalisée à commencer par les conditions particulièrement difficiles de la naissance de Jésus ? Marie ne s'attendait-elle pas à ce qu'il y ait de la place dans une auberge et que Dieu interviendrait pour qu'il y ait quelqu'un, peut-être même un étranger riche sur la route, style bon Samaritain qui aurait pitié d'elle et offre sa demeure pour qu'elle puisse y accoucher dans un minimum de confort ? Ce n'est qu'après, que des bergers se sont présentés et sont venus rendre hommage à son nouveau-né, mais des bergers ce n'était pas des gens vraiment importants.... les mages peut-être mais bien plus tard
Mais ça n'en est pas resté là, il y a eu la fuite en Égypte la nuit après une menace de mort sur l'enfant, et il y a eu aussi la panique d'avoir oublié un enfant au cours d'un voyage à Jérusalem....
( Ça m'est arrivé d'avoir découvert l'absence d'un de mes enfants pendant un voyage pensant qu'il était avec quelqu'un d'autre : j'en ai encore un souvenir horrible...)
Et puis, et puis, il y a eu quand même des moments désagréables où elle s'est faite envoyée promener par son fils quand elle le cherchait, lui qui maintenant était devenu célèbre mais semblait avoir oublié que c'était sa mère ( comme tous les enfants, en somme quand ils réussissent quelquefois) ...Heureusement quand même que l'on a l'épisode des noces de Cana où sa mère qui s'était rendue compte qu'il pouvait faire des miracles lui avait demandé d'en faire un pour lui faire plaisir même si elle a dû lui forcer la main parce qu'il en avait pas très envie au début...
(Alors il y a des tas de théories là-dessus, du style, c'est Marie qui lui a révélé qu'il pouvait faire des miracles et qui l'a poussé à commencer son ministère, le rôle de la mère c'est d'aider les enfants à accoucher d'eux-même etc...comme on n'a pas beaucoup de détail et que le texte est finalement assez succin, on peut s'en donner à coeur joie. Alors le psychologisme, pour expliquer la relation Marie Jésus, on en raffole...)
Et bien sûr et bien sûr, il y a eu la terrible condamnation à mort et la honte avec la crucifixion .
Combien de fois, combien de fois a dû-t-elle se demander : quand Dieu interviendra-il pour que mon fils soit libéré et acquitté? Combien de fois s'est-elle demandé quand mon fils va-t-il commencer à se défendre ou ces disciples vont-ils venir pour le sauver, et tous ces gens qui l'ont suivi, tous ces gens qu'il a guéri, ne vont ils pas intervenir en sa faveur, ne devraient-ils pas avoir un minimum de reconnaissance....parmi eux il semblait qu'il y avait quand même des gens influents...
Où est-elle cette belle promesse à laquelle elle avait dit oui, et qui disait que son fils allait être sur le trône de David et que son règne n'aurait pas de fin ? Comment était-il possible qu'au dernier moment il n'ait pas pu faire de miracle pour se sauver et que Dieu n'en ait pas fait pour lui..
On connaît bien le cri de Jésus qui nous a été rapporté : pourquoi m'as-tu abandonné ? Mais celui de Marie, ses supplications, on ne les connaît pas. On sait seulement qu'elle était là ( quand même, on nous le dit!) mais d'une certaine manière ça n'étonne pas: une mère qui n'abandonne pas son fils, qui reste auprès de lui, quand tous les autres l'abandonnent...(en tout cas, moi j'en ai vu beaucoup)
En fait ce que l'on sait de Marie, après ce moment d'enthousiasme où elle a laissé éclaté sa joie en récitant ce cantique de louange envers son Dieu, au moment de la promesse, c'est uniquement son silence. Comme le silence de tous les juifs qui a travers les siècles ont été conduits à l'abattoir et se sont demandés quand leur Dieu viendrait les sauver....
Comme tous les chrétiens persécutés qui ne sont pas sauvés au dernier moment par une intervention divine
Évidemment, Jésus est ressuscité, c'est facile de croire après, et nous on sera toujours de ceux qui sont venus après...mais quand même comme Marie à un moment donné, l'après vient bien tard ...quand on attend, quand on souffre, quand tout a l'air de s'effondrer autour de nous et que les promesses semblent bien lointaines.
* * *
Le silence de Marie des évangiles canoniques, le peuple ne l'a pas accepté. Sa mise de côté, sa mise à l'écart, à travers les siècles, on a voulu la réparer : alors on a commencé par écrire des évangiles apocryphes pour raconter son histoire et suppléer à la pauvreté des informations qu'on avait....et puis on a voulu lui donner son statut de mère du roi que lui avait annoncé l'ange et qui lui avait échappé sur cette terre ....Le peuple l'a couronnée et la faite reine...
Après bien sûr après, tout cela est arrivé après...
Mais la Marie d'avant, c'est celle-là qui m'intéresse, celle en chair et en os, celle qui a dit oui à une belle promesse qui n'a pas été tenue pendant longtemps...pas la Marie du mythe, des images pieuses, des icônes, pas la Marie recréée, imaginée, souriante et pacifiée...la Marie « historique » celle que personne ne connaît sauf ceux qui ont vécu à ce moment là ( à moins que comme certains le pensent, même celle-là n'a jamais vraiment existé et qu'il ne faudrait pas prendre argent comptant rien de ce qui est écrit...)
À cette Marie là, silencieuse et réservée, mystérieuse et méconnue je dis moi aussi aujourd'hui
Je vous salue Marie,
Vous le méritez bien!