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Le 19 novembre, 20 heures.

Le 19 novembre, 20 heures.

le 18/20 novembre 2020

 

Journées avec des couchers de soleil, magnifiques

 

Marc 8 : 27:33

 

Jésus s'en alla, avec ses disciples, dans les villages de Césarée de Philippe, et il leur posa en chemin cette question: Qui dit-on que je suis?

 

Ils répondirent: Jean Baptiste; les autres, Élie, les autres, l'un des prophètes.

 

Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis? Pierre lui répondit: Tu es le Christ.

 

Jésus leur recommanda sévèrement de ne dire cela de lui à personne.

 

Alors il commença à leur apprendre qu'il fallait que le Fils de l'homme souffrît beaucoup, qu'il fût rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu'il fût mis à mort, et qu'il ressuscitât trois jours après.

 

Il leur disait ces choses ouvertement. Et Pierre, l'ayant pris à part, se mit à le reprendre.

 

Mais Jésus, se retournant et regardant ses disciples, réprimanda Pierre, et dit: Arrière de moi, Satan! car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n'as que des pensées humaines.

 

 

 

On en arrive maintenant aux choses sérieuses… tout à coup, le monde bascule : on commençait à s’habituer à une certaine prévisibilité du récit : polémique avec des pharisiens hostiles, explications pour des disciples durs d’oreille, guérisons, expulsion de démons, multiplication de pains et la foule...la foule qui vient de tous cotés et qui presse Jésus et les disciples…

 

 

 

Et vous qui dites-vous que je suis?

 

 

En lisant ce passage j’ai l’impression d’entrer en terre sacrée… cette question, et vous qui dites vous qui je suis ? est tellement centrale à tout l’évangile, que je ne peux que l’aborder avec un immense respect, en avançant sur la pointe des pieds.

 

Pourtant, elle arrive comme ça, sans introduction, sans coup de tonnerre annonciateur, sans crier gare...

 

«En chemin » précise le texte…

 

Pas assis confortablement à la fin d’un repas, pas au cours d’un sermon prononcé sur le versant d’une colline, mais en route avec ses disciples...

 

 

 

Jésus s'en alla, avec ses disciples, dans les villages de Césarée de Philippe, et il leur posa en chemin cette question: Qui dit-on que je suis?

 


 

La question n’est pas étonnante, humainement parlant...le rapport de Jésus avec les gens n’était pas le même que celui des disciples, qui étaient au milieu de la foule ou qui en tout cas essayaient de faire barrière entre elle et lui. En l’absence de Jésus, ils entendraient discuter très naturellement de cet homme devenu populaire et que tout le monde voulait approcher, peut-être que même, certains leur auraient demandé plus de détails sur sa personne pour se faire une idée de qui il pouvait bien être.


 

Ils répondirent: Jean Baptiste; les autres, Élie, les autres, l'un des prophètes.


 

Les réponses données sont en accord avec ce qui a été dit, précédemment à savoir qu’Hérode croyait que Jésus était le Jean Baptiste qu’il avait fait décapiter et était « revenu ». Le nom d’Élie montre le très grand respect que Jésus avait acquis auprès des foules, étant donné qu’Élie était un prophète profondément révéré où dans le livre des chroniques il est raconté qu’il n’est pas mort mais a été emporté dans les cieux.. mais aussi dans le livre de Malachi, où il est dit qu’il reviendrait avant la venue du Messie.

 

Le fait donc que Jésus était un prophète était une évidence pour tous mais en plus qu’on voyait en lui, un prophète d’antan montre bien que les gens qui gravitaient autour de lui, lui reconnaissaient des pouvoirs surnaturels qui le mettait dans une catégorie à part...au-dessus du simple rabbin ou même d’un nouveau prophète qui n aurait pas le prestige, l’aura ou le sceau d’authenticité de ceux mentionnés. En tout cas, l’opinion des foules sur qui était Jésus, était certainement positive contrairement à celle des pharisiens qui remettaient en cause, le fait même qu’il puisse être un envoyé de Dieu. Mais qu’elles soient positives ne veut pas dire qu’elles soient justes.


 

Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis? Pierre lui répondit: Tu es le Christ.

Jésus leur recommanda sévèrement de ne dire cela de lui à personne.


 

Le qu’en dira-t-on, ou qu’en dit-on, les rumeurs, qu’est-ce qu’on dit autour de vous, qu’est-ce que les médias rapportent, ou les réseaux sociaux...on se cache derrière les opinions des autres, experts vrais ou faux, pour éviter de dire ce que l’on pense, pour ne pas se mouiller, prendre ses responsabilités, pour ne pas s’engager, prendre ses distances, rester en spectateur…


 

Mais les disciples ne sont pas des spectateurs qui regardent Jésus de loin, ils sont « en chemin » à ses côtés et sa question est comme un deuxième appel, en quelque sorte la question de savoir pourquoi, ils continuent à le suivre, quelle est leur motivation…


 

Jésus ne leur laisse pas le choix : il les oblige à se définir en leur adressant une question directe et personnelle à laquelle ils sont obligés de répondre… Pourtant, il ne suggère pas une réponse...Il ne leur demande pas s’ils croient qu’il est le Messie…Il leur pose une question ouverte.


 

Et la réponse de Pierre ne se fait pas attendre


 

Tu es le Christ


 

La réponse est claire mais succincte : ce n’est pas une réponse de catégorie philosophique ou théologique, tu es le Christ ( Kristos est la traduction grecque du mot Messie qui vient de l’hébreu), tu es celui qu’on attend, celui qui es venu pour remplir toutes les promesses de Dieu, pas un prophète quelconque, L’Envoyé de Dieu, écrit en lettres majuscules. En bon juif, Pierre donne une réponse qui se suffit à elle-même. Tout le monde sait ce que ça veut dire. La promesse de la venue du Messie faite au peuple juif à travers les âges, est fondamentale et elle est décrite en des termes idylliques dans les écritures...On en citera un des plus connus d’Isaïe


 

Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur

qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs.[...]

Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira.[. . .]

Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main.

Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer [. . .]


 


 

 Oui je suis le Messie, mais tu te trompes , je ne suis pas celui que tu crois

 

 

Et c’est là la surprise, non pas qu’il leur demande de ne le dire à personne mais que tout de suite après, Jésus rectifie le tir, « oui je suis le Messie, mais tu te trompes , je ne suis pas celui que tu crois… je ne suis pas le Messie que tu imagines….je ne serai pas le triomphant… je vais souffrir d’abord...je vais être condamné à mort par ces gens avec lesquels je polémique tout le temps : finalement,je vais perdre et ils vont gagner...ils vont avoir le dessus…


 

Alors il commença à leur apprendre qu'il fallait que le Fils de l'homme souffrît beaucoup, qu'il fût rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu'il fût mis à mort, et qu'il ressuscitât trois jours après.

Il leur disait ces choses ouvertement. Et Pierre, l'ayant pris à part, se mit à le reprendre.


 

La réaction de Pierre ne se fait pas attendre, sa déception n’en est que naturelle : non ce n’est pas possible, si tu es le messie tu vas triompher, tu vas toujours gagner et nous avec toi ! Le fait que Jésus mentionne qu’il va ressusciter ne l’impressionne pas du tout ou en tout cas il ne réagit pas à cette victoire sur la mort, tellement la possibilité pour Jésus de perdre est choquante… Il n’est pas possible que Pierre lui se soit trompé, que Jésus ne soit pas le Messie qu’il attendait, celui qui jusqu’à présent gagnait tous ses matchs contre les pharisiens, qui expulsait les démons et guérissait les malades, qui calmait les tempêtes, le Jésus populaire que tout le monde voulait connaître et dont tout le monde voulait s’approcher…Une autre réaction que celle-là n’aurait pas été normale ou authentique étant donné le contexte politique et religieux de la Palestine du premier siècle, étant donné le mode de penser et de croire des juifs de l’époque…


 

Par contre, la réaction de Jésus, et sa virulence, elle, elle est déconcertante  au premier abord:


 

Mais Jésus, se retournant et regardant ses disciples, réprimanda Pierre, et dit: Arrière de moi, Satan! car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n'as que des pensées humaines.


 

Mais en fin de compte, on a envie de dire « touché ». On peut très bien penser que la réaction de Jésus montre qu’il n’a pas du tout envie de souffrir, qu’il ne se réjouit pas à l’idée de ce qui va lui arriver. Éviter la souffrance et la mort, c’est une vraie tentation, que la réaction de Pierre lui fait miroiter et qui est tellement attrayante qu’il doit s’en défendre à corps défendant. Il n’est pas étonnant que c’est la voix de Satan qu’il reconnaît dans cette suggestion … Jésus réagit comme il se doit face à un danger si grand. Confronté à son propre désir, Jésus ne fais pas les choses à moitié : il rejette la suggestion de toutes ses forces.


 

* * *


 

Et vous qui dites-vous que je suis?

 

 

Évidemment, l’historicité de ce passage a été remis en cause comme il s’agit d’une question aussi centrale que celle que pose Jésus : qui dites vous que je suis ? Toute la foi chrétienne dépend de la réponse que l’on fait à cette question là. Malheureusement, au lieu d’être posée comme une question existentielle, elle est trop souvent posée comme une question théologique, ce qu’elle n’était pas. C’était une question posée en chemin...pas une question statique à décortiquer. Et la réponse de Pierre était un cri du cœur !

 

La question du Jésus, fils de Dieu, pour Pierre, ne se posait pas dans les termes du dogme de la Trinité quand l’évangile a été écrit, et encore moins quand Jésus l’a faite. Devenue plus tard un objet de supputations théologiques sur la divinité de Jésus elle fausse notre regard sur ce passage et on croit y trouver un enjeu qui n’y est pas. Quand on l’aborde sous cette angle, elle nous empêche d’y répondre sincèrement et personnellement, autrement on ne voit pas pourquoi on devrait douter de son historicité surtout avec l’échange difficile entre Jésus et Pierre qui s’en suit.

 

La question aujourd’hui est simple et toujours la même : qui est-ce que tu crois que je suis ? Un sage, un homme bien, un maître à penser et à vivre, un guérisseur, un gourou, un bouddha, un prophète ( les identités que l’on donne à Jésus sont multiples aujourd’hui, des vies de Jésus, il y en a plein les rayons des librairies) ou est-ce que tu crois comme Pierre que Je suis Celui-Là, Le Seul, en qui tu peux mettre toute ta confiance, celui que ton cœur désire et qui peut répondre à toutes tes attentes, le Messie, l’Envoyé de Dieu ?


 

 

Oui je suis le Messie, mais pourtant tu te trompes , je ne suis pas celui que tu crois.

 

 

D’un côté, Jésus est celui qu’on attend, mais pour autant il n’est pas une projection de nos désirs, il n’est pas façonné à notre image, il n’est pas notre créature, il ne nous appartient pas. Jésus nous prévient tout de suite, pour que nous ne nous enthousiasmons pas trop vite, qu’il n’est pas le héros auquel nous aspirons, celui qui gagne toujours et qui ressort indemne de ses confrontations avec l’ennemi. L’idée de la gloire que vous voulons lui donner, des victoires que nous voulons qu’il gagne, ne sont pas les siennes : elles passent par la souffrance. Et une fois posée ce rectificatif important, sur le qui il est vraiment, viendra la question de si l’on veut dans ces conditions, faire chemin avec lui.

 

Mais ça, ce sera pour une autre fois...

(Les douze coups de minuit ont déjà sonné depuis longtemps!)


 


 


 


 


 


 

Tag(s) : #Etude de l'évangile de Marc
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