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11 novembre: matin pluvieux

11 novembre: matin pluvieux

le 11 novembre 2020,

 

 

(On continue à vivre dans l’inimaginable dans un espèce de limbo...toujours pas d’admission d’avoir perdu les élections de la part du président...ça commence à être pénible….en France, la pandémie continue...heureusement pas d’attentats à déplorer. On est le 11 novembre des deux côtés de l’Atlantique mais on ne fête plus la même chose...C’est bien l’armistice en France que l’on commémore, mais avec l’encensement de l’armée depuis quelques années, ici on célèbre les anciens combattants...l’armistice, la paix elles sont passées à la trappe..)

 

Marc 8 : 12-21

 

Le Jésus énervé

 

 

 

 Jésus, soupirant profondément en son esprit, dit: Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe? Je vous le dis en vérité, il ne sera point donné de signe à cette génération.

 

Puis il les quitta, et remonta dans la barque, pour passer sur l'autre bord

 

Les disciples avaient oublié de prendre des pains; ils n'en avaient qu'un seul avec eux dans la barque.

 

Jésus leur fit cette recommandation: Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et du levain d'Hérode.

 

Les disciples raisonnaient entre eux, et disaient: C'est parce que nous n'avons pas de pains.

 

Jésus, l'ayant connu, leur dit: Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n'avez pas de pains? Etes-vous encore sans intelligence, et ne comprenez-vous pas?

 

Avez-vous le cœur endurci? Ayant des yeux, ne voyez-vous pas? Ayant des oreilles, n'entendez-vous pas? Et n'avez-vous point de mémoire?

 

Quand j'ai rompu les cinq pains pour les cinq mille hommes, combien de paniers pleins de morceaux avez-vous emportés? Douze, lui répondirent-ils.

 

Et quand j'ai rompu les sept pains pour les quatre mille hommes, combien de corbeilles pleines de morceaux avez-vous emportées? Sept, répondirent-ils.

 

Et il leur dit: Ne comprenez-vous pas encore?

 

 

Après avoir vu un Jésus excédé envers les pharisiens qui traitent ses miracles comme des tours de magie et lui demande de leur offrir un spectacle à sensations, on le retrouve avec ses disciples dans l’intimité particulière qu’est celle de la barque, un lieu protégé où il peut s’exprimer en toute liberté, loin des foules mais aussi de ses détracteurs. On dirait en jargon journalistique, il s’exprime « off the record » ou officieusement, ou encore en privé tenant des propos qui ne seront pas « rapportés » .

 

Sauf que...quand il s’agit de Jésus, il n’y a rien qu’il soit tabou de rapporter et je m’étonne quand même de la candeur du narrateur qui nous présente de nouveau un Jésus énervé…Ça ne semble plus un trait passager de sa personnalité surtout quand il se lance dans toute une diatribe envers les disciples qui n’ont pas compris ce qu'il voulait leur dire….

 

(en parlant avec mon mari qui lui a été élevé dans un milieu protestant/évangélique, au contraire de moi élevée dans un milieu catholique, ce trait de caractère ne le choque pas du tout alors que moi, il me gêne...est-ce par qu’il est homme et moi je suis femme ou la différence vient-elle d’un regard protestant versus un regard catholique...je me le demande. Pour autant il ne nie pas la divinité de Jésus…)

 

 

Le qui-pro-quo

 

 

 

Même si on n'est jamais sûr qu'il y ait une véritable continuité temporelle dans le récit de Marc, on peut imaginer que dans la barque, Jésus continue à penser à son échange avec les pharisiens qui lui ont demandé un signe et que cet échange est source de préoccupation car il montre une incompréhension totale de son ministère et représente un danger pour ses disciples. Voir en Jésus quelqu’un qui devrait être prêt à faire des miracles pour satisfaire un désir du sensationnel mais aussi une démonstration de puissance est une tentation sérieuse.

 

Jésus leur fit cette recommandation: Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et du levain d'Hérode.

 

La mise en garde de Jésus en utilisant l’image du levain, montre qu'il s'agit d'un danger qui n'est pas apparent au premier abord mais vient d’intentions et d’insinuations, cachées, enfouies, qui se mélangent à la pâte sans qu’on se rende compte à quel point elles sont nocives... quand peu à peu toute une communauté s'en retrouve infectée.. C’est le coté pernicieux, indétectable qui le rend si dangereux. Pourquoi demander des signes entrerait dans cette catégorie?

 

L’exemple qui me vient à l’esprit c’est un type de théologie qui aurait besoin de miracles constants pour attester du pouvoir de Dieu et dont l'absence serait une marque d'impuissance. Un peu comme un évangile de la réussite et de la prospérité qui sous prétexte que Dieu a le pouvoir de faire des miracles, assure que tout revers ne peut être qu'un contre témoignage et le résultat d'un manque de foi.

 

(Certains prédicateurs garantissent à leurs adeptes des guérisons au nom de Dieu et quand ils ne se produisent pas,  ils décrédibilisent son pouvoir et plus grave encore, ils accablent celui qui n’est pas guéri ou n’obtient pas ce qu’il désire en l’accusant d’un manque de foi)

 

Mais les disciples ont la tête ailleurs, à des besoins plus prosaïques et plus immédiats. Une fois dans la barque, ils se rendent compte qu’ils ont oublié de prendre suffisamment de nourriture  : ils n’ont qu’un seul pain!  Ils imaginent donc que ce que Jésus dit est un reproche à leur égard.  Ce qui me rappelle à quel point,quand on se sent coupable et on croit avoir commis une faute, on interprète ce que disent les autres à la lumière de nos sentiments de culpabilité. On croit que tout le monde nous reproche un manque que nous, en réalité nous nous reprochons...

 

Mais Jésus ne leur reproche pas du tout d’avoir oublié des pains il s’étonne de leur préoccupation : comment pouvez être préoccupé de ne pas avoir assez à manger, quand vous savez ou devriez savoir que je peux pourvoir à vos besoins...Ne vous souvenez-vous donc pas que……. ?

 

Et effectivement, ça semble énorme... car on a tendance à penser que si on avait été là avec Jésus, on aurait cru plus facilement!  Mais c’est une illusion.. .Finalement, comme on a eu l’occasion de le dire auparavant, les miracles ça ne convainc personne de quoi que ce soit, même pas les disciples…

 

 

 

Croire n’est pas facile même quand ça nous pend au nez...

 

Comme je ne peux pas prétendre m’identifier à Jésus ce sont dans les réactions des pharisiens et dans celles des disciples que je me reconnais…

 

 

D’abord, demander un signe…, demander un miracle pour prouver que Dieu existe aux autres, ou pour prouver qu’on a raison, que notre théologie est la bonne ou que sais-je encore ….pour satisfaire notre goût du spectaculaire que l’on veut mettre soit disant au service de l’évangile quand c’est à notre service... ...c’est ce qu’exprime le feu Henri Nouwen dans sa candeur caractéristique...

 

« quelquefois, je me rends compte que je suis déçu parce que je veux entendre parler d’histoires extraordinaires et impressionnantes, du style de celles qui font la Une des journaux pour en discuter avec des amis Mais il (Dieu) ne répond jamais à mon goût pour le spectaculaire Il continue à me dire : j’ai vu quelque chose de très petit et de très beau… »

 

 

La deuxième chose, c’est le « souvenez-vous » de Jésus...Le reproche qu’il fait aux disciples c’est qu’ils ne lui fassent pas confiance pour leurs besoins matériels alors qu’ils ont été témoins de deux miracles de multiplication des pains...Il les oblige à se souvenir en leur posant des questions sur des détails de l’événement…et leur demandant à y répondre, l’air de dire : mais vous étiez bien là , vous avez bien vu !

 

On ne voit pas quelquefois ce qui est juste sous nos yeux...et on peut peut être ne pas reprocher aux disciples de ne pas croire en Jésus, du fait même qu’ils vivaient avec lui tous les jours… .et qu’il ne portait pas d auréole, et avait  l’air »de quelqu’un d’ordinaire, d’un homme comme les autres, même si de temps en temps, il faisait des choses assez extraordinaires... c’est ça le génie de cet évangile, c’est de nous faire vivre les incertitudes et les questionnements que les disciples ont eu alors qu’ils marchaient à ses côtés dans la réalité du quotidien..,

 

Mais que l’on ait été les disciples qui ont vu de leurs yeux de chair les miracles qu’il a fait ou que ce soit maintenant plus de 2000 ans après sa mort et résurrection quand il a fait toutes ses preuves... il semble que quand il s’agit de miracles, on oublie et on est insatiable… On prie, Dieu répond à nos prières et nous permet de vivre des expériences miraculeuses mais le lendemain on se remet à paniquer quand on a à affronter une nouvelle crise…..

 

Alors il faut rappeler que bien avant la venue de Jésus les écritures demandaient au peuple juif de constamment se rappeler des miracles que l’Éternel avait fait pour eux

 

Mon âme, bénis l'Éternel, et n'oublie aucun de ses bienfaits ! C'est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies ; c'est lui qui délivre ta vie de la fosse, qui te couronne de bonté et de miséricorde c'est lui qui rassasie de biens ta vieillesse, qui te fait rajeunir comme l'aigle. (psaume103)

 

 

Une bonne piqûre de rappel!

 

 

(Mais Jésus, lui qui était-il pour que ces disciples puissent croire en lui ?)

 

 

 

Tag(s) : #Etude de l'évangile de Marc
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