Lundi 11 décembre
C'est un peu affolant comme les jours passent vite : il faut maintenant vraiment penser au départ prochain et changer de direction pour aller dans un pays où il n'y aura pas de neige..
En attendant quand même, émerveillement de la première neige. C'est toujours beau la première chute de neige et je l'attends avec impatience. On avait prédit que ce serait vendredi soir vers 20 heures et j'ai attendu jusqu'à 23 heures...mais pas de flocons en vue. Finalement le lendemain matin, il y avait une petite couche et la neige tombait vraiment... de quoi coller son visage à la fenêtre et admirer... alors décembre, la neige et Noël qui approche...on ne peut pas en demander plus.
Surtout samedi, c'était la fameuse « Christmas parade » ici, ce défilé où les commerçants profitent de faire de la pub, mais aussi le Samu, et les pompiers avec leurs camions et leurs sirènes, sans mentionner les restaurants mexicains du coin où les serveurs s'habillent en costumes folkloriques, la Miss de beauté qui passe en décapotable même quand il fait froid, quelques fanfares d'écoles, l'armée du salut qui agite sa cloche et quelquefois des crèches sur roue mises en place par des églises locales où des fidèles chantent des cantiques de Noël... chaque groupe jette des bonbons ( quelquefois d'autres choses) que petits et grands se précipitent de ramasser...et le défilé se termine avec l'inévitable Santa Claus sur son attelage avec Madame Santa Claus pour être politiquement correct...
Évidemment, ce défilé est plus ou moins long, plus ou moins élaboré, plus ou moins impressionnant selon la taille de la ville où il se produit et on peut voir à la télévision des défilés qui coûtent la peau des …...mais ici dans la petite ville d'à côté, c'était beaucoup plus modeste, sans grande prétention, un peu décalé et on a eu le droit à de la neige.... ! (sauf que nous, cette année on s'est dégonflé et on est resté bien au chaud alors les photos prises étaient par la jeune génération....)

Pendant ce temps là en France, c'était les funérailles de Johnny Halliday, le blitz médiatique qui continuait et les catholiques se réjouissaient de cette messe où se pressait la foule ce qui était l'occasion pour certains d'entre eux de se dire que la France était quand même bien catholique....On se rassure comme on peut... Des analyses sur l'événement, il y en aura plein du style un peu condescendant de la « ferveur populaire »alors je les laisse s'en donner à cœur joie.
Je poursuis avec mon émerveillement sur la première neige. Le lendemain, dimanche on a eu droit à une beau ciel bleu et un paysage féerique de sapins et de champs recouverts de neige. Et pour ajouter à l'effet carte postale, on a croisé sur la route les carrioles tirées par un cheval des chrétiens cousins germains des Amish qui allaient à leur culte du dimanche : chevaux noirs, carrioles noires, hommes au chapeau noir et femmes aux coiffes noires emmitouflés.que l'on apercevait par les fenêtres et que l'on salue de la main au passage... galopant sur la neige étincelante de la route....Alors voilà une photo sur un site touristique (qu'on n'a pas prise d'ailleurs : notre région est beaucoup plus vallonnée que ça !)

C'est là que moi j'ai plutôt une mentalité touriste avide d'exotisme envers ces gens que les «étrangers »veulent photographier, ce qui énerve mon mari qui a grandi à côté d'eux et les a eus comme voisins et n'aime pas qu'il soient l'objet de voyeurisme. Pour moi, ils ont quand même un attrait particulier même si je sais qu'il n'y pas de société idyllique surtout quand un de nos enfants a épousé quelqu'un originaire de ces communautés. Comme pour les femmes voilées, l'habillement peut être un obstacle pour les voir comme des gens ordinaires, surtout venant d'une culture française où l'on est particulièrement attentif à la manière dont les gens s'habillent...d'où le fait que la question du voile fasse tellement polémique.
En tout cas, il m'a fallu apprendre à regarder au-delà de l'apparence pour réaliser que ce qu'ils peuvent porter ne les définissent pas : ce sont des gens ordinaires, ni meilleurs ni pires que les autres, ni plus heureux ni plus malheureux et ce n'est que quand on ne note plus comment une personne est habillée que c'est finalement gagné. Mais c'est vrai, que c'est difficile d'aller au-delà de certaines tenues et je me souviens de cette femme qui portait la burqa ( ce qui n'était pas commun à l'époque) quand je me trouvais dans un coin perdu de la Somalie et qui m'avait semblé tellement hostile jusqu'au moment ou à ma grande surprise, elle s'est approchée de moi, m'a embrassée sur les deux joues et était tellement l'air tellement heureuse de me voir...C'est dommage mais j'ai oublié son nom...
Dans cette même veine, me vient à l'esprit ce livre extraordinaire de l'auteur japonais Kobo Abe dans son roman « le visage d'un autre » l'histoire d'un homme dont le visage a été brûlé et qui porte un masque fait du visage d'un autre et montre comment notre identité est liée à notre apparence physique....j'avais été profondément troublée quand je l'avais lu à cause de sa beauté et aussi des questionnements qu'il suscite, un livre à relire dont je ne peux certainement pas rendre compte en quelques phrases...
En fait, ne pas juger les gens sur l'apparence, n'est jamais un acquis et c'est une leçon que j'ai toujours besoin de réapprendre. Une des promesses qui nous est faite sur Jésus, c'est justement qu'il aura cette capacité à ne pas juger sur l'apparence: « Il respirera la crainte de l'Éternel; Il ne jugera point sur l'apparence, Il ne prononcera point sur un ouï-dire.Mais il jugera les pauvres avec équité, Et il prononcera avec droiture sur les malheureux de la terre.... (Ésaïe 11:3-4)
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J'en reviens à l'émerveillement et au fait que le livre que j'ai cité dans ma chronique précédente de l'auteur Abraham J Escher soit l'occasion d'un véritable émerveillement pour moi ...surtout quand il fait de l'émerveillement un des piliers de sa théologie. Il a tout un chapitre sur ce thème là et j'aurai vraiment envie de citer des paragraphes entiers ...parmi toutes ses belles formules, je ne sais laquelle choisir...
« Plus que le doute, l'émerveillement est la source de toute connaissance...La conscience du divin commence dans l'émerveillement... Ce qui nous manque n'est pas une volonté de croire mais une volonté de s'émerveiller... »,
Il cite ces mots du livre de Job : « Job, sois attentif à ces choses! Considère encore les merveilles de Dieu! » Job 37:14
S'émerveiller, c'est tout un programme !
Aide-moi Seigneur à retrouver ce sens de l'émerveillement !