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Nazareth-peinture-David Roberts

Nazareth-peinture-David Roberts

Le 3 juillet...Virginie, USA

 

Le retour au pays ( pas pour moi en tout cas)

 

(Les vacances? En France peut-être...., ici , c'est la veille de la fête nationale, demain 4 juillet..avec les cas de Coronavirus en hausse, ça va pas être triste; en tout cas il y aura des feux d'artifices ce soir)

 

On arrive au chapitre 6... même si ça ne veut pas dire grand chose ...par contre la coupure avec le récit précédent est évidente : pas d'indication de temps précise mais on change de lieu et Jésus maintenant n'est pas n'importe où, il est de retour "chez lui" sans que le chez lui ne soit nommé expressément ( Nazareth, disent certains) . Comme d'habitude pas d'explication pour la raison de son retour  (mais on n'en a pas besoin) la seule mention est  que les disciples sont venus avec lui.


 Jésus partit de là, et se rendit dans sa patrie. Ses disciples le suivirent.

Quand le sabbat fut venu, il se mit à enseigner dans la synagogue. Beaucoup de gens qui l'entendirent étaient étonnés et disaient: D'où lui viennent ces choses? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et comment de tels miracles se font-ils par ses mains?

N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon? et ses soeurs ne sont-elles pas ici parmi nous? Et il était pour eux une occasion de chute.

Mais Jésus leur dit: Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents, et dans sa maison.

Il ne put faire là aucun miracle, si ce n'est qu'il imposa les mains à quelques malades et les guérit.

Et il s'étonnait de leur incrédulité.

 

On ne sait pas quand il est arrivé sauf que le jour du sabbat, il se rend à la synagoge et il est facile d'imaginer que beaucoup seraient venus pour savoir ce qu'il allait dire et ce qu'il allait faire car certainement sa réputation l'avait précédé.. en tout cas si l'on en croit les chapitres précédents où l'on nous raconte que sa mère et ses frères étaient venus le chercher préoccupés par ce qu'ils avaient entendu dire de lui. "Les parents de Jésus, ayant appris ce qui se passait, vinrent pour se saisir de lui; car ils disaient: Il est hors de sens" (3:21) Les gens qui le connaissaient auraient été curieux de le voir et l'écouter et seraient venus en grand nombre mais.... ça le texte ne le dit pas  

En tout cas leur réaction d' étonnement mais aussi de rejet me semble tout à fait naturelle..

 

( Pour quelqu'un comme moi qui ait fait des retours au pays ... il m'est facile d'imaginer les commentaires suscités par l'envie ou la jalousie face au fils du pays qui revient auréolé de sa réussite avec son fan club, les disciples! Commentaires du style... mais pour qui il se prend celui-là? il prend des grands airs...ici il ne peut pas la ramener, on sait exactement qui il est...un simple charpentier...)


N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon? et ses soeurs ne sont-elles pas ici parmi nous? Et il était pour eux une occasion de chute.

 

(Certaines variations disent, fils du charpentier)

 

Alors si le nom de la ville n'est pas donné par contre le nom de sa mère et de ses frères le sont (pas du père .... il est totalement absent chez Marc...ni de ses soeurs.. les frères sont-ils nommés parce qu'ils auront  un rôle plus tard dans les communautés naissantes et qu'ils auraient été connus de l'audience?)  En tout cas évidemment si l'on croit en la virginité perpétuelle de Marie ( qu'elle est restée vierge après  la naissance de Jésus ce qu'enseignent les églises orthodoxes et catholiques) on va mentionner que les termes de frères et soeurs peuvent se comprendre en termes de cousins....mais étant donné que Marc ne parle même pas de la naissance virginale de Jésus, à l'époque où cet évangile a été écrit, la question n'aurait ni fait polémique, ni retenu l'attention des auditeurs

 

Le Jésus historique?

 

En plus d'être naturelle la réaction de ceux qui ont vu grandir  Jésus nous rappelle son existence réelle et  leur regard sceptique et intrigué nous permet d'entrevoir le visage du Jésus "dit historique", en quelque sorte... un homme plus qu' ordinaire, identifié comme fils de...ou frère de ... originaire de... qui n'est ni une figure mythique ni un super héros. Après tous ces événements miraculeux avec lesquels il est associé dans les épisodes précédents,  tout à coup on voit un Jésus d'avant le baptême, dépouillé de ses atours d'homme qui fait des miracles... le vrai Jésus?

Et c'est là toute l'ambiguïté et la difficulté de la recherche du Jésus dit "historique", car certainement les foules qui l'accompagnaient et qui l'adulaient qui le voyaient guérir, faire des miracles et chasser démons, étaient aussi ancrées dans le réel  que ceux qui l'avaient vu grandir et leur regard sur Jésus n'était pas moins valide ou "historique" ... et  c'est ce paradoxe que ce texte met en évidence, celui des deux Jésus qui ont coexisté historiquement parlant (et non l'un après l'autre ), le fils du pays et cet autre que l'Esprit de Dieu  a nommé "le fils bien aime" qui revient avec une sagesse hors norme et le don de guérir les malades...

 

Alors lequel était vraiment le Jésus historique? Celui de Nazareth ou celui qui a ete baptise par Jean et apres st arti  mission entouré de disciples?  C'est l'incapacité même de ses contemporains de s'accorder sur la réponse qui fait que cette recherche du Jésus "historique" est vaine et en ce sens l'exégèse actuelle qui a botté en touche la question a raison...quand il s'agit de l'identité de Jésus... la réponse ne dépend pas de faits historiques vérifiés ou vérifiables (après 2000 il y en a peu) mais finalement du regard que l'on porte sur lui...

 

Foi et miracle

 

Il y a deux autres affirmations dans ce texte qui me p Tosent question...La première est que Jésus soit étonné de leur incrédulité...elle me pose question, non pas parce-que je pense qu'elle mette en doute la question de la divinité de Jésus ...parce que personnellement parlant, ca ne m'étonne pas...et je me demande si la mention de son étonnement pourrait exprimer de la tristesse et de la déception, en voyant ce rejet de ceux qui lui sont proches d'où pour se consoler ou pour répondre à sa question.. il se souvient de l'histoire des prophètes et fait cette remarque devenue maintenant un proverbe ( il y a discussion pour savoir s'il en est à l'origine ou s'il le cite...)

 

Mais Jésus leur dit: Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents, et dans sa maison.

 

La deuxième affirmation du texte qui m'interroge c'est le lien qui est fait entre l'absence de miracle et l'incrédulité des habitants.

 

"Il ne put faire là aucun miracle, si ce n'est qu'il imposa les mains à quelques malades et les guérit"

 

Dans les chapitres précédents les miracles de Jésus ne semblaient pas conditionnés à la foi des gens mais étaient présentés comme un acte souverain de sa part comme quand il calme la tempête alors que les disciples eux sont complètement affolés et pensent qu'ils vont couler....  L'importance de la foi apparaît dans  les deux derniers récits de guérison, mais plus spécialement dans l'histoire de "l'intouchable" , où le miracle s'est passé  à l'insu même de Jésus  comme si cette femme avait forcé le miracle donnant l'impression que c'était la foi qui était toute puissante ou première... Aurait-on la même proposition  mais inversée: pas de foi donc pas de miracle?

 

(Ou tout simplement est-ce qu' il y a eu moins de guérisons parce que contrairement aux autres endroits, on n'est pas venu chercher Jesus pour guerir  des malades et chasser les démons car on ne croyait pas en sa puissance et son autorité?)

 

En tout cas la corrélation  trop étroite foi-miracle me gène et revêt  un caractère problématique quand on l'applique comme un principe universel...parce que j'ai entendu trop de personnes utiliser cette déclaration pour culpabiliser ceux qui ne sont pas guéris par la prière  leur reprochant leur manque de foi, ce qui fait que c'est une peine double qu'on leur inflige, non seulement celle d'être malade mais celle d'être de mauvais chrétiens... C'est tellement dommage de voir comment cette bonne nouvelle de Jésus se transforme très vite en une mauvaise nouvelle quand elle est en de mauvaises mains...Il vaut mieux laisser le récit tel qu'il est présenté avec ses questions plutôt que de vouloir à tout prix en déduire des principes universels que l'on pourrait appliquer en tout temps et en tout lieu en créant un autre type de légalisme aussi dangereux que celui que Jésus a dénoncé...

 

En ce qui me concerne, ce retour au pays de Jésus, me touche beaucoup: retourner chez soi après des années d'absence et se faire dire qu'on y a plus sa place par les siens est une expérience difficile  (surtout quand ils ne veulent pas entendre parler de ce qu'on a découvert et vécu  et qu'on voudrait partager....comme s'ils avaient peur que ce qu'on dirait les remettrai en cause ou nous donnerait une ascendance sur eux)

 

Pour cette raison, c'est un épisode dont je n'ai pas de raison de douter l'authenticité, tellement il sonne juste ...et en plus... sa lecture a été une belle occasion de consolation que je n'attendais pas...


 

 

Tag(s) : #Etude de l'évangile de Marc
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